Chaque individu est concerné par l'école, à travers sa propre histoire ou par la place du système scolaire au sein de la société. L'échec scolaire, thème de ce dossier, touche chaque famille, de près ou de loin. Dans le langage commun, l'échec s'oppose à la réussite. Cependant, le sens et les conséquences de l'échec et de la réussite varient en fonction du degré d'exigence scolaire des parents, de l'état du marché de l'emploi, etc. L'opinion publique perçoit l'échec scolaire comme le signe avant-coureur d'un échec social. La forte connotation négative du terme « échec » a poussé l'administration scolaire à parler d'enfants en ‘difficulté scolaire' pour désigner les élèves qui échouent dans leur cursus scolaire.
L'échec scolaire est un objet d'étude très vaste. Ceci permet aux spécialistes d'aborder cette question de différentes manières. L'accent peut être mis sur les difficultés d'apprentissage (problèmes cognitifs, manque de compétences), sur les difficultés d'adaptation à la structure scolaire (comportements et relations difficiles), sur les procédures d'élimination ou de relégation (redoublement, placement dans une structure ou une filière dévalorisée) ou encore sur les difficultés de passage d'un cycle à l'autre (non-accès au lycée ou à l'enseignement supérieur).
Pour évaluer l'échec scolaire, les différentes études utilisent des critères globaux :
- les évaluations nationales, qui indiquent le niveau de connaissances atteint en français et en mathématiques de tous les élèves en début de CE2 et de 6ième,
- les sorties du système scolaire sans qualification,
- le retard dû au(x) redoublement(s).
Le redoublement d'élèves en difficulté, à l'école primaire, sera notre sujet de recherche. L'intérêt pour ce sujet découle de notre étonnement face à une donnée pour le moins surprenante : 93% des enfants ayant redoublé au cours préparatoire (CP) n'atteignent pas le niveau de la seconde (RFP 67, p.14). Nous nous sommes alors demandé pourquoi le redoublement, qui est censé être une aide pour les élèves en difficulté, n'aboutit pas à une réussite, même relative. Nous nous intéresserons donc plus particulièrement à l'impact du redoublement, à l'école primaire, sur la carrière scolaire de l'élève.
En France, le système scolaire est construit de telle sorte qu'à chaque niveau ou classe correspond un âge dit normal. Tout élève ayant une, deux, voire trois années de plus que cet âge se trouve en retard scolaire. Cependant, ce n'est pas le retard scolaire en lui-même qui est directement signe d'échec, mais ce qu'il sous-entend : le ou les redoublements de classe. En effet, lorsqu'un élève prend du retard pour une cause externe (hospitalisation ou longue maladie), il ne se trouve pas nécessairement en échec. Nous ne prendrons donc en compte que les redoublements d'élèves en difficulté, qui n'ont pas « les connaissances requises pour accéder à un niveau supérieur d'enseignement ».
[...] Ces enseignants n'envisagent pas que le redoublement puisse être préjudiciable aux élèves et à leur carrière scolaire : 70% d'entre eux refusent de croire qu'il influe négativement sur la confiance que l'élève a de lui, de ses capacités. Ils sont convaincus des bienfaits du redoublement et, face à l'absence d'alternatives, ils sont persuadés de ne pas pouvoir faire autrement. Pourtant, le redoublement n'est pas universel! Les pays du Nord (Scandinavie, Danemark, Royaume-Uni) pratiquent la promotion automatique, tandis que les pays situés plus au Sud (Hollande, Allemagne, Belgique) proposent le redoublement en fin de cycle. [...]
[...] Les chercheurs nous montrent à quel point le redoublement est nocif pour les élèves, scolairement et psychologiquement. Pourtant, comme le notent Hutmacher et Walo (1993), les idées fausses et les illusions sur les soi-disant bienfaits du redoublement perdurent chez les enseignants, et même chez les parents Dans le paysage scolaire français, le redoublement a toujours été perçu comme un moyen de prise en charge des élèves en difficulté. Parce qu'il détient une valeur éducative, le redoublement est pratiqué par bon nombre d'enseignants qui le jugent utile, voire nécessaire. [...]
[...] Cette loi a permis de diminuer le nombre de redoublement en primaire. En effet, le taux de redoublement a considérablement baissé : pour le CP, il était de 22,1% en 1960, de 20,7% en 1970, de 15,0% en 1980 et de en 1995. Cependant, l'allongement de la durée de l'obligation scolaire fait que ce taux est considéré comme trop élevé. Aujourd'hui, différentes études révèle le fait que le redoublement n'apporte aucune efficacité au niveau des performances scolaires, que ce soit à court ou à long terme. [...]
[...] Pour conclure, ce qui semble ressortir de cet entretien c'est que la personne interviewée a abordé le thème du redoublement d'un point de vue très différent de ce à quoi je m'attendais. Ainsi selon moi, le redoublement dans cette institution ne concernant que des cas particuliers, cette notion n'était pas perçue de la même façon que si l'entretien avait eu lieu avec une enseignante pour qui le redoublement était quelque chose de très connu. Mais cela étant il y a eu un manque de pertinence de ma part dans mes relances et également des problèmes pour faire des liens entre ce qu'elle disait et ce qui pouvait être intéressant afin de répondre à la problématique de départ, aux hypothèses. [...]
[...] Levasseur (1983) démontre le caractère nuisible du redoublement du CP. Une population d'environ 2000 élèves a été soumise à des épreuves standardisées, en mathématiques et en français, correspondant aux contenus de formation à l'école élémentaire -cycle préparatoire- indiquées dans les instructions officielles de 1977. La double interrogation des mêmes élèves en juin (fin de CP) et en décembre (après un premier trimestre au CP ou CE1) répond au souci de ne pas considérer la première année de scolarité primaire comme la fin du cycle préparatoire, mais comme la première année du cycle des apprentissages fondamentaux. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture