Anne Cadoret décrit « le passage du social au familial » pour des enfants « de l'Assistance » placés en familles d'accueil dans le Morvan pour de très longue durées et nouant des relations de parenté « comme », « comme une mère », comme un père, un frère, une soeur. Légalement il n'existe pas de parenté « de droit » entre les enfants placés et les familles d'accueil.
Néanmoins, Anne Cadoret a voulu « comprendre la valeur de la parenté qui s'établissait entre les enfants placés et leur famille nourricière » (p9) et montre comment ont pu être reconnus symboliquement ces liens « d'adoption affective ».
Ethnologue, chargée de recherche au CNRS, et faisant partie du Groupe de Recherche et d'Analyse du Social et de la Sociabilité (GRASS), Anne Cadoret publie en 1995 aux éditions l'Harmattan l'étude PARENTE PLURIELLES, Anthropologie du placement familial, enquête ethnologique qui s'étend sur 230 pages et qu'elle a mené depuis 1986 dans le Morvan (région réputée pour ses activités nourricières).
Nous ferons dans ce compte rendu de lecture un état des lieux des notions clefs, et de leurs définitions, que donne Anne Cadoret comme : le lien de parenté, la filiation, et le passage du lien biologique au lien social. Nous poursuivrons en revenant sur les points forts de son enquête en commençant par un historique concernant l'accueil des enfants de l'assistance pour ensuite comprendre les raisons qui poussent à l'accueil, puis le rôle des familles d'accueil pour finir sur les notions de « filiation biologique » et « filiation sociale ».
[...] Cette évolution de la perception de l'enfant, de la nécessité de le protéger physiquement en luttant contre la mortalité infantile et moralement en l'attachant à sa mère, évitant ainsi le placement ou au contraire en le détachant de parents indignes sera résumée superbement par la phrase de Paul Strauss, sénateur et journaliste dévoué à la défense de l'enfance : Il existe deux termes opposés du problème, faciliter et empêcher les abandons et aboutira à la loi de 1964 sur les enfants assistés p52 Le placement familial e rural était préféré pour ses avantages économiques : il coûtait moins cher à l'administration, et la rémunération versée étant moins élevée. L'organisation du service parisien s'est lui mis en place à la fin du XIXème et début du XXème siècle. Les enfants arrivaient dans leur placement munis d'un livret (identité de l'enfant et son parcours) et d'un collier (institué en 1817 : porte son numéro d'arrivée dans la famille et son numéro personnel) mis de manière à ce qu'il ne puisse être enlevé. [...]
[...] [ ] et même lorsqu'il n'y a pas de reconnaissance de cet ordre, la parenté génétique fournit le modèle des relations de parenté fictive ».p129. C'est pourquoi non plus au nom de la filiation mais plutôt de la parentalité, un homme et une femme peuvent se reconnaître parents de certains enfants accueillis. Ainsi, la parenté qui peut s'établir entre les accueillants et les accueillis est purement artificielle, de savoir faire ; elle n'a aucune base juridique, elle ne part de rien et s'élabore peu à peu. [...]
[...] En effet à partir des années soixante l'agriculture demande moins de bras, l'enfant placé devient donc moins réclamé. D'autre part ces enfants occupent une position intermédiaire entre enfants de la famille et enfants étrangers à la famille qui a souvent du mal à parler d'eux comme des enfants qui réussissent et dont ils sont fiers. Pour d'autres après leur départ les relations entre enfant accueillis et famille d'accueil les relations se distendent même rapidement. La convention sur les droits de l'enfant[1] souligne dans plusieurs de ces articles 18 et 19 : La responsabilité d'élever l'enfant incombe au premier chef aux parents ou aux tuteurs, et l'Etat a obligation d'assurer une protection sociale à l'enfant privé de son milieu familial et de veiller à ce qu'il bénéficie d'une protection familiale de remplacement ou d'un placement dans u établissement approprié L'article 8 avait déjà précisé les règles d'identité : l'Etat a obligation de protéger et le cas échéant de rétablir les aspect fondamentaux de l'identité d'un enfant (nationalité, nom, filiation, relations familiales) Mais pour appliquer cette convention des droits de l'enfant encore faut-il reconnaître les subtilités et difficultés de la construction d'une famille de parenté. [...]
[...] Parente Plurielle, anthropologie du placement familial, Anne Cadoret Anne Cadoret décrit le passage du social au familial pour des enfants de l'Assistance placés en familles d'accueil dans le Morvan pour de très longue durées et nouant des relations de parenté comme comme une mère comme un père, un frère, une soeur. Légalement il n'existe pas de parenté de droit entre les enfants placés et les familles d'accueil. Néanmoins, Anne Cadoret a voulu comprendre la valeur de la parenté qui s'établissait entre les enfants placés et leur famille nourricière et montre comment ont pu être reconnus symboliquement ces liens d'adoption affective Ethnologue, chargée de recherche au CNRS, et faisant partie du Groupe de Recherche et d'Analyse du Social et de la Sociabilité (GRASS), Anne Cadoret publie en 1995 aux éditions l'Harmattan l'étude PARENTE PLURIELLES, Anthropologie du placement familial, enquête ethnologique qui s'étend sur 230 pages et qu'elle a mené depuis 1986 dans le Morvan (région réputée pour ses activités nourricières). [...]
[...] Les enfants élevés par d'autres personnes que leurs géniteurs arrivent quelque fois à s'inscrire dans une parenté d'accueil à côté de leur affiliation (reconnue ou non) à leur parenté d'origine. Entre certains enfants et leurs familles nourricières, se construira peu à peu un lien affectif fort, semblable au lien qui peut unir deux germains ou un parent à son enfant. p128. Mais à quel groupe de germains, à quelle fratrie appartiens un enfant placé ? Pour Anne Cadoret le groupe germain se distingue par son aspect involontaire alors que pour les fratries d'accueil ce fait de naissance ne se rencontre pas. [...]
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