Langage de communication scolaire, usage routinier de verbes, pratique pédagogique, signification des mots, épistémologie, conditions d'apprentissage, inculcation du savoir
Certains verbes passent inaperçus dans le langage de la communication scolaire, comme "inculquer, acquérir, capter, découvrir, détecter, dévoiler" etc. Ces verbes sont utilisés couramment dans les discussions, dans la pratique et la littérature pédagogiques et éducatives. A force de leur usage systématique (par habitude) par les enseignants comme faisant partie du langage quotidien de communication, ces derniers finissent par ne plus prêter attention à leur réelle signification et moins encore à leur interprétation. On dit souvent : inculquer, acquérir, capter, découvrir, détecter, dévoiler le savoir ou les connaissances. En réalité, si on fait passer ces verbes par un crible épistémologique, on se fait une idée sur le statut que donnent les enseignants et la pratique pédagogique au savoir en milieu scolaire.
[...] L'enseignant a donc tendance à l'imposer aux apprenants moyennant une pédagogie contraignante. Il finit donc par obliger, volontairement ou involontairement, les apprenants à se comporter comme des machines d'enregistrement, de mémorisation et de restitution. Finalement, on ne peut ni inculquer, ni acquérir, ni capter, ni découvrir, ni détecter, ni dévoiler, etc. le savoir. L'école a pour mission d'aider l'apprenant à le construire. En dehors de ces considérations, l'enseignement est une aliénation, une frustration et une humiliation dans le sens où il masque voire inhibe les capacités cognitives de cet apprenant, indispensables à son émancipation et son épanouissement intellectuels. [...]
[...] Enfin, l'expression « Découvrir, détecter, dévoiler le savoir » signifie que ce savoir est caché quelque part (donc à l'extérieur de l'apprenant) et que l'apprenant a les moyens de le faire sortir de sa cachette. Deux conséquences peuvent être déduites de l'interprétation de ces 3 expressions. La première, en relation avec le d'inculquer », suppose qu'il est possible de forcer l'esprit de l'apprenant à s'imprégner de connaissances. La deuxième suppose que le savoir est extérieur à l'apprenant, c'est-à-dire qu'il existe quelque part dans le milieu ambiant, environnant. III. [...]
[...] Le savoir se transforme en savoir absolu, vrai et définitif Sur le plan épistémologique, cette conception du savoir s'inscrit dans le courant philosophique réaliste. Ce dernier prétend que la réalité existe indépendamment et antérieurement à toute activité cognitive de celui qui cherche à connaître. Les données de cette réalité sont déjà là et, par conséquent, tout ce que le sujet a à faire, c'est de mettre au jour, de mettre en évidence ou de révéler quelque chose qui est préexistant. [...]
[...] A-t-on bien réfléchi à l'usage routinier de certains verbes dans la pratique pédagogique ? I. Des verbes qui passent inaperçus dans le langage de communication scolaire À titre d'exemples, on peut citer : Inculquer, acquérir, capter, découvrir, détecter, dévoiler, etc. Avant de procéder à une analyse de ces verbes, voyons ce que proposent les lexiques comme définitions et explications à ces derniers. Inculquer : Faire entrer quelque chose dans l'esprit de quelqu'un, le lui imprimer fortement ou graver quelque chose dans l'esprit de quelqu'un ou faire pénétrer dans l'esprit. [...]
[...] Au lieu que ces dernières se préoccupent du développement cognitif de l'apprenant, elles attachent une attention accrue à l'accumulation du savoir chez cet apprenant (Tête bien pleine au lieu de tête bien faite). Cette conception de l'enseignement s'inscrit, sur le plan didactique et psychopédagogique, dans le courant behavioriste qui considère l'apprenant comme un objet qui est soumis à un type d'enseignement basé sur le modèle stimulus-réponse. Tout ce qu'a à faire l'apprenant dans ce cas, c'est de recevoir un message (stimulus) et émettre une réponse à tel point que les réponses peuvent devenir standardisées et stéréotypées ne laissant aucune chance à l'émergence et à l'expression de sa créativité. [...]
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