Pratiques professionnelles, posture professionnelle, accompagnement éducatif, sanctionner, punir, MECS maison d'enfants à caractère spécial, Dominique Depenne, Gaberan Philippe, Prairat Eirick, Sutter Jean-M, ESEIS École Supérieure Européenne de l'Intervention Sociale, éducateur
Le choix du métier d'éducateur est rarement dû au hasard. Les raisons qui m'ont poussée à vouloir m'engager dans cette voie remontent à quelques années, peut-être cinq ou six ans. À cette époque, je travaillais en tant qu'assistante d'éducation dans un collège. J'encadrais tous les jours des élèves avec pour principale mission de veiller à leur faire respecter le règlement intérieur de l'établissement, d'après ce qui était rédigé dans mon contrat de travail. Toutefois, quelques semaines après mon entrée en fonction, j'avais compris que mon rôle ne se limitait pas uniquement à de la surveillance. Être à l'écoute des élèves tout en leur faisant respecter les règles de vie collective était le sens de mon travail. Les divers moments de la journée (récréation, étude, repas, pause, etc.) passés auprès d'eux favorisaient les discussions, les échanges et petit à petit, une relation de confiance se construisait avec ceux que je côtoyais le plus souvent. Cette relation de confiance contribuait à faciliter l'acceptation des règles de l'établissement.
[...] « Tout simplement parce que la vie demeure imprévisible. » 7 malgré mon savoir-faire professionnel, il y aura toujours des facteurs sur lesquels je n'aurai pas de prise, comme me l'a démontré cette situation, et qui m'empêcheront d'atteindre l'objectif visé. Oui, il n'est pas aisé de côtoyer des personnes en souffrance et de réaliser que les sentiments d'impuissance et d'abattement font partie du travail de l'éducateur. Dès lors, ce qu'il fallait que je me rappelle était de ne jamais perdre de vue la promesse que je fais symboliquement à l'autre. Cette promesse de ne pas baisser les bras et de continuer à mobiliser mes compétences pour l'accompagner dans ses difficultés, en dépit des échecs rencontrés. [...]
[...] Je ne voulais pas faire l'erreur d'entrer en formation d'éducateur spécialisé et de constater, durant la formation, que je m'étais trompée de voie. En 2011, j'ai donc quitté mon poste d'assistante d'éducation pour devenir éducatrice spécialisée candidate-élève (c'est-à-dire sans le diplôme) dans une Maison d'Enfants à Caractère Spécial (MECS) du Haut-Rhin. J'ai accompagné pendant un an des enfants âgés de 4 à 12 ans. Cette expérience toute nouvelle pour moi m'a comblée de joie. Je me représentais, dans un premier temps, la relation de l'éducateur avec l'éduqué comme étant unilatérale, une relation où l'éducateur était seul en mesure de transmettre des valeurs. [...]
[...] L'éducateur est celui qui se moque des effets de surface et sait voir au-delà de ce que l'Autre lui donne à voir. [2] Le mois de septembre 2013 était arrivé et je m'apprêtais à commencer mon stage de deuxième année. Comme l'année précédente, j'avais écarté de mes choix de lieu de stage les structures où je serais amenée à travailler avec un public adulte. Mes craintes de ne pas être assez compétente pour accompagner ce public étaient toujours présentes et entravaient ma confiance en moi. Ce faisant, mon choix de lieu de stage s'était orienté vers un établissement de Strasbourg qui accueillait en journée et en internat des enfants et adolescents déficients auditifs, orientés par la MDPH. [...]
[...] Dans les jours qui ont suivi, nous étions de plus en plus proches. Je me souviens qu'une poignée de jours avant la fin de mon stage, elle m'a invité à revenir la voir pour son spectacle de Noël. Son invitation m'avait rappelé le chemin parcouru. J'avais réalisé que le temps était un facteur non négligeable dans la rencontre entre deux êtres. La rencontre n'a rien de nécessairement immédiat. On ne peut apprendre à se connaître que si l'on s'autorise à se découvrir. [...]
[...] Mais en l'éduquant, il faut que je m'attende aussi à contrarier des attentes pour mieux répondre aux besoins. Ainsi, E. Prairat dit qu'on titube en permanence entre le désir d'être apprécié et l'obligation de déplaire. « Éduquer, c'est accepter de frustrer », avait même ajouté ma formatrice. Avec le recul et l'analyse de mes appréhensions, j'ai compris qu'il fallait que je me concentre davantage sur les finalités de la sanction, afin d'arrêter de me faire prendre en otage par mes propres sentiments. La complexité de la relation éducative est telle que la socialisation ne peut s'effectuer sans accroc. [...]
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