L'échec scolaire est devenu un phénomène de société. Les élèves de tous ordres, y compris ceux des niveaux les plus élémentaires du système d'éducation ainsi que leurs familles, le considèrent comme un risque redoutable ou une triste réalité lorsqu'il les touche directement. Le problème est suivi de très près dans des réunions et conférences à l'échelle nationale et internationale; de leur côté, les administrations scolaires estiment alarmants les chiffres des échecs scolaires et ce qu'elles supposent être un indicateur du rendement et de la qualité des systèmes éducatifs.
Ce travail a pour but de décrire l'ampleur et les caractéristiques du problème de l'échec scolaire. La mauvaise réussite scolaire d'un enfant implique l'infériorité de son niveau d'acquisition scolaire par rapport au niveau des objectifs moyens de l'enseignant pour son âge. Dans cette situation, l'enfant doit effectuer un certain travail psychologique, il doit intérioriser l'échec et la différence de statut par rapport aux autres, les accepter et les gérer. L'échec scolaire affecte l'être dans sa totalité, aussi bien au niveau psychique que social.
Faut-il parler d'échec scolaire ou d'enfants en difficultés ? Ces deux notions sont intrinsèques, il est difficile de les dissocier l'une de l'autre. Il faut, néanmoins, éviter d'enfermer ces enfants dans une sorte de carcan, mais plutôt tenter de leur apporter une aide adaptée. On ne peut réellement parler d'échec scolaire que lorsque les difficultés se cumulent et demeurent figées.
[...] Souvent les consignes sont trop vagues, pas suffisamment cadrées. Le malaise de ces enfants traduit des malentendus, il leur manque les prérequis culturels présentés comme des évidences scolaires. Les enfants suivis ne comprennent pas ce qu'on attend d'eux, ni pourquoi l'école n'accepte pas leur façon d'être. Cela conduit à des ressentiments des enfants envers l'école et à la résistance qu'ils lui opposent de plus en plus fortement à la mesure de leurs échecs. Leurs difficultés cumulées montrent les obstacles que doivent surmonter les enfants dont les familles populaires ne partagent pas les évidences scolaires Ces évidences sont en réalité celles de la classe dominante. [...]
[...] En effet, le système scolaire français joue un rôle dans la constitution de l'échec scolaire. On propose une pédagogie identique, un enseignement plutôt normatif (programme, évaluation, examen ) à des enfants qui sont tous différents et qui n'ont pas le même niveau de maturation physique, intellectuelle, psychologique, et affectif. Chaque enfant a ses propres rythmes, et ils ne sont pas souvent respectés. L'éducation nationale ne semble pas encore prête à travailler sur ce point, la plupart des projets sur les rythmes scolaires étant en voie d'abandon. [...]
[...] Les échecs multiples contribuent à une baisse de la motivation et de la persévérance scolaire, dans ce cas le risque d'abandon scolaire est plus accru. Jetons maintenant un coup d'œil sur les exemples de dysfonctionnement du dispositif pédagogique que Bonnery remarque lors de son étude : Lors d'un cours de technologie en CM2 consacré aux circuits électriques, l'auteur met en évidence l'existence de malentendus sociocognitifs entre l'enseignant et l'élève concernant certaines activités intellectuelles. Le professeur présuppose la compréhension de l'élève là où ne se manifeste que docilité dans l'exécution des consignes. [...]
[...] l'incorporation au monde du travail de celui qui a été victime d'un échec scolaire ; 2. le financement du système d'éducation. S'il est vrai, certes, que le fait d'avoir fréquenté l'école, même pendant un temps assez court, assure toujours un certain niveau de connaissances, et que, dans ce sens, on ne peut considérer comme totalement perdus les efforts déployés par l'élève, ni les dépenses que cela suppose, il est évident que, dans la majeure partie des cas, celui-ci sera incorporé au monde du travail à des postes inférieurs et que son manque de formation se répercutera sur sa productivité. [...]
[...] L'échec scolaire, d'un point de vue politique, est avant tout l'échec d'un projet de société, et peut être relié au niveau de culture réellement atteint après une scolarisation obligatoire ou par la diversité de population dans les lieux de pouvoir et de décision. D'un point de vue humain et dans le cadre familial, l'échec scolaire est souvent un échec personnel pour l'élève ou collectivement partagé par les proches. Il peut causer des difficultés de construction de soi, de réalisation personnelle voire de structuration familiale. L'échec scolaire est lié à la distance entre l'ambition et la réalisation. Gérard Chauveau montre qu'une nouvelle expansion de la notion d'échec scolaire est née dans les années 1990 avec la montée du chômage. [...]
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