Dans ce livre, Paule Aimard et Alain Morgon traitent de fond en comble de la surdité, de son dépistage et diagnostic (si possible précoces, car il en va du développement futur de l'enfant) jusqu'à son intégration scolaire puis professionnelle, en passant par les méthodes proposées pour communiquer avec l'enfant et par l'appareillage.
Les auteurs, par un historique, montrent l'évolution des idées en ce qui concerne l'éducation des enfants sourds : on est passé d'un oralisme strict à la bimodalité, de l'exclusion (ou de la réclusion de sourds entre eux) à l'intégration avec des enfants entendants.
Si l'enfant sourd tient la première place tout au long de ce livre, les parents ne sont pas oubliés pour autant : ils doivent être très présents pour leur enfant dans ses différents apprentissages. Les parents doivent ainsi trouver le type d'éducation qui convient le mieux à leur enfant, ils doivent communiquer avec lui dans la mesure de leurs possibilités (tous les enfants sourds ne sont pas issus de milieux sociaux favorisés). L'équipe médicale qui s'occupe de l'enfant sourd doit soutenir, aider les parents et les faire participer à la rééducation de leur enfant...
[...] La culture est difficilement accessible, même si certains sourds ont un don pour le mime : la télévision et le cinéma n'offrent pas assez d'émissions ou de films sous-titrés. Afin que l'enfant sourd connaisse moins d'échecs dans son langage, dans sa scolarité et dans sa vie, il faut aider l'enfant de façon précoce, grâce entre autre à la bimodalité. La précocité doit intervenir dès le diagnostic, qui va ensuite permettre un appareillage précoce (prothèse ou implant cochléaire) qui facilitera une éducation (entraînement perceptif et vocal) précoce et des activités de communication à l'âge où il est normal qu'elles s'organisent. [...]
[...] En France, depuis 1975-1980, on réalise une synthèse de toutes les méthodes utilisées jusqu'à là : il s'agit de la "communication globale" où toutes les modalités possibles sont utilisées pour favoriser le développement et l'organisation du langage. Les méthodes orale et gestuelle ne s'opposent pas mais sont au contraire complémentaires. La Langue des Signes, comme toutes les langues orales, a ses propres structures. C'est une vraie langue. Le sourd s'exprime par gestes, son interlocuteur le regarde : la communication passe par d'autres canaux que ceux de la langue orale. [...]
[...] L'enfant sourd qui n'est pas stimulé par son entourage reste passif, n'est pas intéressé et sera moins éveillé. La prothèse, si elle est mise précocement, permet au bébé de s'éveiller et de s'intéresser à tout ce qui l'entoure. Elle permet l'éveil auditif. En résumé, l'Education précoce regroupe des activités qui permettent à l'enfant de développer en temps voulu des capacités perceptivo-motrices, intellectuelles et comportementales, d'être à l'aise dans la vie et de se préparer au langage. La communication gestuelle est le moyen de communication le plus précoce, le plus simple et le plus évident avec un enfant sourd profond. [...]
[...] Dans une famille de sourds, l'acquisition de la langue gestuelle va de soi ; certains parents sourds aident leur enfant dans sa production de gestes (en lui modelant les mains, par exemple) ou l'aident à réaliser le bon modèle pour formuler des demandes ou "dire" ses sentiments. Chez une famille d'entendants, l'acquisition de la langue gestuelle va passer par un apprentissage spécifique (avec quelqu'un qui "signe"). Or, beaucoup de parents entendants ignorent l'existence de la Langue des Signes et son importance pour l'enfant : il faut donc les informer sur ce qu'est la Langue des Signes et sur les services qu'elle peut rendre. [...]
[...] Le Congrès mondial qui s'est tenu à Milan en 1880 a cru mettre fin à ces polémiques en déclarant officiellement la supériorité de l'oralisme (c'est- à-dire des méthodes dont le but est de faire acquérir la parole aux sourds). Les méthodes orales étaient les seules méthodes admises en Europe occidentale et dans une partie des Etats-Unis, la communication gestuelle avait le goût d'interdit. Par ailleurs, malgré que cet interdit ait été respecté dans les familles et les établissements spécialisés, les enfants sourds le bravaient en communiquant entre eux par gestes "dans le dos des professeurs". Interdire les gestes était à l'époque un moyen de ne pas montrer qu'on était sourd. [...]
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