L'intérêt de l'histoire des idées pédagogiques pour l'éducation

Résumé du document

Penser la pédagogie ? Pour un éducateur en formation, cela semble être la base du métier : apprendre à éduquer. Mais une fois confrontées à la réalité du terrain, aux apprenants, les choses changent. Au contact du terrain, l'éducateur peut se trouver démuni, obligé d'improviser, de parer au plus pressé, à l'instar d'un jeune parent. Il en revient même à se poser la question : à quoi sert l'étude des "idées pédagogiques" ? La pédagogie semblant résolument orientée vers le concret, non vers le travail académique.

Raisonner ainsi est une erreur. L'histoire des idées pédagogiques ne se détourne pas des méthodes et de la pratique. Au contraire, l'histoire des idées apporte un éclairage sur deux aspects : l'histoire des institutions et celle des méthodes. Autrement dit, elle met en lumière des expériences marquantes de l'éducation, en mettant l'accent sur les pratiques et leur contexte : au sein de quel type d'institution cette pratique prend-elle place ? Par exemple, la pédagogie de Pestalozzi, orientée sur la pratique, notamment agricole, prend sens au sein de l'institution qu'il a fondé : le Neuhof, un domaine rural.

L'histoire des idées a un objectif double : d'abord comprendre et mettre en relation au sein d'un triangle pédagogique l'apprenant, l'enseignant et le savoir. Ensuite, constituer un repère d'action pour les générations suivantes, évitant ainsi, comme le dit L. Chalmel, "de réinventer la roue à chaque génération". Pour l'illustrer, imaginons un match entre deux pédagogues : Gustave Monod et Pauline Kergomard.

Extraits

[...] Aller plus loin J-H Pestalozzi (1799), Lettres de Stans, plusieurs rééditions possibles. Sous la direction de Ferdinand Buisson, Dictionnaire de pédagogie, Robert Laffont Jean Amos Komesky dit Comenius Johann Henrich Pestalozzi Louis-Frédéric François Gauthey Pauline de Meulan Guizot Maria Montessori Pauline Kergomard Gustave Monod Dates 1592-1670 1746-1827 1795-1864 1773- 1827 1870-1952 1838-1925 1885-1968 Nationalité Morave (tchèque) Suisse Suisse Française Italienne Française Française Statut Philosophe enseignant et pédagogue Directeur d'écoles et d'instituts pour enfants pauvres Pasteur et pédagogue Écrivaine jeunesse puis sur la morale et l'éducation Pédagogue et médecin Inspectrice générale des écoles maternelles Philosophe, Pédagogue et politicien Concept particulier L'enseignement par le jeu, pour tous et toutes Apprendre le concret avant l'abstrait L'école doit être une famille et l'étude doit être attrayante L'éducation morale est entre les mains de la famille et elle doit s'appliquer à toutes les conditions L'éducation est le fruit d'une méthode, avec pour objectif le développement personnalisé et naturel de l'enfant L'éducation est d'abord familiale. [...]

[...] Kergomard ne renierait sans doute pas cette idée. Ce qui est intéressant, c'est qu'elle y est arrivée par un autre chemin et qu'elle apporte un autre angle de vue. Monod a été marqué par les hommes qu'il a rencontrés (durant la guerre), Kergomard l'a été par les enfants, rencontrés dans les salles d'asile[3]. Elle rejette cette institution « qui humilie les pauvres et éloigne les plus aisés[4] » et qui a un aspect trop carcéral (« comme dans une prison, elle les a fait marcher tous soudés [ ] par les épaules en longues chaînes [ ] comme des forçats[5] »). [...]

[...] L'intérêt de l'histoire des idées pédagogiques pour l'éducation Penser la pédagogie ? Pour un éducateur en formation, cela semble être la base du métier : apprendre à éduquer. Mais une fois confrontées à la réalité du terrain, aux apprenants, les choses changent. Au contact du terrain, l'éducateur peut se trouver démuni, obligé d'improviser, de parer au plus pressé, à l'instar d'un jeune parent. Il en revient même à se poser la question : à quoi sert l'étude des « idées pédagogiques » ? La pédagogie semblant résolument orientée vers le concret, non vers le travail académique. [...]

[...] Présentation des protagonistes P. Kergomard est une autrice du XIXe siècle principalement. D'abord institutrice, elle gravira les échelons jusqu'à devenir inspectrice générale de l'école maternelle, institution qu'elle contribuera à créer. G. Monod peut moins facilement être qualifié d'auteur, car il a peu d'ouvrages à son actif. C'est un homme de cabinet. Ancien enseignant de philosophie, il est attaché au caractère démocratique de l'enseignement. Il a participé au plan Langevin-Wallon (1944). [...]

[...] Respecté de son vivant, il a mené des réformes de l'éducation dans différents pays (Angleterre, Suède) 3 pôles d'éducation (Cœur/sentiments, Tête/pensée et mains/action) Pas le plus innovant, met à profit le travail de ses prédécesseurs et contemporains Pas une théoricienne de l'éducation, elle ne cherche pas à bâtir un « système éducatif » À milité pour l'éducation des enfants avant l'âge de 6 ans Elle a contribué à substituer l'école maternelle aux salles d'asiles Gustave Monod a été influencé par son expérience des tranchées Monod, Circulaire du 20 aout 1945, repris dans les cahiers pédagogiques (N°78) Anne Ruolt. L'héritage pédagogique de Gustave Monod (1885-1968) ou quelle(s) filiation(s) pour l'éducation Nouvelle ? Eduquer/Former, Institut supérieur de pédagogie Ancêtre de l'école maternelle Pauline Kergomard, Les écoles maternelles (anciennes salles d'asile), monographies pédagogiques. Exposition universelle de 1889, Paris, Imprimerie Nationales p.14 Idem Monod, Rapport au congrès du Christianisme d'après Canguilhem P18 Monod P12-14 Pauline Kergomard (1886/1889). [...]