Accompagnement, collège, crise des banlieues
L'accompagnement éducatif au collège s'inscrit dans un mouvement plus large de relance de la politique d'éducation prioritaire. Or, cette relance fait suite à une crise sociale qui se manifeste particulièrement dans les banlieues. Démarrant à Clichy sous Bois en octobre 2005, suite au décès accidentel de deux adolescents dans une course poursuite contre la police, cette crise qui s'est rependue dans quasiment toutes les banlieues de France génère la nécessité de déclarer l'État d'urgence en novembre 2005 et de maintenir cet État pendant plusieurs semaines.
Tournant souvent à l'émeute, ces événements ont opposé les forces de l'ordre à des personnes qualifiées de ‘jeunes' sans plus de précision. Ce sont ces personnes que le ministre de l'Intérieur de l'époque Nicolas Sarkozy qualifie de ‘racailles' ou encore de ‘voyous' attisant de ce fait la violence des réactions et renforçant du même coup un regard déjà dégradé sur la jeunesse des banlieues. Or, cette jeunesse des banlieues qui se soulève est aussi celle qui a déjà connu presque 25 ans de politiques d'éducation prioritaire, 25 ans qui semblent n'avoir servi à rien, en particulier quand on constate que la plupart des violences urbaines furent dirigées contre des institutions y compris contre des établissements scolaires.
[...] Pour certains auteurs comme John Ogbu[66], le désavantage de ces enfants est à placer dans la manière dont ils sont traités par l'institution scolaire, dans le regard dont ils sont victimes et dans le fait que ce regard se fonde en grande partie sur des préjugés. Bien qu'on ait pu rappeler aux enseignants la nécessité de toujours porter un regard positif sur l'élève et l'importance de ne jamais se résigner , ce rappel s'enracine dans une logique contraire à ce qu'il préconise, ce regard positif devant être porté quelque soit la lourdeur du handicap scolaire de l'élève. [...]
[...] Xavier Darcos prend cependant le soin de citer sa source. Darcos Xavier, Discours de présentation du volet ‘éducation' de la dynamique ‘Espoirs Banlieues' février 2008, Ministère de l'Education Nationale ibid Circulaire 2008-080 du 5 juin 2008, BO n°25 du 19 juin 2008 ibid La circulaire précise Il peut également comprendre d'autres activités : approfondissement disciplinaire, lecture, atelier scientifique, travail sur projet interdisciplinaire, recherches documentaires, pratique des langues vivantes . ibid ibid ibid ibid Le public de l'accompagnement éducatif au collège est un public volontaire Titre du dossier concernant ‘l'accompagnement éducatif' disponible sur le site www.education.gouv.fr A ce titre, on peut évoquer les travaux de François Dubet et Danilo Martuccelli pour qui L'expérience collégienne est dominée par l'affirmation progressive d'un principe de subjectivation adolescente opposée aux logiques scolaires. [...]
[...] L'hétérogénéité du public est en effet un argument largement utilisé pour expliquer les difficultés rencontrées par le collège unique. Mais ces difficultés s'enracinent en réalité dans la complexité que représente la définition d'une école moyenne valable pour tous. C'est cette complexité qui traverse l'histoire du collège unique et qui donne le sentiment que ce dernier échoue. Pour reprendre la terminologie employée par Nathalie Mons[4], on peut dire que le collège unique en France naît suite à un ‘accouchement douloureux' et que sa remise en cause est précoce. [...]
[...] Ce temps supplémentaire passé à l'Ecole est alors à comprendre non comme un accompagnement à proprement parler mais comme un temps où les jeunes ne seront pas livrés à eux-mêmes et ne développeront pas, ou dans une moindre mesure, certains traits de la culture juvénile. On pourrait presque résumer cela grossièrement en disant que le temps passé à l'Ecole, ne l'est pas dans la rue, ni devant la télévision ou devant les jeux vidéo, plus le temps consacré à l'acquisition de la culture scolaire est long, moins les jeunes ont la possibilité d'investir les modalités de la culture propre à leur âge, plus ils sont sous la surveillance de l'institution moins ils peuvent intégrer ces valeurs dont on prétend qu'elles sont en opposition avec celles de l'Ecole[48]. [...]
[...] Ces résultats marquent les difficultés de l'école française et en particulier celles du collège. Non seulement les politiques d'éducation prioritaire menées depuis 1981 ont été infructueuses voir contre-productives, mais le nombre d'élèves en difficulté scolaire a augmenté et explique les mauvais résultats de la France à l'enquête PISA 2006. Contrairement au Japon où c'est la diminution du nombre de bons élèves qui expliquent le recule des résultats, en France comme dans d'autres pays de l'OCDE (l'Allemagne par exemple), c'est l'augmentation du nombre d'élèves faibles qui mène au ‘choc' provoqué par les résultats de l'enquête PISA. [...]
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