L'instruction civique se propose traditionnellement d'enseigner les connaissances élémentaires sur les institutions politiques d'un pays et les règles de comportement social qui leur correspondent. Ainsi définie, elle ne devrait pas être source de débats passionnés aux enjeux lourds.
[...] La France n'échappe pas à ces hésitations depuis un quart de siècle, sans avoir réussi à lui donner une place indiscutée. Certaines critiques insistent sur le fait qu'il est illusoire de vouloir initier, dans un système éducatif régi par la compétition, la sélection et la discrimination, aux valeurs de citoyenneté que sont la participation critique, la tolérance, la solidarité. L'effort important d'explication fourni par le ministère de l'éducation nationale montre à l'évidence que l'instruction civique est un sujet susceptible d'être 2 passionnel au sein de la société française dans son ensemble, mais aussi à l'intérieur de la communauté éducative. [...]
[...] Il ne peut, en effet, y avoir d'adhésion à un quelconque civisme sans un minimum de représentation tangible du projet de société invitant à vivre en tant que citoyen [ Dans son rapport consacré à l'étude de ces courants d'idées, le Conseil supérieur de l'éducation souligne que c'est le courant le plus récent et il émerge comme une voie d'avenir permettant de dépasser l'exacerbation de l'ethnicité d'une part et, d'autre part, l'écrasement des identités différentes sous le poids de l'identité collective traditionnelle de la société d'accueil». Les souverainistes québécois ont ainsi le projet d'utiliser l'instruction civique comme une arme politique au service de leur projet. Ils réhabilitent à leur manière l'instruction civique en lui conférant une noblesse républicaine incontestable. La trahison peut être le fait d'une intelligence supérieure, entièrement affranchie des idéologies civiques écrivait Paul Léautaud dans Passe-temps. [...]
[...] L'enseignement moral et civique s'est ensuite progressivement étiolé et n'a pas résisté à la vague contestataire de 1968. En 1977, dans le cadre de la réforme dite Haby il fut supprimé de l'enseignement secondaire et élémentaire, et remplacé par une éducation morale et civique réduite à la dimension relationnelle et à l'organisation institutionnelle et politique de la France et dépourvue de place précise dans l'horaire. Un programme d'éducation civique fut rétabli par Jean-Pierre Chevènement en 1985, alors ministre en charge de l'éducation nationale, à l'école élémentaire et au collège, où il doit être enseigné une heure par semaine dans chaque classe, mais non au lycée Cette restauration n'a pas été exempte de débats, ce qui a conduit à en modifier l'enseignement. [...]
[...] En réalité, elle permet de mettre en lumière les conceptions politiques, bien au-delà des théories sur l'enseignement, l'école ou la pédagogie. Parfois présentée comme réactionnaire, nationaliste, moralisatrice, répressive, elle compte de nombreux détracteurs pour qui son enseignement n'est pas compatible avec un enseignement moderne. Elle a cependant, depuis une quinzaine d'années, des défenseurs ardents qui considèrent qu'elle est indispensable à l'éducation de chaque citoyen, dès son plus jeune âge, car elle permet de comprendre ce que sont la République, la démocratie, la citoyenneté, la vie en société. [...]
[...] Tout en délivrant des connaissances, l'instruction civique diffuse alors un message avant tout patriotique, combinant l'inculcation des devoirs et celle des droits, constituant parfois également un apprentissage de valeurs démocratiques. Le civisme se distingue difficilement de la morale, le premier développant surtout le volet social et collectif de la seconde. En France, l'instruction morale et civique est devenue matière d'enseignement obligatoire à l'école primaire en 1882, au moment où était supprimé l'enseignement religieux dans les écoles publiques. Son avènement symbolise une avancée de la laïcité. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture