Loi Goblet, écoles normales, école des Arts et des Métiers, enseignement technique, loi Sée, Nouvelle Sorbonne, beaux-arts
La République n'est guère allée plus loin que cet investissement dans le socle primaire, se contentant après 1881 de transformer les salles d'asile en « écoles maternelles » qui n'accueillent en 1900 qu'un quart des enfants de 2 à 6 ans malgré le sens pédagogique d'une Pauline Kergomard à
l'origine de cette transformation.
Rien de neuf dans l'enseignement professionnel, laissé à l'apprentissage sur le tas chez un patron, aux écoles d'entreprise ou à l'enseignement catholique. Les écoles primaires supérieures prévues par la loi Goblet n'accueillirent que 70000 élèves durant leurs 15 premières années. Leurs
meilleurs élèves sont présentés au concours d'entrée des écoles normales, les autres deviennent petits fonctionnaires ou rejoignent les « cours professionnels » proposés par l'école des Arts et des Métiers, des Bourses du travail, des associations philanthropiques ou des Chambres de commerce et d'industrie.
[...] Les universités spécialisèrent leurs cursus en bâtissant des licences à certificats (1894), un diplôme d'études supérieures (1886) et en préparant au concours de l'agrégation réformé en 1885 qui recrutait les professeurs de lycées. Les étudiants furent alors mieux motivés et leur nombre passa de 10000 en 1875 à 41000 en 1914 à Paris). Les facultés de théologies furent supprimées, les facultés de médecine déjà surchargées furent rendues plus scientifiques et la recherche s'étoffa. Les facultés de droit s'ouvrirent timidement à l'économie politique. [...]
[...] La socialisation des arts ne fut pas négligée avec les réformes de l'enseignement du dessin en 1878 et en 1908. Les achats publics et les commandes officielles ne furent pas qu'orientés en faveur d'artistes pompiers L'art est délivré pour tous écrivit Paul Manz sur le catalogue de l'exposition célébrant le centenaire de la Révolution, et de fait, les beaux-arts administrés et libérés redoublèrent l'effet national de l'instruction et de la symbolique de Marianne. La République signifia qu'elle se voulait une culture et que l'Etat démultipliait volontiers les manifestations spirituelles de sa légitimité. [...]
[...] Un tiers des lycéens fréquentent les lycées privés. Seule l'irruption de quelques filles (35000 en 1914), fréquentant depuis la loi Sée des lycées publics séparés et un programme qui ne fut à parité avec celui des garçons qu'à partir de 1924, dynamise un peu ce système figé, grâce notamment aux succès notoires de bachelières candidates libres. L'enseignement supérieur est lui tenu solidement, quoique la règle fût là aussi libérale. Des universités furent bâties en province, et la Nouvelle Sorbonne à Paris fut achevée en 1889. [...]
[...] La poussée du service public d'éducation participe à une demande d'instruction qui sourd dans tous les milieux sociaux et qui entend faire participer le plus grand nombre à l'ascension sociale promise par l'enracinement de la République. Il y eut un développement des cours du soir, des œuvres parascolaires comme la Ligue de l'enseignement de Jean Macé, ces groupes studieux dans les Bourses du travail, des cercles populaires, ou, pour un temps, les universités populaires nées de l'Affaire Dreyfus. Cette mouvance, déjà à l'œuvre dans l'effervescence associative, engendra l'éducation populaire dans les années L'Etat, les communes et beaucoup d'associations offrent à cet appétit son premier aliment : le livre. Partout les bibliothèques sont réveillées. [...]
[...] Mon Village de Roger Thibault), signant sa victoire. La censure prit garde à ne pas toucher à la création (la censure théâtrale fut supprimée en 1906). L'Etat a surtout mis sur le même pied les beaux-arts que les sciences et lettres, dans un début de démocratisation de l'accès aux œuvres. Voulu dès 1875 par Henri Wallon et Jules Ferry, un Conseil supérieur des beaux-arts eut la charge, note Marie-Claude Genet-Delacroix, de socialiser l'art comme capital commun en orchestrant un service public laïcisé de diffusion artistique, car l'art comme le notait Ferry devait être protégé par l'Etat de l'industrialisé et l'Etat devait récompenser les formes de l'art les plus nécessaires au maintien des traditions nationales Cette politique culturelle avant la lettre a justifié son projet d'acculturation démocratique et nationale en se référant au suffrage universel, au devoir moral envers l'individu souverain, à l'impératif de la symbolique en république. [...]
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