A la fin du dix-neuvième siècle, lors des débuts de la Troisième République, l'enseignement (et plus particulièrement l'enseignement de l'histoire) joue un rôle de ferment de l'esprit républicain. De même qu'on peut parler d'un « moment Guizot » et que l'on pourrait parler d'un « moment Duruy », il y a, à la fin du XIXe siècle, « un moment Lavisse ». Ce personnage symbolise, sans doute pas à lui seul, mais mieux que tout autre, le système de l'histoire qui se met en place, dans toute sa complexité et ses interactions.
La place importante d'Ernest Lavisse dans l'enseignement en France lui a valu le titre « d'instituteur national » de Pierre Nora. Un instituteur est bien sur la personne chargée de l'instruction, de l'éducation, ce qu'est Ernest Lavisse, puisqu'il a aussi bien été le précepteur du Prince Impérial, que professeur à la Sorbonne ou Directeur de l'Ecole Normale. Mais, le mot désigne aussi une personne qui « institue » quelque chose, et Ernest Lavisse peut être, dans ce sens aussi, qualifié d'instituteur : il a mis en avant les prémices d'une pédagogie de l'histoire et a participé à réformer les facultés, ce qui a contribué d'une certaine manière à instituer la Troisième République.
Il s'agira donc de voir pourquoi et comment Ernest Lavisse, a pu joué ce rôle d'acteur essentiel de l'enracinement de la République et de la formation du sentiment national.
Pour répondre à cette problématique, nous étudierons successivement la place grandissante de l'histoire dans les programmes scolaires et la vision originale de l'histoire et des études historiques d'Ernest Lavisse. Enfin, nous verrons que l'enseignement de l'histoire participe à l'enracinement du sentiment national et d'un esprit de revanche.
[...] et donc de formation de bons citoyens et surtout de bons soldats Introduction A la fin du dix-neuvième siècle, lors des débuts de la Troisième République, l'enseignement (et plus particulièrement l'enseignement de l'histoire) joue un rôle de ferment de l'esprit républicain. De même qu'on peut parler d'un moment Guizot et que l'on pourrait parler d'un moment Duruy il y à la fin du XIXe siècle, un moment Lavisse Ce personnage symbolise, sans doute pas à lui seul, mais mieux que tout autre, le système de l'histoire qui se met en place, dans toute sa complexité et ses interactions. La place importante d'Ernest Lavisse dans l'enseignement en France lui a valu le titre d'instituteur national de Pierre Nora. [...]
[...] Une place grandissante de l'enseignement de l'histoire dans les programmes scolaires Évolution de l'enseignement de l'histoire dans les programmes scolaires L'enseignement de l'histoire se renforce dans le secondaire où elle était déjà bien présente. L'organisation générale des programmes d'Histoire et de Géographie du secondaire n'évolue que peu depuis les années 1830 : sous l'Empire, elle est de deux heures ; et au début des années 1870, elle est de trois heures. Une importante polémique est accordée à l'enseignement ou non de l'histoire très contemporaine, qui semble trop proche des individus. [...]
[...] Mais, en 1896, Lavisse est aussi l'un des rédacteurs de la loi Poincaré qui réforme l'enseignement supérieur et crée les universités provinciales (là encore, le modèle de l'Allemagne est très présent). Destinée, au premier chef, à faire de ceux qui travaillent dans leurs facultés un corps digne de ce nom, la réforme universitaire ne peut, selon ses promoteurs, que profiter aux autres ordres de l'instruction publique. La réforme de la licence, en 1880-1881, est clairement voulue par ses promoteurs comme un moyen de mieux préparer les futurs professeurs. [...]
[...] Lavisse inaugure, par exemple, chez Armand Collin, en publiant La première année d'histoire de France (1876). Un effort est fait pour varier la typographie et la mise en page. Les illustrations et les cartes se multiplient, au point que le texte se réduit parfois à un commentaire des images. Le souci mnémonique reste très présent : on épargne toute réflexion à l'élève ; la réponse aux questions nombreuses est donnée explicitement dans le texte auteur. S'il n'est pas sûr que les manuels trônent sur les tables, toute classe, en revanche, affiche une carte murale de la France : c'est une obligation. [...]
[...] Cet engagement national a d'ailleurs été très probablement atteint à la veille de la Première Guerre mondiale. Bibliographie - BIZIERE J. M., VAYSSIERE P., Histoire et historiens, Hachette Supérieur, Carrée Histoire, Paris - GARCIA Patrick et LEDUC Jean, L'enseignement de l'histoire en France, de l'Ancien Régime à nos jours, Armand Colin, collection Paris - LEON Antoine, Histoire de l'enseignement en France, PUF, Que sais-je?, Paris - PROST Antoine, Histoire de l'enseignement en France 1800-1967, Armand Colin, Paris - Conférence de Bérénice Chalot. [...]
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