« La prison ; c'est l'image d'une société qui se défend contre celui-ci qui n'a pas joué son jeu, qui n'a pas respecté ses normes. Pour ce, la prison a son arsenal d'exigences, de contraintes, de forces : privation de liberté, règles, codes, lois, disciplines […].
L'école, c'est le savoir, le savoir-faire, le savoir-être au service de la personne humaine. Raison ou raisonnement, expression de soi ; droit à penser, rêver, inventer, créer ;droit au plaisir, à la réalisation du moi par la poésie, la lecture ; la musique, l'art, les sciences .
Société et personne ; nous sommes au cœur de la contradiction dans laquelle se débat l'école, à savoir : aider l'être à s'accomplir et le préparer à entrer dans la société.
Homme libre et homme d'une société : l'antinomie éclate en prison mieux que partout ailleurs » .
L'institution de la Justice et celle de l'Education Nationale sont les deux piliers fondamentaux de notre société.
La première se prononce sur les droits de chacun ; elle a le pouvoir de punir ou de récompenser. Le milieu pénitentiaire est monde encore inconnu ou mal connu. Il fascine, attire, rassure ou repousse. Personne ne peut être neutre fac à la prison. Tout au long de son histoire, la prison, son rôle, sa mission a fait débat.
L'Education Nationale, elle, est chargée de l'organisation, de la direction et de la gestion de tous les enseignements. L'éducation est jugée indispensable au développement de la personnalité et à la participation à la société.
Cette recherche va tenter de retracer la rencontre de ces deux institutions, qui le fruit d'une longue gestation fait de l'histoire et de l'évolution de chacune.
L'enseignant va devenir, dans les murs des prisons, un représentant de la société civile garant du droit à l'enseignement pour tous les citoyens.
L'école va devenir peu à peu l'un des premiers grands partenaires de l'Administration Pénitentiaire.
Tenter de retracer l'enseignement en milieu pénitentiaire dans son contexte historique suppose une étude qui prend en compte l'évolution et les missions qu'a assignées la société à ces deux institutions.
L'application d'un projet éducatif dans un milieu fermé pose la question des conceptions originelles de l'individu face à ces deux institutions, Justice/ Education Nationale.
C'est dans cette perspective que ma réflexion et mon questionnement vont s'inscrire :
*Comment le dispositif d'enseignement général s'est il développé, diversifié et adapté aux conditions spécifiques que nécessite la prison ?
*Pourquoi ? Pour répondre à quels besoins ?
*Comment l'école et l'enseignement ont-ils pris place dans le quotidien carcéral ?
*Qu'est-ce que cela a changé dans l'univers carcéral ?
*Comment est-on arrivé à une coexistence, une collaboration de ces deux institutions ?
Cette étude va se baser et s'appuyer uniquement sur des lois, décrets et rapports. De ce fait, cette recherche sera orientée exclusivement sur des supports législatifs.
La première partie retracera la transformation des représentations que les enseignants ont eue de leurs missions, à travers l'histoire et les publics rencontrés, en fonction de l'évolution des démarches, des outils et des méthodes pédagogiques.
*Comment les missions éducatives de l'école républicaine ont-elles pu se déplacer hors de la sphère « classe/enfants » ?
Cette partie va permettre d'éclairer la question du : Pourquoi un instituteur en prison ?
Il s'organisera, dans la deuxième partie, un bref historique de l'évolution de la punition et de la mission que l'état assigné à sa prison.
Il s'agit de montrer, la mutation des représentations sociales sur les détenus.
*Quelles ont été les évolutions dans le domaine de la prise en charge des détenus ?
Cette partie se termina au moment de l'introduction des enseignants de l'Education Nationale, corps étranger, dans l'univers pénitentiaire, et sur le tournant capital dans la conception punitive de l'enfermement
Puis, l'histoire de la collaboration entre l'Administration Pénitentiaire et de l'Education Nationale de 1950 à la signature de la première convention interministérielle sera détaillée dans la troisième partie.
*Comment l'Education Nationale a pris une place au sein des structures pénitentiaires ?
*Quelle a été l'évolution de sa mission ?
*Quelles missions éducatives en milieu carcéral ?
Enfin une dernière sous partie concernera l'état actuel de l'enseignement en milieu pénitentiaire
*Au travers de quels dispositifs permet-on le fonctionnement de l'enseignement en milieu carcéral, aujourd'hui ?
*Quelles priorités se fixent l'Education Nationale et comment va-t-elle les mettre en œuvre pour offrir à cette population une certaine ouverture sur le monde alors qu'elle évolue dans un milieu fermé ?
*Quelles sont les structures mises en place pour répondre au besoin de cette population particulière ?
[...] Rapport de l'inspecteur général de l'Instruction publique Roger adressé à M.Monzie, Ministre de l'Education Nationale,Cours complémentaires de l'Ecole publique, 1932-1933 Etat de New York Ce dernier a été incarcéré à Fresnes pendant la guerre et a pris conscience de l'état déplorable de l'univers carcéral Note du 11 octobre 1960 de Monsieur de Directeur de l'Administration Pénitentiaire à Messieurs les Directeurs régionaux des services pénitentiaires, cahiers de Suresnes ? Ce statut de détachement est explicité par la suite Professeur d'Enseignement Général de Collège Idée de son garde des sceaux J. Lecanuet Le monde Un article voisin du récit de la visite présidentielle révèle que le président s'est ensuite éclipsé à Sain Jean Cap Ferrat afin de prendre quelques jours de repos Voir LEXIQUE CAEI : Certificat d'Aptitude à l'Education des Enfants et des adolescents Inadaptés. Circulaire A.P .G.2. [...]
[...] L'archive IV est extraite du Rapport annuel de l'Administration Pénitentiaire. Elle présente une série de résultats concernant l'enseignement en prison. Cette archive est intéressante car elle nous permet de situer l'état de l'enseignement avant la première convention interministérielle. Le 28 octobre 1992, une note de rentrée de service de l'enseignement, signée conjointement par la direction des écoles, la direction des lycées et collèges et la direction de l'Administration pénitentiaire énonce et met en place quelques objectifs prioritaires : -La lutte contre l'illettrisme -La participation et prise de responsabilité des enseignants dans l'élaboration et le suivi des plans locaux de formation -La pratique de reconnaissance des acquis pour les plus bas niveaux et la recherche de validation pour les plus qualifiés -La recherche des dispositifs adaptés au contexte carcéral, pour les pratiques d'évaluation des compétences et l'expérimentation d'outils pédagogiques de formation d'adultes. [...]
[...] Ils ne pouvaient se baser que sur la définition de l'enseignement en milieu pénitentiaire fixée dans le code de procédure pénale. Ainsi les objectifs éducatifs du Ministère de la Justice se déclinaient de la manière suivante : -Améliorer le niveau d'instruction et lutter contre l'illettrisme et pour l'alphabétisation (Art D.452) Favoriser l'obtention des diplômes (Art D.455) -Développer le jugement -Améliorer le comportement -Préparer à la réinsertion sociale et professionnelle par la facilitation des études et l'acquisition d'une culture générale (Art D.450 et Art D.454) La collaboration et la coordination entre les deux instances ont commencé à devenir de plus en plus grande. [...]
[...] De nombreuses autres organisations se sont intéressées au traitement des détenus. Ainsi, le premier congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants s'est tenu à Genève en 1955. Il va adopter l'article 77 de l'ensemble des règles minima pour le traitement des détenus. Les règles et principes fondamentaux sont les suivants : Des dispositions doivent être prises pour développer l'instruction de tous les détenus capables d'en profiter, y compris l'instruction religieuse dans les pays où cela est possible. [...]
[...] Ainsi La loi du 15 mars 1850 nous affirme que : [ ] des écoles primaires communales pour adultes de plus de 18 ans et pour apprentis de plus de 12 ans sont prévues. Le conseil académique, désigne les instituteurs chargés de les diriger Les instituteurs sont donc reconnus pour enseigner à des publics adultes. En 1863, Napoléon III appelle Victor Duruy au ministère de l'instruction publique. Il crée l'enseignement spécial préparant aux professions agricoles, industrielles, commerciales. C'est une orientation plus ou moins pratique que l'on donne dans l'enseignement spécial. L'importance de cet enseignement tient à la conjoncture économico- technique. Duruy pense l'instruction en termes d'investissement prioritaire. [...]
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