L'histoire de la catégorie des CPE, fiche de 10 pages
S'il est un métier qui, dans l'éducation nationale, a changé rapidement et profondément - en une trentaine d'années tout au plus - c'est bien celui-ci. Cette transformation est radicale, à tel point que les deux extrémités, le surveillant général (SG) et le conseiller principal d'éducation (CPE) n'ont plus beaucoup de points communs. La création Le décret du 17/11/1847 crée la fonction de surveillant général dans les lycées. La circulaire ministérielle du 20/12/1847 définit la mission. Les SG sont nommés par le ministre sur une liste d'aptitude ouverte aux répétiteurs ayant cinq années d'ancienneté.
[...] L'utilisation de cette codification a déterminé une juridicisation progressive de l'ordre scolaire. Les dernières directives administratives édictées en juillet 2000, sous le titre des nouvelles procédures disciplinaires, par-delà l'ambition de restaurer la paix scolaire, sont à cet égard emblématiques de la transformation de l'école " sanctuaire " en un champ social comme un autre, où s'appliqueraient les mêmes lois que dans le reste de la société. L'abandon de ce statut d'extraterritorialité de l'école s'est traduit pour les personnels scolaires par des obligations nouvelles : motivation des décisions relatives aux sanctions, substitution aux punitions traditionnelles - le zéro de conduite ou les pensums - de punitions légalement inscrites dans le règlement intérieur, interdiction des punitions collectives, respect de la proportionnalité faute/sanction, instauration d'un régime de " sursis " notamment en matière d'exclusion, effacement du " dossier " scolaire en fin d'année civile Si ces réformes peuvent être interprétées dans le sens d'une limitation des abus de pouvoir de l'administration scolaire et d'une reconnaissance du droit de recours des élèves et de leurs parents en cas de décision arbitraire, elles comportent aussi des dispositions qui visent une plus stricte règlementation des rapports sociaux, voire à une disciplinarisation du cadre scolaire. [...]
[...] Alors, arrivent les chocs pétroliers et la crise qui s'ensuit engendre le développement du chômage. Le doute et la crainte de l'avenir s'installent chez les adolescents. Leur désarroi grandissant finit par ternir le climat de la vie scolaire. A la fin de la décennie, les CE/CPE, mise a part la prise de conscience de l'importance du dialogue, ont peu évolué dans leur réflexion et dans leur pratique professionnelle. Ils constatent la fin des "idéologies utopiques" chez les jeunes et une généralisation de comportements désabusés. [...]
[...] Pour les CPE, la traduction de leurs missions dans ce cadre, se concrétise en 1982 : la vie scolaire, c'est ce qui contribue à " placer les adolescents dans les meilleures conditions de vie individuelle et collectives et d'épanouissement personnel Dans le jargon scolaire, l'espace vie scolaire est d'ailleurs rapidement assimilé aux bureaux des surveillants et du CPE. Ce concept, s'il modifie l'ordre scolaire en y introduisant la perspective éducative, et la logique des élèves, requalifie aussi les pratiques professionnelles : il fournit la substance à la catalyse de la professionnalisation, à une définition de pratiques spécifiques, non transitoires et en creux de l'action pédagogique. Il nourrit la réflexion sur le savoir-faire du CPE. [...]
[...] L'état fait un effort important en faveur des vacances de la jeunesse et donne des bourses et des subventions. Une association (loi 1901) est créée dans chaque académie pour coordonner ces activités : Association régionale des œuvres éducatives et de vacances de l'enseignement technique (AROEVET), qui a son siège au rectorat et pour président de droit l'Inspecteur principal de l'enseignement technique. Ces associations sont fédérées au plan national dans la FOEVET. Avec l'aide des AROEVET, des CET peuvent ainsi créer leur "camp d'ado" ou se grouper avec d'autres pour le faire ou participer aux centres de loisirs organisés par les AROEVET durant les vacances. [...]
[...] Dans ces nouveaux registres de régulation sociale, les CPE occupent un espace stratégique, au carrefour du juridique et du politique. Si leurs activités professionnelles sont fortement ancrées dans la socialisation à la loi et à la norme démocratique, elles demeurent assez éloignées d'une stricte définition pédagogique. Dans des contextes locaux particulièrement difficiles, elles sont souvent synonymes d'une forme de spécialisation sur les comportements déviants qui révèle les limites des stratégies de redéfinition de ce métier. C'est pourquoi une réflexion sur les pratiques et représentations témoigne plutôt des difficultés des conseillers principaux d'éducation à échapper au cadre disciplinaire, au sein d'un système où les modalités de régulation de l'ordre social sont marquées par les ambiguïtés sur les droits et la démocratie exercées. [...]
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