En ce qui concerne la provenance du document 1, le titre de la source Paroles suivi d'un nom d'éditeur nous apprend qu'il s'agit d'une oeuvre complète de Jacques Prévert. C'est un poète célèbre, mais, en cas d'ignorance, on peut d'un simple regard sur la forme du texte, en déduire la nature. L'oeuvre complète citée ci-dessus est donc un recueil de poésies du même auteur, publié en 1946 ; toutefois, la date qui figure en bas de l'extrait indique que ce poème précis a été écrit en 1934. L'année de réédition en livre de poche n'a, pour sa part, aucune importance au niveau de l'information. On dispose aussi d'un renseignement plus accessoire, à savoir le nom de la personne à qui est dédiée cette poésie : Marianne Oswald dont on nous précise qu'elle est une amie de Prévert. (En fait, elle chantera plus tard ce texte, mais on s'en tient à ce qui est fourni) (...)
[...] Dans ces endroits confinés, les plus jeunes, souvent innocents, se confrontent à de vrais criminels, comme le note E. Bouchez. Il y a donc un climat de terreur, les plus redoutables régnant sur les plus faibles. À cela s'ajoute une maltraitance voulue par l'administration qui va des blessures physiques décrites par Prévert, au décès des enfants, ce que signale l'article de Télérama. Les pensionnaires sont mal nourris et le travail forcé est la règle, deux informations données par Prévert et Bourquin. [...]
[...] Bouchez, pour sa part, souligne l'indifférence de la population face aux décès des enfants de Belle Ile En Mer. Jusqu'à la révolte, en 1934, des petits colons de cette prison, les réactions sont peu nombreuses, en dehors du combat d'un journaliste, Louis Roubaud, cité par Bourquin et qui dénonce de véritables bagnes . Mais ce soulèvement des enfants de Belle Ile en Mer, raconté par Prévert et mentionné par Bourquin comme une étape essentielle, contribue, par la violence du drame, à faire évoluer les mentalités. [...]
[...] On entend ici la voix des chasseurs qui martèlent la poursuite de leurs cris. Les insultes étant au singulier, on comprend qu'elles s'adressent au seul enfant non repris et que les cinquante-quatre autres ont déjà été récupérés par les poursuivants. Le récit de l'action, fait au présent la plupart du temps pour rendre plus vivante cette battue, est conduit par Prévert qui s'exprime en témoin direct de ce qui se passe. Après une mise en place du décor dans les vers 2 et un lieu sans issue Tout autour de l'île il y a de l'eau, les dires du poète s'offrent comme autant d'explications données à une voix anonyme qui le questionne à intervalles réguliers. [...]
[...] Enfin se dessine, dans les trois documents, le constat de l'échec lamentable du tout répressif. Cette politique de redressement conduit les enfants à la révolte, à l'évasion, ou encore à une violence qu'ils exercent les uns sur les autres, comme l'écrit E. Bouchez. D'ailleurs, certains sont si rétifs à ce dressage qu'il faut finir de les mater dans des sections disciplinaires de l'armée, selon Bourquin. Le redressement ne fonctionne pas. Ces maisons de correction laissent d'autre part des séquelles durables sur ceux qui n'y meurent pas, voire sur leurs descendants, comme le montre le téléfilm : Ana qui n'a commis aucun acte répréhensible, hérite la fêlure de son père rendu mutique par ses années d'incarcération en maison de redressement, sa faute ayant été d'être orphelin. [...]
[...] L'arme majeure du dressage est le travail, non plus en tant qu'apprentissage, mais en tant qu'outil apte à mater les esprits forts. Au début du XXe siècle, par l'action combinée de la Troisième République, soucieuse d'éducation en général, et de comités de soutien aux enfants dans les tribunaux, on aboutit à la création du premier tribunal pour mineurs. Toutefois, cette mesure progressiste ne change rien aux maisons de redressement, devenues des bagnes dénoncés publiquement par un journaliste. Il est rejoint par d'autres en 1934, après la révolte des petits prisonniers de Belle île en mer, laquelle émeut l'opinion publique elle-même. [...]
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