La question qu'on se pose immédiatement est celle de savoir par quels moyens intervenir sur la qualité du travail effectué par les élèves ? La réponse à cette question ne peut s'extraire du cadre scolaire, c'est à dire que les élèves ont l'obligation de fournir un travail demandé par l'enseignant et celui-ci d'évaluer leur travail fourni. Mais il existe, comme nous l'avons rappelé précédemment, une large partie de travail non explicité et non prescrit, laissé à l'initiative des lycéens. Toujours dans ce cadre scolaire, il semble évident que les notes produites par l'enseignant sont un moyen indirect, et imparfait, d'agir sur l'implication des élèves dans les apprentissages. C'est ce que montre le travail de Philippe Perrenoud Métier d'élève et sens du travail scolaire (2004). Cet auteur met en avant les stratégies et les ruses des élèves face au travail et aux notes produites par leurs enseignants. C'est pourquoi il utilise le terme de « métier » pour parler du comportement des élèves. Ce « métier d'élève » correspond également à un rapport instrumental aux notes, pesant le gain de points escompté grâce à une quantité de travail donnée. Par conséquent, si les notes sont de façon indéniable un levier sur la mise au travail des élèves, elles ont un impact limité pour la raison que les élèves modulent leurs efforts en fonction des enjeux qu'ils se font de la discipline et des notes. Nous verrons en quoi cette limite peut constituer une véritable contrainte à notre projet de faire progresser les élèves dans la qualité et l'autonomie de leur travail. Une autre limite que nous pouvons énoncer d'emblée est celle des conditions pratiques (gestion de l'avancement dans le programme, gestion de la classe notamment) qui permettent ou non de mettre en place des activités pour faire progresser les élèves.
Cependant, nous faisons l'hypothèse que la mise en place de séquences de travail favorisant l'autoévaluation par les élèves de leurs compétences, permet d'une part de limiter leur comportement maximisateur face au travail et, d'autre part de leur donner davantage les moyens de progresser dans leurs apprentissages. D'une certaine manière il s'agit de compléter le métier d'élève par la pratique de l'autoévaluation en faisant prendre conscience aux élèves de l'intérêt que cette démarche représente pour eux. L'autoévaluation doit correspondre avec la mise en place d'évaluations tournée vers la formation, ce qui permet également de limiter le strictement calculateur des élèves face aux notes.
[...] Cependant, nous ne pouvons généraliser ce cas particulier, même si toutes les synthèses faites à la maison étaient plus complètes que celles faites en classe. D'autre part, le fait que les élèves fassent leur synthèse en dehors des heures de cours ne leur permettait pas de revenir sur un point mal compris avec notre aide. Cette question n'est pas tranchée, car il nous semble néanmoins que les conditions de travail en classe ne sont pas favorables à l'écriture d'une synthèse. [...]
[...] Cependant le texte que nous avons donné à travailler n'a pas été étudié en profondeur, en raison peut être des stratégies de limitation du travail chez nos élèves. Certains m'ont expliqué que cette démarche allait diminuer leur travail de révision, c'est- à-dire qu'en somme ils allaient moins réviser. Cela démontre deux choses. D'une part nos élèves ont des difficultés à analyser et à comprendre les documents étudiés, d'autre part, ils ne sont pas très engagés dans ce travail d'appropriation et ont une mauvaise appréciation des attentes qui leurs sont faites. [...]
[...] Certains de nos élèves étaient peu sûrs d'eux, cherchant sans cesse l'aval des camarades ou de nous même avant de répondre aux questions en devoir. Ce brouillon peut donc être un moyen de rassurer les élèves et du coup d'obtenir des réponses plus personnelles, qui reflètent plus exactement leur réflexion et leurs connaissances. Cette année nous avons pris conscience du rapport de force qu'il y avait avec nos élèves. Ce rapport peut être perdant pour les deux parties. Les élèves travaillent trop peu et cherchent à tricher, le professeur donne des sanctions, sans pouvoir rompre avec ce comportement. [...]
[...] Pour pouvoir mesurer l'impact de ce dispositif sur le comportement des élèves et leurs résultats, nous avons décidé d'appliquer ces nouvelles consignes à la classe de seconde et de maintenir avec la seconde 7 les consignes qui avaient prévalues auparavant. La seconde 7 serait donc notre classe-témoin. Pour les deux classes, nous avons annoncé le devoir dix jours plus tôt, mais aux élèves de seconde 9 nous avons parlé du fait qu'un des documents du devoir leur serait donné une semaine à l'avance avec également trois des quatre questions de cet exercice. [...]
[...] Or ce type d'évaluation repose en grande partie sur l'inconnu, c'est-à-dire sur des critères difficilement repérables avec des questions parfois piège, ou nettement plus difficile que les autres, qui limitent le nombre d'élèves susceptibles de réussir l'évaluation. C'est la thèse d'André Antibi dans son ouvrage La constante macabre (1988). Ces questions pièges ont pour fonction de répartir les notes de façon à respecter une courbe de Gauss, c'est-à-dire une courbe ayant la forme d'une cloche. Une manière d'encourager les élèves à préparer le texte chez eux, aurait été de leur demander de répondre aux questions sur un brouillon. En effet, nous avons demandé aux élèves s'ils avaient lu et répondu aux questions. [...]
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