Fumat Y. « Contraintes, conflits, violence à l'école », Revue Française de pédagogie, n° 118, janvier-février-mars 1997.
Dubet F. « Les figures de la violence à l'école », Revue française de pédagogie, n°123, avril-mai-juin 1998.
La violence à l'école est un thème récurrent dans le monde de l'éducation. Yveline Fumat, dans son article Contraintes, conflits, violence à l'école, et François Dubet, dans Les figures de la violence à l'école, deux articles parus dans la Revue française de pédagogie, se sont attachés à en découvrir les causes et à en expliquer l'apparition. Comme nous le verrons, ces deux articles, adoptant deux approches différentes de la violence, se recoupent et se complètent.
[...] Tous les conflits ne sont pas violents. À quel moment le deviennent-ils ? Dans une première partie, Yveline Fumat s'attache à comprendre les liens entre contrainte et violence. Elle y rappelle d'abord le fait que l'école obligatoire, si elle est vue comme un grand progrès historique dans les sociétés développées où les Savoirs prennent une importance majeure, est surtout vécue comme une contrainte par les enfants. Cette contrainte est triple : l'école obligatoire prive les enfants de liberté, leur impose un mode de comportement nouveau, ainsi qu'un certain contenu culturel. [...]
[...] Enfin, du fait de leur situation sociale, les enfants et parents ne croient plus en l'école, ce qui affecte la légitimité de l'institution. Le sentiment de condamnation à l'échec pousse certains élèves à la violence. Cette violence sociale déstabilise l'école, qui se trouve face à des problèmes non scolaires qu'elle n'a pas vocation à traiter. Mais certaines violences présentes à l'école ne sont pas des violences sociales ou de simples violences juvéniles. Ce sont des violences anti- scolaires, contre le matériel de l'établissement, contre les enseignants, bref, contre l'Ecole elle-même. [...]
[...] Les différences dans le niveau de langage, la façon de s'exprimer (plus rude dans les milieux populaires que bourgeois), la difficulté pour certains enseignants de comprendre la vie difficile que peuvent avoir leurs élèves peuvent créer des conflits. Le degré de tolérance de la violence varie également selon les enseignants, les enseignants femmes ayant souvent du mal à différencier les vraies violences des contestations plus que les hommes. Le mépris ou l'indifférence de l'enseignant pour ses élèves peut également être source de conflit. En second lieu, il y a les violences, bien plus graves, dirigées contre l'école elle-même, les enseignants, et les élèves qui aiment l'école. [...]
[...] Il s'interroge sur ce phénomène et entreprend alors de comprendre les différentes logiques de cette violence, qui est selon lui notamment issue du fait que l'école se veut aujourd'hui à la fois démocratique et méritocratique. Son approche est plus théorique, prenant notamment appui sur trois paradigmes sociologiques et philosophiques de la violence. Il consacre, contrairement à Yveline Fumat, toute une partie de son article à la proposition de solutions pour endiguer cette violence, solutions basées sur ces trois paradigmes. Les catégorisations opérées par les deux auteurs diffèrent également. [...]
[...] Ces deux paradigmes voient dans la société le moyen de lutter contre la violence naturelle de l'homme. Le troisième paradigme prend le contrepied de ceux-ci : la violence est au contraire considérée comme due à la perversité de la vie sociale qui rend les individus, naturellement bons, méchants. L'individu violent est en quelque sorte une victime de la société. Pour contrer cette violence, il faut donc reconnaitre que l'école exerce une violence, et fonder un ordre scolaire plus démocratique où les sentiments d'injustice pourraient être exprimés. [...]
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