L'échec scolaire devenant de plus en plus insupportable, les zones d'éducation prioritaire (ZEP) ont été créées en 1982 par Alain Savary alors ministre de l'Éducation nationale, rompant ainsi avec l'égalitarisme traditionnel du système éducatif français et introduisant le principe de « discrimination positive ». Ces établissements sont également dotés d'une plus grande autonomie, ils peuvent mener une pédagogie particulièrement adaptée à leur public.
Il s'agit là du premier exemple français qui mêle à la fois une politique de discriminations positives et une territorialisation des politiques éducatives. Quels sont donc les moyens mis en place par l'État pour y parvenir ? Quels sont aujourd'hui les effets de cette politique d'éducation prioritaire ? A-t-elle permis de répondre aux objectifs qu'elle poursuivait ?
[...] Les collèges future ZEP présentent donc des différences de réussite scolaire par rapport aux autres établissements avant même l'obtention du statut prioritaire, et si on ne prend pas en compte ce critère on risque de surestimer l'effet réel des ZEP. Les dimensions qualitatives des ZEP n'ont donc aucun impact sur la réussite scolaire. Néanmoins, les auteurs ne peuvent déterminer quels ont été les projets pédagogiques qui ont obtenu des résultats positifs et ceux qui en ont obtenu des négatifs, puisqu'il y a eu une disparité dans la mise en œuvre des projets éducatifs spécifiques. [...]
[...] Les établissements de ZEP semblent ainsi recevoir une population de plus en plus pauvre, et cela se traduit par les différences de la part des demi-pensionnaires entre ZEP et non-ZEP : 56% des élèves des collèges non-ZEP sont demi-pensionnaires en 1987 contre 25% de ceux des futures ZEP de 1989 et 36% de ceux des ZEP de 1990 (Tableau 3). De plus, la proportion d'élèves venant du privé baisse de manière significative dans les collèges devenant ZEP en 1989. Enfin, un autre critère étudié par les auteurs en tant qu'« indicateur de «qualité scolaire des élèves est le choix de la première langue vivante. Ainsi, les élèves qui choisissent l'allemand ou des langues rares telles que le russe ou le chinois, réputées plus sélectives, sont généralement les élèves les plus favorisés. Les autres choisissent davantage l'anglais ou l'espagnol. [...]
[...] Ainsi, l'étude montre que la mise en place des zones d'éducations prioritaires n'a eu aucun effet significatif sur la réussite des élèves Cette politique ne parvient donc à assurer sa mission que très imparfaitement. Les auteurs estiment que puisqu'elle touche aujourd'hui un cinquième des écoliers et des collégiens, elle semble avoir renoncé à concentrer ses efforts sur les plus démunis, ce qui pourrait partiellement expliquer son inefficacité. Il faudrait donc réduire le nombre de ZEP afin de recentrer les efforts sur les zones les plus fragiles. [...]
[...] R.Bénabou, F.Kramarz et C.Prost, "Zones d'éducation prioritaire : quels moyens pour quels résultats ? Une évaluation sur la période 1982-1992" L'étude qui nous est présentée a été réalisée par Roland Bénabou, Francis Kramarz et Corinne Prost pour l'INSEE, et s'intitule Zones d'éducation prioritaire : quels moyens pour quels résultats ? Elle a été publiée dans le n°380 d'Economie et Statistique, publication économique mensuelle de l'INSEE, de 2004. L'étude porte sur la période 1982-1992 et s'intéresse aux élèves du collège. L'échec scolaire devenant de plus en plus insupportable, les Zones d'éducation prioritaire (ZEP) ont été créées en 1982 par Alain Savary alors ministre de l'Education nationale, rompant ainsi avec l'égalitarisme traditionnel du système éducatif français et introduisant le principe de discrimination positive Puisque certains territoires concentrent des populations fragiles (la population est considérée comme défavorisée selon différents critères sociaux et scolaires laissés à l'appréciation des recteurs d'académie) qui, de manière générale, réussissent plus difficilement leur parcours scolaire que d'autres, l'Etat territorialise son action en donnant des ressources supplémentaires (crédits, postes, heures d'enseignement) à ces secteurs les plus en difficulté et en incitant les établissements scolaires concernés à développer des projets éducatifs. [...]
[...] Enfin, la différenciation des trois vagues de ZEP favorise la prise en compte d'un éventuel effet durée : ainsi il est probable que l'impact sur les élèves d'être dans un établissement qui, en 1990 par exemple, soit classé en ZEP depuis 1982 ou depuis 1989 ne soit pas le même. Les résultats Tout d'abord, les estimations faites par les auteurs montrent des résultats déjà connus sur la réussite scolaire des élèves. Ainsi, la profession des parents importe beaucoup puisque la probabilité d'obtenir un diplôme augmente de 8,03 points (ce qui est significatif) lorsqu'on est fils de cadres et de 9,85 points lorsqu'on est fils d'enseignants par rapport à un fils d'ouvriers qualifiés (Tableau A annexe 2). [...]
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