Une plongée dans les œuvres de Neill constitue en elle-même une aventure singulière d'où l'on émerge, surpris, amusé et irrité, séduit et sceptique, fasciné et interrogateur. D'une part, l'œuvre de « l'enfant terrible de la pédagogie extrémiste en Angleterre » (selon Ferrière) est pour le moins révolutionnaire et très controversée. D'autre part, elle est traversée de plusieurs discours parallèles que l'auteur ne se soucie nullement d'articuler.
Neill figure parmi les « Quinze Pédagogues » retenus par Jean Houssaye et ses collaborateurs, mais le lecteur peut quand même s'interroger sur sa qualité de pédagogue, notamment pour deux raisons : premièrement, Neill est d'abord praticien, n'a jamais réussi à mettre en forme sa pensée pédagogique. Il l'a d'ailleurs reconnu lui-même en 1953, après 40 années de réflexion: (je cite) « Il est alarmant de penser que j'ai écrit pendant des années sans avoir pu clarifier mes croyances et mes actions. » Il écrit en fait comme lui viennent ses idées. Ses premiers textes se présentent sous forme de journaux. Quant à son ouvrage best-seller intitulé « Libres enfants de Summerhill », c'est un mélange de professions de foi, de principes et conseils thématiques, et beaucoup d'anecdotes à l'appui.
[...] Selon NEILL, Il devait y avoir en lui quelque chose de foncièrement déplaisant, car les autres membres de la famille étaient moins maltraités. Il évoque alors sa maladresse et son physique peu flatteur pour conclure qu'« il était de toute évidence un produit inférieur, le raté de la famille et il acceptait automatiquement ce statut d'infériorité. Sa forte attache à sa sœur préférée sur qui il fait une fixation au sens freudien du terme provoque en plus l'indignation de sa famille à son égard. [...]
[...] Nous sommes anti-vie et pro-mort quand nous faisons le jeu des politiciens, des mercantis et des exploiteurs. Nous faisons leur jeu parce qu'on nous a appris à rechercher la vie d'une façon négative, nous adaptant humblement à une société autoritaire et nous apprêtant à mourir pour les idéaux de nos maîtres. Les gens ne meurent par amour que dans les romans ; dans la réalité, ils meurent par haine. Tout cela répond, en l'homme, à un besoin de s'identifier à la masse. [...]
[...] C'est le triomphe de la misère et de l'égoïsme. Les années de guerre scellent pour lui le constat de la faillite de toute notre civilisation : Au cours de ma vie, j'ai vu deux guerres mondiales et je pourrais fort bien en voir une troisième. Des millions de jeunes sont morts dans ces guerres. Quand j'étais jeune garçon, on mourait pour la cause de l'Empire en Afrique du Sud. De 1914 à 1918, ils moururent pour mettre fin à toutes les guerres De 1939 à 1945, ils moururent pour écraser le fascisme. [...]
[...] Presque tous détestent les mathématiques. De plus je pense des mathématiques ce que je pense du latin et du grec : quel est le but de l'enseignement des équations algébriques à des garçons qui répareront des automobiles ou vendront des cravates ? NEILL préfère également ignorer toute didactique disciplinaire dans son école: Nous n'avons pas de méthodes nouvelles parce que nous ne pensons pas que, dans l'ensemble, les méthodes d'enseignement soient très importantes en elles-mêmes. Il importe peu que telle école enseigne la division à plusieurs chiffres par telle ou telle méthode. [...]
[...] L'homme, ses influences et son cheminement vers une réponse radicale à la question comment élever les enfants ? »(Remarque sur le titre de son plus célèbre ouvrage: a radical approch to child rearing et non pas to education ! livre pour parents et éducateurs) A. Eléments biographiques constitutifs de la pensée pédagogique de NEILL Dès 1914, dans son premier journal, NEILL constate que, croyant découvrir sa philosophie, c'est lui-même qu'il découvre. Son vécu se trouve en effet au centre de sa pensée qui s'est construite farouchement contre ce qu'il a pu connaitre voire subir lui-même. [...]
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