L'éducation du peuple tout entier, femmes et hommes, le progrès social, l'amour de la patrie et de la République, tels sont les rôles que l'école prend progressivement sous Jules Ferry, considéré aujourd'hui, dans les livres d'histoire et dans les esprits, comme le fondateur de l'école moderne, celle ouverte à tous, et qui est chargée de faire fonctionner l'ascenseur social. Cette survivance du mythe Ferry, on l'a vu également le 15 mai 2012, lorsque François Hollande, a peine élu Président, a déposé une gerbe sur sa tombe, pour rendre honneur, dixit Vincent Peillon, à l'homme « des grandes lois scolaires, de la lettre aux instituteurs, de la scolarité obligatoire, de la laïcité, de la gratuité de l'école".
[...] La première loi adoptée est celle du 9 août 1879 qui oblige les départements à créer une école normale d'instituteur ; 67 d'entre eux en étaient dépourvus. Les différentes lois sont adoptées en plusieurs étapes. Les deux premiers principes ne rencontrent que peu d'oppositions et sont relativement simples à mettre en place. La gratuité est adoptée le 16 juin 1881, et son principe ne rencontre que peu d'opposition, même si les adversaires de Ferry comprennent bien que ce n'est qu'une première étape. [...]
[...] Or, Ferry affirme sa volonté de mettre le gouvernement des études entre les mains des hommes d'étude La loi adoptée en février 1880 fait de cette volonté un fait : elle exclut du Conseil supérieur de l'instruction publique les personnalités étrangères à l'enseignement et notamment les ministres des Cultes. Cette réforme est d'une portée capitale puisque le conseil ne comporte plus que des membres de l'enseignement élus ou nommés par leurs collègues. Ainsi l'Université retrouve sa qualité de corps autonome et c'en est fini du système mis en place par la loi Falloux. Après les changements d'organisation des branches de l'éducation, il faut étudier le cœur du projet, le contenu de l'enseignement, celui visant à transformer les grands principes en réalité concrète. [...]
[...] Les changements dans le primaire sont profonds. Les changements dans l'enseignement secondaire et l'enseignement supérieur sont de moins grandes ampleurs, mais proviennent eux aussi des principes affirmés par les républicains. L'enseignement secondaire et l'enseignement supérieur L'enseignement secondaire Le principal changement ici, c'est la loi Camille Sée du 21 décembre 1880 qui prévoit que l'enseignement sera dispensé par des femmes (d'où la nécessité de créer des écoles normales de filles ; la loi du 9 août 1879 donne à chaque département une école normale de filles) et laïc (l'enseignement de la religion est facultatif). [...]
[...] Ferry a puisé chez Comte et Condorcet l'idée de l'indépendance de la morale et de la science à l'égard des religions. Ils voient ainsi en l'école l'outil pour libérer les consciences du carcan religieux qui les maintient dans une étroitesse d'esprit et des dogmes contraires aux conceptions positivistes des républicains de 1870. Le projet est ambitieux, il convient donc d'en étudier la mise en place concrète dans une deuxième partie. II Mise en place et contenu des lois Ferry Les lois Ferry sont une succession de réformes séparées, qui forment in fine un ensemble cohérent. [...]
[...] La gratuité ne signifiait pas compensation des revenus non gagnés lorsque l'enfant allait à l'école au lieu de travailler. Mona Ozouf et François Furet, dans leurs travaux sur l'alphabétisation des Français, ont bien montré que l'absentéisme, d'ailleurs faiblement sanctionné, a perduré après l'obligation scolaire. En des écoles étaient déjà gratuites et 2/3 des Français savaient lire et écrire. La laïcisation semble elle avoir été une réussite, mais il faut tout de même noter que laïcité ne signifie pas ici neutralité. [...]
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