Inflation scolaire, désillusions de la méritocratie, Marie Duru-Bellat, panne de l'ascenseur social, démocratisation du système éducatif français, mérite, justice sociale, éducation, diplôme, fiche de lecture
Alors que nos sociétés modernes et occidentales se réclament de « l'égalité méritocratique des chances » (François Dubet), de nombreux sociologues estiment que « la panne de l'ascenseur social » doit nous conduire à interroger le rôle de l'école, institution scolaire délivrant des diplômes, dans la mobilité sociale et la place qu'elle occupe dans la préparation des individus à la vie active. C'est particulièrement ce à quoi s'intéresse Marie Duru-Bellat, sociologue française, professeur de sociologue à Sciences Po Paris et chercheur à l'OSC-CNRS, dans son livre L'inflation scolaire, les désillusions de la méritocratie publié en 2006. S'inscrivant dans ses nombreuses publications portant sur les inégalités sociales au sein de l'éducation et sur la remise en cause de la démocratisation du système éducatif français, la sociologue entend ici remettre en cause l'adage selon lequel « toujours plus d'école constitue un gage de progrès et de justice sociale » (p.7).
[...] On peut toutefois regretter la critique virulente peut-être trop de l'auteure lorsqu'il s'agit pour elle d'aborder l'école. [...]
[...] Ainsi, si le développement croissant de l'éducation ne semble pas porteur de progrès pire encore d'une dangerosité l'originalité de la démarche proposée ici réside dans le fait que Marie Duru-Bellat entend proposer des alternatives aux problèmes qu'elle soulève. C'est pourquoi ce livre, composé de 4 chapitres et plusieurs sous-chapitres, suit une trame prédéfinie qui permet de dérouler toute l'analyse de la sociologue. I. Résumé : A. Chapitre premier : Les promesses déçues de l'ascenseur social Dans ce chapitre, l'auteur cherche avant tout à montrer en quoi l'école ne peut plus être considérée comme un ascenseur social malgré l'allongement de la durée des études et justement à cause des politiques de scolarité qui redéfinissent la fonction du diplôme dans l'accès aux positions sociales. [...]
[...] Or, ce n'est pas toujours le cas d'où une remise en cause du mérite professionnel qui semble alimenter les situations de déclassement et exacerber les inégalités liées à l'origine sociale. En plus, c'est le marché du travail qui donne une valeur au diplôme et non l'école puisque le rendement des diplômes se fait en fonction de la conjoncture et du nombre de places disponibles Par exemple, les scientifiques sont dotés de savoirs et de compétences à la fois transmises par l'école, mais aussi intrinsèques (le goût à la curiosité), mais qui ne sont pas très rentables aujourd'hui sur le marché du travail puisque la valeur du diplôme n'est pas la valeur du diplômé (p.54), même si certaines entreprises favorisent de plus en plus aujourd'hui des capacités et compétences qui ne sont pas transmises par l'institution scolaire. [...]
[...] Les propositions dans le dernier chapitre de Marie Duru-Bellat sont intéressantes et méritent d'être posées, même si on avait davantage préféré une explication plus détaillée sur les politiques de discrimination positive qui se réclament du principe d'équité sociale. En tout cas, les critiques véhémentes de la sociologue montrent son engagement dans la volonté de proposer des alternatives au modèle scolaire. Ainsi en témoigne son ouvrage, en collaboration avec son ami François Dubet propositions pour changer l'école (2015). Conclusion : Dans une démarche intéressante et bien construite, Marie Duru-Bellat montre ce qui constitue, selon elle, les défaillances de l'école et du capital culturel institutionnalisé qu'elle transmet, le diplôme. [...]
[...] Les chercheurs estiment que l'éducation a des bénéfices économiques sur la collectivité, car elle constitue un investissement censé produire de la richesse dans la mesure où plus d'éducation serait source d'externalités positives sur l'économie. Mais Duru-Bellat montre qu'il existe globalement une corrélation positive (les pays les plus riches ont en moyenne une population plus instruite), mais, évidemment, corrélation ne signifie pas causalité (p.59). Ainsi, l'éducation n'est pas le seul facteur qui explique l'enrichissement d'un pays (un pays ne s'enrichit pas seulement, car sa population est plus instruite) et même au sein des pays riches, les niveaux d'allongement d'études diffèrent et avoir ou de bacheliers n'a pas de grande incidence sur le niveau de richesse d'un pays. [...]
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