Depuis une quinzaine d'années, Paul Durning s'est attaché à analyser l'éducation familiale. L'éducation familiale se fait par le biais des interventions socio-éducatives, qui évoluent et passent progressivement d'une volonté de faire à la place des parents et de se substituer à leur rôle à une volonté de faire avec les parents, de les former et de les soutenir.
La formation des parents a longtemps été taboue et n'a pu être envisagée qu'après une évolution des approches théoriques elles-mêmes. C'est à partir du moment où l'on n'a plus pris uniquement en compte les aspects relationnels et affectifs entre parents et enfants que le champ des perspectives socio-éducatives s'est lui aussi élargi.
La principale limite de cette évolution est la tendance au répressif. Les sanctions à l'égard des parents et le retrait de l'enfant de son milieu avec placement ont tendance à se faire plus rapidement.
[...] À partir de là, la solution du placement laisse place aux interventions spécialisées davantage préventives ou alternatives au placement, à domicile ou en institution. On distingue trois formes d'action sociale qui se développent : - la Protection Maternelle Infantile (PMI) - les Services d'Éducation Spéciale et de Soins à Domicile (SESSAD) et interventions auprès des parents d'un enfant handicapé pour favoriser son maintien en milieu ordinaire - l'Action Educative en Milieu Ouvert (AEMO) pour les dangers qu'un jeune peut encourir dans son environnement ou pour ses conduites délictueuses. [...]
[...] De par ce constat, la situation tend aujourd'hui à s'améliorer. De nombreux débats sont en cours et des recherches établissent le lien à faire entre risque de maltraitance et formes familiales. On cherche ainsi à agir de façon davantage préventive. L'évolution de l'éducation familiale et de la formation des parents ne peut se faire sans prendre en compte les transformations de la vie familiale elle-même : - augmentation de la planification et de la rationalisation des naissances par : - contrôle des naissances et libéralisation de l'avortement - développement de la lutte contre la stérilité - désinstitutionnalisation des relations conjugales par : - augmentation de la fragilité des modèles familiaux - développement des modèles familiaux dits nouveaux Ici aussi, Paul Durning relève un double paradoxe : - bien que les naissances soient davantage contrôlées, les naissances non-désirées concernent plus les femmes des milieux défavorisés et/ou ayant des problèmes psychosociaux - bien que la fragilisation des liens conjugaux et familiaux n'induise pas d'intervention socio-éducative, rares sont les familles prises en charge qui présentent un modèle familial et biparental stable. [...]
[...] Ainsi, il étudie l'évolution de l'éducation familiale depuis la crise de 1974 dont les effets se sont ressentis quelques années plus tard par un taux de chômage très important qui a engendré : - un appauvrissement général de la population et notamment des classes les moins favorisées - des difficultés urbaines, de logement et d'emploi. Parallèlement dans le milieu scolaire, l'augmentation de l'échec massif, des abandons, de la violence favorise aussi ce contexte qui tend à amener, pour chaque jeune, une situation postscolaire de chômage et de rupture entre formation initiale et entrée sur le monde du travail. Ce contexte favorise lui-aussi les interventions socio-éducatives des professionnels de l'action sociale. Pourtant dans toute intervention socio-éducative, le poids de la pauvreté est bien moins pris en compte que les facteurs psychopathologiques. [...]
[...] Malheureusement, on constate deux limites : - il n'y a que trop peu de recherches sur les pratiques d'intervention - les résultats des évaluations de ces pratiques sont souvent trop partiels ou incomplets De ce fait, Paul Durning observe une tendance aux interventions répressives et à la mise en cause de la responsabilité parentale. Aujourd'hui, il y a donc un enjeu important, dans les prises en charge et les interventions socio-éducatives, qui est de ne pas retomber dans la substitution parentale (première forme d'intervention socio-éducative). Les responsabilités éducatives doivent rester propres aux parents, sans que les pratiques professionnelles ne se les approprient. La parentalité est l'importance de l'action des parents. [...]
[...] Aujourd'hui il y a donc une volonté publique de développer les interventions préventives et les actions moins spécialisées pour diminuer le risque de stigmatisation des familles suivies. Pour cela, l'action éducative elle-même doit être modifiée par : - une analyse plus large de la situation : on passe d'un système triangulaire (parents enfants professionnels) à un système plus complexe où on prend on compte le système triangulaire au sein d'un contexte et d'un environnement social. On prend en compte les ressources du groupe familial et de son environnement social, son réseau social ; - une inscription dans le processus de résilience : on s'appuie davantage sur le côté positif d'une situation et non plus sur les problèmes et lacunes parentales. [...]
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