Il s'agit d'une fiche de lecture de l'ouvrage de Pierre Clastres, Chronique des Indiens Guayaki. L'auteur et les rattachements théoriques auxquels il se rapporte (anthropologie politique, anthropologie anarchiste...) sont présentés dans une première partie. Ensuite, la population étudiée est décrite : système de filiation, mariage, place du mythe dans la tribu, cannibalisme... Une réflexion sur le travail de l'anthropologue lui même (méthode, objectivité...) et sur les conditions de redaction de l'ouvrage constituent une troisième partie. Enfin, on traite de l'interêt de l'ouvrage en sciences de l'éducation.
Pierre Clastres est né en 1934 et mort en 1977. Anthropologue et ethnologue français, il fut professeur à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes.
Il s'intéressa aux sociétés primitives d'Amérique du Sud. Il y fit tous ses travaux de terrain de 1963 à 1973. Il s'arrêta notamment au Paraguay, où il séjourna chez les Guayaki.
Il est l'auteur d'ouvrages sur les Indiens du Brésil et du Paraguay.
Pierre Clastres consacra la majeure partie de son œuvre à la question des rapports entre la société primitive et le pouvoir.
[...] Jusqu'aux premiers pas le rôle du père est réduit. A sept ou huit ans, c'est l'âge de l'école : les grands parents se chargent de faire apprendre les mythes, la pédagogie éthique tandis que les parents se chargent des sciences naturelles et de l'apprentissage de la forêt. Pour les garçons, le rituel de la perforation de la lèvre met fin à l'enfance et donne la permission de séduire une femme, on devient betagi Puis de séducteur insouciant, on passe (environ 6 à 8 ans après) à mari d'épouse dont on aura des enfants et ceci par le rituel de scarification du dos : l'homme devient kybai gatu Une même séance de scarifications est entreprise lors des premières menstruations de la jeune fille, qui lui garantissent la fertilité et permettent le passage dans le monde des adultes. [...]
[...] L'anthropologie politique n'a pris de véritable importance que dans les années 60. A la parution de la Chronique des Indiens Guayaki en 1972 le structuralisme tient une place hégémonique en France. Ce courant anthropologique s'attache à étudier les aspects les plus structurants d'une société, à savoir, les systèmes de filiation et d'alliance, et les mythes. On peut donc facilement rapprocher l'ouvrage, où sont décryptés les fonctionnements de la société Guayaki, du structuralisme. Toutefois, pour Pierre Clastres, les champs dont il s'occupe (pouvoir, chefferie) ne relèvent pas d'une analyse structurale. [...]
[...] Il est difficile de déterminer le système de filiation des Guayaki. Les rapports affectueux avec la mère et la distance avec le père pendant les premières années peuvent faire penser à une société patrilinéaire. Cependant, il ne semble pas y avoir de transmission de nom, ni de patrimoine ni de statut social. D'une façon générale, le mythe est omniprésent dans la vie quotidienne des Guayaki, il transparaît dans chaque rituel. Le rituel sert à se protéger du désordre, à rétablir un équilibre qui a été rompu. [...]
[...] Et contrairement à ce disaient les premiers observateurs des Guayaki, ils ne sont pas sans foi, ni loi, ni roi mais ils obéissent à certaines normes et certains fonctionnements qui nous sont étrangers. Les sociétés dites "primitives" ne sont pas des sociétés qui n'auraient pas encore découvert le pouvoir et l'État, mais au contraire des sociétés construites pour éviter que le pouvoir se matérialise. Ce texte et les sciences de l'éducation La Chronique des Indiens Guayaki s'est attachée à montrer que cette société, longtemps pensée sans c'est-à-dire sans écriture, sans histoire, sans lois possédaient des règles spécifiques avec une cohérence propre et qu'il existait véritablement une culture Ache Gatu et Iröiangi Cependant, même s'il ne s'agit pas d'un ouvrage d'anthropologie de l'enfance ou de la socialisation, on aperçoit dans la description de Pierre Clastres, le rôle déterminant de l'éducation dans l'attribution des rôles sociaux hommes femmes. [...]
[...] Dans ce type de société, où les différences dans la hiérarchie sociale sont faibles, le pouvoir n'a pas de structure centralisée ou d'institutions visibles chargées de maintenir l'ordre. Le chef n'est pas un homme qui domine, ou qui donne des ordres. Pouvoir et violence sont dissociés. Il exerce son autorité dans le discours, au travers duquel, le groupe peut avoir l'assurance que le pouvoir du chef ne le menace pas. Le langage est l'instrument de la non coercition, d'où l'inquiétude de la tribu quand le chef se tait. Le pouvoir n'est donc pas autoritaire. [...]
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