A la lumière de la sociologie et du sociologue qu'il est, l'auteur propose une définition globale de l'éducation après avoir indiqué les fins qu'elle vise, sa nature et son rôle. Il indique ensuite les conditions qui font de l'éducation un objet de recherche avec les caractères d'une science.
Qu'en est-il de la pédagogie ? Est-elle une science de l'éducation ? En quoi se distingue-t-elle de l'éducation et sur quelles sciences doit-elle s'appuyer ? Enfin, quel est le rôle de la sociologie dans ces deux concepts fondamentaux et plus particulièrement dans l'enseignement secondaire en France ?
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Pour donner une définition à l'éducation, l'auteur s'oppose dans un premier temps à celle donnée par ses contemporains. Ainsi, l'idée de "perfection" de Kant ne convient pas car l'idéal qu'elle impose est irréalisable dans son intégralité, pas davantage, celle de Stuart MILL, qui pose l'éducation comme l'instrument d'un bonheur, "chose essentiellement subjective" selon DURKHEIM, ni celle de Spencer, incomplète. Le reproche fait à ces définitions : elle partent du postulat qu'il existe une éducation idéale qui vaut pour tous les hommes, sans distinction.
Or, l'observation historique des pratiques ancestrales et actuelles, montre que chaque société se fait un idéal de l'Homme et qu'il existe autant de sortes d'éducation dans une société que de milieux différents : l'éducation est donc " à la fois un et multiple" (p.47). Elle n'a pas pour objet principal l'individu et ses intérêts mais est un moyen par lequel la société renouvelle perpétuellement les conditions de sa propre existence, en renforçant son homogénéité et sa diversité. Pour savoir ce que doit être l'éducation, il faut donc interroger la société (rôle de la sociologie), car "ce sont ses besoins qu'il faut satisfaire" (P. 11).
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Cette définition a pour conséquence que la fin de l'éducation est la constitution de l'être social en chacun de nous, un être nouveau, qui, contrairement à l'animal, qui ne fait que développer ses instincts déjà existants, reçoit, par l'éducation, les aptitudes propres à la vie sociale. Il s'agit d'aptitudes morales, nécessaires à tous. D'autres aptitudes, telles que l'intelligence ou les qualités physiques seront recherchées spontanément par certains (...)
[...] Il existe une confusion habituelle entre éducation et pédagogie : la première est une "action exercée par les parents et les maîtres sur l'enfant" à "tous les instants", "est générale", (P.69), inconsciente et ne cesse jamais. La pédagogie n'est pas une action mais une théorie. Elle est intermittente. L'éducation en est sa matière. La pédagogie est donc un art instinctif où la réflexion, qui n'est pas essentiel, est indispensable pour : 1. permettre à l'éducateur de "tenir compte du germe d'individualité qui est en chaque enfant" (P. 82-83) se maintenir dans une "perméabilité" aux changements de la société, par la force antagoniste qu'elle entretien avec la routine. [...]
[...] L'histoire indique la fin de l'éducation, tandis que la psychologie en indique les moyens et les méthodes. Cinq mots clés : Education Pédagogie Société Autorité - Sociologie Définitions : Education : Selon DURKHEIM, c'est "l'action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez l'enfant un certain nombre d'états physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu spécial duquel il est particulièrement destiné. [...]
[...] Enfin, quel est le rôle de la sociologie dans ces deux concepts fondamentaux et plus particulièrement dans l'enseignement secondaire en France ? Idées / thèses essentielles : Pour qu'il y ait éducation il faut qu'il y ait présence d'une génération d'adultes, d'une génération de jeunes et une action exercée par les premiers sur les seconds. L'éducation est un fait social ; par conséquent, une science de l'éducation devient possible. Pour que des recherches soient considérées comme scientifiques, elles doivent "porter sur des faits acquis, réalisés et donnés à l'observation". [...]
[...] L'éducation est donc un fait social, et subséquemment l'intérêt de l'Etat qui, garant de la légitimité de l'éducateur, permet d'assurer entre les citoyens une "suffisante communauté d'idées" (p.59) et de sentiments indispensables à la société, la protégeant ainsi de l'arbitraire des particuliers (éducateurs). Quelle est donc la nature et le rôle de l'éducation ? Pour être efficace, l'éducation a besoin d'éducateurs faisant preuve d'une autorité intrinsèque et ayant la foi intérieure en la grandeur de leur tâche. Laïc, l'éducateur est l'organe d'une grande personne morale qui le dépasse : la société, "l'interprète des grandes idées morales de son temps et de son pays" (P.68). [...]
[...] Entre 1879 et 1882, il fréquenta la prestigieuse École Normale Supérieure (ENS) à Paris. La tragédie de la Commune (mars-mai 1871), sorte de guerre civile après la défaite, l'avait marqué très jeune ; il en vint à se persuader que s'il devait un jour enseigner, sa mission serait d'aider ses compatriotes à frayer le chemin vers une société qui, unie et solidaire, dépasse ses propres conflits, - et de contribuer à l'impulsion de changements sociaux allant dans le sens d'une cohésion qui permettrait à ses concitoyens de vivre ce qu'il a appelé le «bien par excellence»: la communion avec autrui. [...]
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