La pratique de l'observation, une méthode d'étude incontournable

Thèmes abordés

observation, méthode d'étude, pratique de l'observation, traitement des informations, agent observateur

Résumé du document

L'observation s'avère, dans bien des disciplines, une méthode d'étude incontournable. Loin d'être simple enregistrement passif, comme on l'imagine souvent, l'observation consiste, elle aussi, à préméditer, à tâtonner, à développer des stratégies d'insertion dans le milieu et de provocation de confidences. Elle implique d'être attentif à ce qui paramètre le regard, le conditionne, l'oriente, et oblige à une vigilance méthodologique considérable. C'est justement de cette implication active de l'observateur dans ce qu'il observe que naissent la plupart des difficultés méthodologiques, mais c'est également d'elle que provient la richesse des stratégies d'observation possibles.

Extraits

[...] Paris, France : Armand Colin. [...]

[...] Ainsi, nous espérons avoir montré que l'observation comme méthode s'avère bien plus complexe que l'image qu'on s'en fait spontanément. Nécessitant participation active, préparation, développement de stratégies d'insertion sur le terrain, elle comporte des écueils nombreux et considérables, qui peuvent néanmoins être en partie dominés ou minimisés par des techniques d'observation, et par le développement de qualités d'observation (sensibles et intellectuelles) qui doivent être construites dans le temps et avec l'expérience. On a notamment pu voir que la distanciation d'avec l'observé n'y est jamais donnée, mais qu'elle se conquiert, souvent imparfaitement, qui ne disqualifie en rien cette méthode, mais en fait un complément indispensable à la panoplie du chercheur en sciences sociales. [...]

[...] L'observateur lui-même est en partie la source de ces fourvoiements, raison pour laquelle Albarello souligne qu'« il est crucial de ne pas avoir d'idée préconçue sur le cas et de ne pas y projeter ses propres convictions et valeurs » (2011, p.65). Ce travail réclame souvent une médiation préalable. De plus, le regard de l'observateur s'avère souvent co-construit par celui des autres acteurs, et il s'agit souvent pour l'observateur de parvenir à s'extraire d'une situation de participation qui pourrait venir entamer la validité des observations (2011, ibid.). [...]

[...] Le rapport entre quantité de données collectées et pertinence de l'observation n'est pas linéaire, et passé un certain temps, il est possible d'atteindre un stade de « saturation des données » (Albarello p.51). A ce stade, la particularisation excessive des données peut porter atteinte à l'image d'ensemble, ou entraîner l'observateur au-delà du périmètre qu'il s'était initialement assigné, voire lui faire adopter des parti-pris arbitraires (Arborio & Fournier pp.43-44). L'ensemble des éléments ainsi avancés doit nous convaincre que l'observation n'a rien d'une aptitude naturelle, mais qu'elle demande une activité stratégique de construction, une vigilance quant aux biais et aux fausses évidences, ainsi qu'une mise en perspective critique rigoureuse. [...]

[...] Bibliographie : Albarello, L. (2011). Choisir l'étude de cas comme méthode de recherche. Bruxelles : de Boeck. Arborio, A.M., & Fournier, P. (2015). L'observation directe (4ème édition). [...]