Vous ne vous interdirez pas de proposer des textes et / ou des documents complémentaires. Sans être déraisonnablement optimistes, nous pouvons supposer que les élèves de seconde ont déjà lu plusieurs romans, comme le recommande le programme du collège, la forme romanesque étant peut-être la plus accessible et faisant figure de passage obligé pour entrer en littérature.
Le corpus proposé couvre plusieurs siècles : le XVIIe avec un extrait de La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, le XVIIIe avec un passage de Manon Lescaut de l'Abbé Prévost et un autre des Confessions de Rousseau, le XIXe enfin avec deux textes de Stendhal extraits du Rouge et le Noir et de La Chartreuse de Parme, et un dernier provenant de L'Education sentimentale de Flaubert.
Ces textes correspondent au programme de seconde qui demande, entre autres, l'étude des genres et des registres à travers le récit, que les élèves doivent être capables de reconnaître. S'il n'y a pas de cohérence diachronique qui pourrait être à reconstituer sous la forme d'une évolution du roman, nous notons toutefois une cohérence thématique : ce sont des romans d'amour. Nous ne pouvons à proprement parler évoquer la cohérence générique, Les Confessions relevant de l'autobiographie, mais il faut relever la cohérence épidictique - en ce qui concerne le registre - ; le laudatif et même le blâme, très subtil chez Stendhal. Car il s'agit avant tout de "scènes de première vue" présentant le portrait de la femme aimée, abordé différemment selon les époques et l'esthétique dominante. N'oublions pas ici, encore une fois, les instructions officielles pour la classe de seconde demandant la construction de la notion de mouvement littéraire, notamment au XIXe siècle : Stendhal et Flaubert nous proposent deux approches bien différentes. Les textes de Madame de La Fayette et de l'Abbé Prévost nous permettront de revenir en les approfondissant sur les caractéristiques esthétiques du XVIIe et du XVIIIe siècles. Cela nous permettra d'aborder l'histoire littéraire et culturelle. Quant à l'objectif méthodologique, il reste lié aux épreuves de l'E.A.F.
[...] En effet, depuis l'ouvrage Et leurs yeux se rencontrèrent de Rousset, nous savons que la rencontre amoureuse se pérennise selon un schéma précis que je ferai découvrir aux élèves, aidée en cela par la phrase de Rousseau "je la vois, je l'atteins, je lui parle" qui résume la traversée de l'espace amoureux. Quant à la description de Madame de Warens, elle est pratiquement inexistante chez Rousseau : le lecteur sait seulement que sa beauté correspond aux canons esthétiques du siècle avec "de beaux yeux bleus pleins de douceur, un teint éblouissant, le contour d'une gorge enchanteresse." Cette économie de la description m'amène à faire prendre conscience aux élèves de la notion de roman d'analyse en m'attardant sur La Princesse de Clèves. [...]
[...] Je fais relever aux élèves l'accumulation d'interrogations et exclamations, et donc de la ponctuation affective de Clélia, particulièrement dans le dernier paragraphe, par exemple : "Hélas! le pauvre jeune homme ou encore : "Vous souviendrez-vous de mon nom à Parme ? Combien il me méprise à l'heure qu'il est ! Un mot poli était si facile à dire!". Ces phrases exclamatives et interrogatives sont mises au service de l'objectif du texte qui est l'expression lyrique du sentiment amoureux, ici dans son désarroi. [...]
[...] J'attends des élèves qu'ils remarquent la précision des détails, la description des vêtements, de la carnation et de la couleur de la chevelure de Madame Arnoux. Je désire montrer à la classe que les auteurs réalistes cherchent à donner l'aspect du réel - selon le principe de l'illusion référentielle - à leurs personnages afin que le lecteur participe à l'action et s'ébahisse, tout comme Frédéric Moreau, devant un simple "panier à ouvrage." La septième et dernière séance sera une évaluation sommative où je demanderai à la classe une écriture d'invention "à la manière de" avec comme objectif une première rencontre amoureuse au XXe siècle. [...]
[...] La question est la suivante : "Quelle évolution voyez-vous dans le roman à travers les trois extraits que nous venons d'étudier Ce bilan permettra d'établir une transition avec la quatrième séance consacrée aux deux textes de Stendhal et qui durera deux heures. L'objectif en sera de montrer l'évolution continue du genre romanesque au XIXe siècle : Stendhal voulait certes écrire comme le "code civil" mais il décrit en détails Julien Sorel et Madame de Rênal et ce, d'une manière bien particulière : chacun est vu à travers les yeux de l'autre, d'une manière fausse ou idéalisée, selon une description de type symbolique : voilà la préparation du mouvement romantique. [...]
[...] Je désire obtenir une définition du registre lyrique, notion essentielle de cette première autobiographie française. J'attends les termes d'emphase et d'hyperbole, le relevé de la ponctuation affective - phrases exclamatives par exemple - et du réseau lexical des affects, sans oublier l'énonciation et la centration sur le moi. Je m'attacherai ensuite à la description de Madame de Warens. Je tiens à faire prendre conscience aux élèves du stéréotype de la beauté féminine au XVIIIe siècle où se mêle une approche à la fois pudique et érotique qui ne craint pas d'évoquer le "contour d'une gorge enchanteresse.' Pour la séance suivante, je demande à la classe de lire l'extrait de La Princesse de Clèves en le comparant aux Confessions selon le questionnaire suivant : Quel est le point commun entre les deux extraits ? [...]
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