Pour répondre à ces questions d'actualité de la vie dans les collèges et les lycées, nous nous interrogerons sur les aspects de la discipline dans l'histoire de la scolarisation, puis nous verrons pourquoi cette histoire se dégrade jusqu'à l'anomie avant d'envisager s'il est possible de la refonder aujourd'hui...
[...] La discipline est un accord tacite entre le maître et son élève, un contrat implicite qui engage le premier à représenter les valeurs de la société et le second à s'approprier ces valeurs qui vont faire de lui un homme ouvert et libre. L'enfant étant volontiers porté à reconnaître l'autorité du maître, ce qui peut poser problème dit Durkheim, ce n'est pas le manque de discipline, mais au contraire son excès. La portée morale de la discipline limite le risque de son abus. En matière de discipline, le problème difficile posé aujourd'hui relève de plusieurs réflexions. [...]
[...] La discipline est légitime car elle s'articule au droit. L'autorité ne s'exerce pas n'importe comment Elle respecte et fonde le droit. Elle s'adresse à l'enfant qu'elle introduit dans le monde de l'état de droit. Elle ne dissout pas le droit de l'individu comme on est tenté de le penser, bien au contraire, elle l'institue, elle contribue à donner sens à l'obligation, au respect de la règle et en tout premier lieu à celui qui l'incarne : l'éducateur. Le rapport du maître à l'élève n'est pas un rapport de soumission teinté de coercition, c'est un véritable rapport de droit basé sur la réciprocité de la loi. [...]
[...] Dès lors que l'éducateur s'appuie sur la triade tête- cœur - main il n'a plus vraiment besoin de la discipline. En tous cas, la discipline n'est plus le seul levier psychologique de l'action éducative. Dans les pédagogies alternatives qui jalonnent le XIX ème siècle, la question centrale est celle de l'économie de la discipline : notion gênante dont les fondements paraissent contradictoires. John Dewey qui clôt cette période de la pensée éducative et qui, par certains côtés, est déjà notre contemporain propose un système qui écarte ostensiblement la notion de discipline de même que la notion connexe d'effort. [...]
[...] Bref, dans les années 70, une contestation violente de l'autorité et de la discipline ne permet plus de maintenir tel quel le principe de la discipline. Avec Rogers on invoque le principe d'une pédagogie libre, centrée sur l'élève qui élabore lui-même, collectivement, ses programmes et ses méthodes d'enseignement. En se désignant comme non-directive, cette pédagogie s'affiche ouvertement comme une pratique scolaire non- disciplinaire. Mais d'autre part, en restant expérimentale et marginale, elle se révèle inappropriée aux objectifs de l'éducation. Il en est de même de la pédagogie développée à Summerhill où l'enfant est libre d'aller ou de ne pas aller en cours. [...]
[...] C'est le règne des caïds dans l'école. Ce n'est pas ce que l'on recherche quand on souhaite inculquer des valeurs d'autonomie et de liberté. Il faut donc continuer à se tourner vers la discipline pour comprendre et donner sens à l'action éducative. Le sens de la discipline L'épisode des pédagogies sans discipline ou tournées vers l'intérêt de l'enfant reste intéressant car il met l'accent sur deux types d'abus : d'une part, une contrainte trop forte sans rapport avec les besoins de l'éducation, d'autre part, une contrainte trop faible qui ne sait plus orienter l'enfant et lui donner les repères dont il a besoin. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture