Enseignement de l'éthique des sciences et technologie, nécessité sociale, définition de l'éthique, anthropocentrisme, équilibres environnementaux, enseignement universitaire, valeurs éthiques, criticisme, enseignement primaire et secondaire, approche pédagogique
Avant d'entrer dans le vif du sujet et pour bien cerner l'objet du présent article et placer nos propos dans leur contexte normal, il faudrait d'abord essayer de définir le concept "éthique". Après avoir consulté plusieurs dictionnaires et sites internet, l'éthique, en tant que substantif féminin, est caractérisée comme suit : l'éthique est à la fois conçue comme une science, comme une philosophie ou une partie de la philosophie ; cette science ou philosophie a pour objectif de mener une réflexion sur les finalités, les valeurs et les conditions de l'existence avec comme point de mire le bien et l'accomplissement humain ; les valeurs orientent le comportement, l'action, les relations avec les autres et les décisions ; l'éthique est liée à la morale et à la notion de respect des valeurs sur le plan personnel ou professionnel ; sur le plan professionnel, chaque profession ou activité a son éthique propre.
Il ressort de ces différentes clarifications que l'éthique est en quelque sorte une sagesse qui a pour but de conduire les humains vers le bien tout en leur permettant de s'accomplir (s'épanouir) dans la pratique de la vie quotidienne. Il ressort aussi de ces différentes clarifications que l'éthique a un rapport avec la morale dans le sens où elle est érigée comme un ensemble de préceptes et de principes qui orientent le comportement, l'action, les relations avec autrui et aussi la prise de décisions. Ces principes s'appliquent à l'individu et à la collectivité. Ils ne sont pas figés dans le sens où l'individu vit dans un milieu qui change sous l'effet de différents facteurs sociaux, sociologiques, culturels, technologiques, scientifiques, etc. Quand l'individu change, la collectivité aussi. L'éthique, moyennant les réflexions qu'elle mène en tant que science et philosophie, s'adapte à ces changements.
[...] La science est enseignée comme si elle était un corps de savoir autonome et neutre dans le sens où sa production est indépendante du temps et de l'espace. Cette approche de l'enseignement de la science ne fait miroiter aux étudiants que son côté utilitaire, qui rend service à l'homme. C'est comme si on disait aux étudiants " vous n'avez pas besoin d'éthique " puisque la science n'engendre que des bienfaits pour les êtres humains. Et pourtant, la science et la technologie sont comme une médaille, elles ont leurs revers. [...]
[...] L'homme a donc besoin de garde-fou pour les prévenir, les arrêter ou tout au moins les amoindrir. Autrement dit, il a besoin d'être conscientisé. Cette conscientisation, c'est l'éthique des S&T qui l'assure à travers la sensibilisation, les études sociologiques et aussi à travers l'enseignement et l'éducation. Enseigner l'éthique des S&T notamment au niveau universitaire, c'est doter les futurs scientifiques et les futurs chercheurs de moyens intellectuels qui leur permettent de mener des réflexions en amont de leur pratique pour prendre des décisions réfléchies et éviter les dérapages. [...]
[...] Son enseignement, depuis le primaire jusqu'au secondaire et supérieur est une nécessité. Un enseignement de l'éthique des S&T susceptible de provoquer et produire le changement de la pensée, des comportements et des habitudes devrait se baser sur les considérations suivantes : - l'éthique est un ensemble de valeurs ; - les connaissances sont des moyens pour s'approprier ces valeurs ; - l'éthique est un outil de régulation des relations entre les humains et entre ceux-ci et leur environnement naturel et construit ; - la combinaison entre enseignement et éducation est un puissant facteur de changement, mais aussi une voie menant vers l'épanouissement des apprenants ; - le développement de l'esprit critique est le meilleur moyen qui conduit vers cet épanouissement ; - la promotion de la citoyenneté responsable est synonyme de clairvoyance et de perspicacité (les chercheurs oublient souvent qu'ils sont socialement responsables de leurs productions scientifiques ils doivent avoir présentes à l'esprit les normes éthiques qui leur permettent d'orienter leurs recherches dans le bon sens); - les problèmes dus aux différents usages de la science et de la technologie doivent être expliqués dans un contexte global (ne pas les isoler de leur cadre réel, spatial, temporel, social, économique, culturel, historique, religieux, etc.) ; - le caractère global du contexte nécessite la dissolution des frontières entre les disciplines (interdisciplinarité); - les productions scientifiques et technologiques doivent se faire en dehors de l'anthropocentrisme et l'égocentrisme (la vie au sein de l'environnement est le résultat de l'interaction entre divers facteurs humains, physiques, biologiques, sociaux, économiques, culturels, historiques, etc.); - toute connaissance scientifique, si elle apporte une solution à un problème, elle traîne avec elle une ou plusieurs incertitudes (toute recherche apporte une solution à un problème, mais en fait apparaître d'autres) ; - toute invention scientifique a une face et un revers (un médicament peut guérir, mais il peut aussi tuer un explosif rend des services, mais il peut tuer plusieurs produits chimiques ont apporté des solutions à des problèmes en industrie, mais avec le temps, ils se sont avérés cancérigènes, etc.) ; - la science et la technologie donnent beaucoup de pouvoirs à l'homme, mais ce dernier oublie qu'en même temps, elles peuvent porter d'autres pouvoirs qu'il n'arrive pas à contrôler ; - jusqu'à présent, la raison qui pousse l'homme à inventer des technologies ou à améliorer celles qui existent à une relation directe avec la concurrence économique et la domination des marchés (si elles améliorent la qualité de vie, ce n'est qu'un prétexte pour qu'elles soient plus concurrentielles) ; - les inventions technologiques n'émanent pas d'un équilibre entre offre et demande, mais de l'hégémonie des lobbies financiers et publicitaires et de l'incitation à la consommation (plusieurs gadgets sont l'image parfaite du gaspillage de la matière première, de la matière manufacturée, d'argent, de temps en plus de représenter un danger pour l'environnement) ; - l'approfondissement des débats sur les questions d'actualité telles que la durabilité, la globalité de l'environnement, la place de l'homme dans ce dernier, la société du savoir, le pouvoir nucléaire, le transfert de technologies, etc. [...]
[...] Son enseignement doit susciter la réflexion, la critique constructive, l'autocritique, la responsabilisation, l'anticipation, la projection dans l'avenir, l'harmonie entre science et technologie et environnement, etc. Son évaluation ne doit pas porter sur la quantité de connaissances acquises, mais sur les attitudes, les comportements et les changements qu'auront provoqués ces connaissances. L'éthique est avant tout une discipline d'éveil et de conscientisation. V. Approche pédagogique pour un enseignement efficace de l'éthique des S&T Pour être efficace, l'enseignement de l'éthique des S&T doit bannir les méthodes traditionnelles d'apprentissage. [...]
[...] Ces domaines sont tellement nombreux que l'éthique a fini par se spécialiser. On parle alors d'éthique médicale, bioéthique, éthique de l'environnement, éthique des affaires, éthique animale, éthique des sciences et technologies etc. C'est l'éthique des S&T qui va retenir notre attention. En effet, à chaque domaine où la science et la technologie apportent des nouveautés (connaissances, produits, procédés, processus, méthodes, amélioration), correspond une éthique spécifique. Il en est de même des métiers et des professions où l'homme introduit en permanence des idées et mène des actions. [...]
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