Si nous reprenons les principales lignes de force du modèle esthétique que nous propose Alain Kerlan, nous retrouvons trois points d'ancrage qui vont constituer pour nous trois points de repère, trois conditions requises pour décider si oui ou non, l'introduction de l'histoire de l'art à l'école participe bien du mouvement de changement de paradigme.
L'unité, comme nous le rappelle Alain Kerlan, est avant tout une exigence de la Raison. Elle ne peut se soustraire à cette exigence. En effet, la Raison est capable de penser la possibilité de la totalité et de l'unité, mais elle n'en sera jamais le témoin. Comme nous le montre Kant dans le paragraphe 40 des « Prolégomènes à toute métaphysique future » : « La totalité de toute expérience possible n'est elle-même pas une expérience ». Il s'agit alors pour elle « d'un problème nécessaire » . On peut donc parler d'un besoin, d'un besoin d'unité. Or, comme nous l'explique Durkheim, l'objectif de l'éducation, ce n'est pas de « former soit un mathématicien, soit un littérateur, soit un physicien, soit un naturaliste, mais de former un esprit au moyen des lettres, de l'histoire, des mathématiques, des sciences physiques, chimiques et naturelles. » . L'éducation a donc pour objectif « l'unité du sujet dans la multiplicité de ses expériences. » Or, en cela, « l'expérience du beau a ce pouvoir de réconcilier l'esprit et les sens, de réaliser l'unité humaine sans sacrifier une part à l'autre, et même en enrichissant l'une par l'autre. » L'histoire de l'art à l'école a-t-elle pour objectif de faire vivre au sujet cette expérience totalisante du beau ?
[...] Les arts du son, du spectacle vivant et les arts visuels semblent relégués au second plan. Ils appartiennent bien aux productions de l'humanité étant en mesure d'offrir des repères aux élèves, mais ne sont pas prioritaires. L'ambition de ces nouveaux programmes est, nous l'avons déjà dit, de Donner à chaque enfant les clés du savoir et les repères de la société dans laquelle il grandit»[24] . Dans cette perspective, l'œuvre d'art n'est qu'un instrument au service de cette exigence de la République instrument incertain, mais dont on espère qu'il offrira au sujet des repères pour un monde commun. [...]
[...] Il semble bien qu'il s'agisse d'une mutation dans l'enseignement de l'histoire. E KANT, Prolégomènes à toute métaphysique future ; Librairie philosophique Vrin, traduction de Louis Guillermit , réédition de 1986 ibid E DURKHEIM, L'Évolution pédagogique en France, 2e édition, Paris, PUF p 13 ibid p 63 ibid p 139 ibid p 186 BO du 19 juin 2008, hors-série, p 10 (Préambule) ibid p 10 ibid p 10 ibid p 28 ibid p 28 ibid p 10 ibid p 26 ibid p 26 A KERLAN ; L'art pour éduquer ? [...]
[...] L'œuvre d'art, parce qu'elle est production désintéressée de l'homme nous offre tout à la fois l'expression d'une singularité, d'un regard précis sur le monde, le témoignage des potentialités de l'humanité, la perspective d'un univers commun possible, elle est un univers de sens que chacun intègre à sa manière, mais qui ne laisse jamais indemne le sujet qui le pénètre. Elle est donc ce qui offre à la fois cette expérience singulière et commune toute à la fois. De quelles manières les textes officiels abordent-ils la rencontre avec l'œuvre, quel statut lui accordent-ils ? Quelle vision du sujet est véhiculée ? Comment l'unité du sujet s'y accomplit-elle ? C'est ce que nous allons voir à présent en donnant une lecture possible des programmes officiels. Que nous disent les programmes officiels ? [...]
[...] L'histoire de l'art à l'école, un signe supplémentaire du changement de paradigme À quelles conditions pouvons-nous apporter une réponse positive ? Si nous reprenons les principales lignes de force du modèle esthétique que nous propose Alain Kerlan, nous retrouvons trois points d'ancrage qui vont constituer pour nous trois points de repère, trois conditions requises pour décider si oui ou non, l'introduction de l'histoire de l'art à l'école participe bien du mouvement de changement de paradigme. Nous nous proposons, dans un premier temps de présenter ces trois points. [...]
[...] Cette conception humaniste est plus intuitive s'inscrit dans l'exigence démocratique de l'accès de tous à la haute culture Le troisième modèle bascule dans une conception romantique. Il met en avant la création, l'expression, la personne. Il croit en la vertu unifiante de la sensibilité, de l'imagination et de l'émotion partagée, contre l'exclusivité de la raison. D'emblée, nous pouvons être assurés qu'il ne s'agit pas du troisième modèle et que par voie de conséquence, l'introduction de l'histoire de l'art à l'école ne correspond en aucun cas à un quelconque signe supplémentaire de changement de paradigme. [...]
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