On voit, rien qu'à propos du sommeil, naître des exigences quant à la diversification des emplois du temps journaliers de nos écoliers. Il n'y a pas que le sommeil ; dans tous les actes de la vie se manifestent des différences dans les durées et les périodicités des activités. Il y a les lents et il y a les rapides ; on peut arriver à accélérer un peu les lents mais on n'en fera jamais des rapides et rien ne justifie qu'on les bouscule comme on le fait d'habitude ; on agit avec eux de façon très injuste et parfois cruelle : comme ce sont les rapides qui servent de modèles, les lents doivent prélever sur leurs loisirs et sur leur sommeil le temps supplémentaire qui leur est nécessaire pour suivre le train. C'est dans la pratique même du travail scolaire que l'existence des différences se révèle avec la plus grande acuité (...)
[...] Ironiser à propos de l'endettement de l'emploi du temps relève d'un contresens. Considérer le problème des rythmes scolaires à la grossière échelle des semaines et des mois détourne de la compréhension psychologique des apprentissages scolaires fondamentaux. Et Inizan ajoute ce commentaire à propos du mot rythme : Si " cadence " caractérise la simple vitesse de la répétition d'un élément, " rythme introduit l'idée selon laquelle ce qui se répète selon une certaine cadence est une structure. Ainsi on peut recourir à la notion de " rythme " pour caractériser la structure du comportement des écoliers en train d'apprendre à lire car l'irruption des moments de vigilance sur fond de rêvasserie s'effectue, pour chaque enfant écolier, de façon cyclique et avec une certaine stabilité , compte tenu des durées et des délais. [...]
[...] Il nous semble que les pratiques scolaires pourraient utilement s'inspirer de cette expérience. Nous avons maintenu jusqu'à présent dans notre exposé une distinction très nette entre activités scolaires et activités «autres». C'est une vision beaucoup trop schématique; c'est un point de vue de «grande personne : l'enfant, et surtout le jeune enfant en début de scolarité, n'établit pas de différence essentielle entre le travail et le jeu. Le bébé qui empile des cubes et recommence inlassablement jusqu'à ce qu'il réussisse à en empiler trois l'un sur l'autre, travaille-t-il ou joue-t-il? [...]
[...] Il en est de même pour les enfants, avec des oppositions encore plus marquées. La durée d'une période pendant laquelle un jeune enfant peut maintenir son attention sur un apprentissage scolaire du type classique est très généralement surestimée; on lit ou on entend souvent parler de quinze ou vingt minutes, ce qui n'a qu'un lointain rapport avec la réalité ou qui ne concerne que quelques sujets exceptionnels. Inizan a mesuré ce qu'il appelle activité laborieuse personnelle des écoliers au contact visuel de la langue écrite» (ALPECLE) et il nous dit : La succession de contacts visuels avec de l'écrit et de fuites dans la rêvasserie, si instructive, constitutive de ce qu'on peut appeler " rythme personnel d'apprentissage, ne se manifeste qu'à l'échelle des minutes . [...]
[...] Les séances d'entraînement sont plus ou moins longues et séparées par des intervalles plus ou moins longs. Les deux groupes de souris vont réagir à ces variations dans les rythmes d'apprentissage de façon diamétralement opposée : les souris du groupe B n'apprennent bien qu'au cours d'une longue séance unique et n'apprennent rien quand on les soumet à cinq séances de vingt-cinq minutes séparées par des intervalles de vingt-quatre heures. Les souris du groupe au contraire, atteignent un niveau de performance d'autant plus élevé que les intervalles qui séparent de courtes séances d'entraînement sont plus prolongés, avec un maximum de vingt-quatre heures. [...]
[...] Imposer, par contre, un changement de rythme brutal agit en sens inverse : c'est non seulement inefficace mais cela désorganise le fonctionnement du sujet et cela retarde son adaptation. A cet égard, le fait d'exiger du jour au lendemain d'enfants de 6 ans de rester immobiles et silencieux pendant quatre à cinq heures par jour, réparties en périodes de plus d'une heure, est leur imposer une épreuve insupportable au sens propre du terme. Voici, dans un domaine un peu différent, le récit d'une observation de Graf et Rutenfranz: Elle porte sur des adolescents que l'on initiait à des travaux de métallurgie. [...]
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