Ce texte se présente à nous comme la retranscription des plus anciens statuts concernant l'Université de Paris au Moyen Age donné par Robert de Courson. Colette Beaune définit dans son ouvrage Education et Cultures, du début du XIIème siècle au milieu du XVème siècle, l'université comme « un établissement d'enseignement supérieur qui bénéficie d'un statut privilégié reconnu par un pouvoir universel (le pape ou l'empereur) et qui repose sur l'association de ses membres professeurs et étudiants tous bénéficiaires à perpétuité des mêmes libertés ».
Ce texte est en effet une série de statuts - ensemble de dispositions législatives ou réglementaires fixant les garanties fondamentales accordées à une collectivité publique- visant à fixer les conditions de recrutements des maîtres, la discipline et l'objet de l'enseignement donnés aux étudiants.
Ils ont été rédigés en 1215 par Robert de Courson sous ordre du pape Innocent III pour tenter d'apaiser les tensions croissante entre d'un côté l'Evêque de Paris et les bourgeois parisiens et de l'autre les maîtres d'écoles et les étudiants.
[...] En conclusion, nous pourrons constater que les statuts de Robert de Courson encadrèrent de manière précise et dogmatique l'enseignement universitaire au début du XIIIe siècle. Symbole de la volonté du pape d'affirmer son autorité sur cette question sensible, ces statuts témoignent de la réduction de l'influence diocésaine sur l'organisation de l'enseignement et fixent les prémices d'une autonomie dans la gestion des universités pour les maitres et étudiants. Il fut ici intéressant d'étudier l'organisation de l'enseignement du début du XIIIe siècle et d'observer les débuts d'une autonomie relative à une corporation, fait original au Moyen Age. [...]
[...] Toute ouverture d'une école, même privée, devait en amont être autorisée par l'évêque. En supprimant ce système avantageux pour le diocèse, le pape diminue ainsi considérablement l'autorité de l'évêque sur le pouvoir local Les statuts contiennent alors un double intérêt pour la personne du pape, car ils placent les universitaires sous le contrôle papal, situation acceptée par les maitres et les écoliers, car elle leur assurait une sécurité personnelle garantie par la justice ecclésiastique et une sécurité matérielle puisqu'elle leur garantissait le droit d'obtention de bénéfices ecclésiastiques- et permettent de restreindre considérablement l'autorité de l'évêque sur le pouvoir local. [...]
[...] Il avance ensuite les causes de la rédaction de ces statuts : œuvrer efficacement à reformer pour le mieux le statut des écoliers de Paris et pourvoir à la tranquillité future des écoles 3-4-5). La papauté observe en effet un contexte de crise opposant l'évêque et les universitaires. En 1200 déjà, cinq étudiants furent assassinés par les hommes du prévôt à la suite d'une rixe de taverne entrainant la colère des gens de l'école qui menacèrent alors de quitter Paris. Le roi Philippe Auguste préféra alors placer les étudiants sous la sauvegarde royale en leur accordant le privilège du for ecclésiastique (cf. la Charte de 1200). [...]
[...] L'organisation de l'enseignement Robert de Courson entame ensuite l'énonciation des différents statuts régissant l'organisation de l'enseignement : nous avons ordonné et statué ce qui suit 5). Il commence par la question des arts. Il faut savoir qu'il existe 7 disciplines composant les arts. Ces disciplines sont regroupées en deux cycles : le trivium comprenant la grammaire, la rhétorique et la dialectique, et le quadrivium regroupant les mathématiques (arithmétique, géométrie, astronomie) et la musique. L'un est donc littéraire (le trivium), l'autre scientifique (le quadrivium). Le premier porte sur l'art du discours, le second sur les facultés à mesurer et à compter. [...]
[...] Les statuts appuient ici les valeurs de solidarité nécessaires à l'enseignement universitaire et le respect de la religion, valeur prôner en filigrane tout au long de ces statuts. Robert de Courson fait également allusion à l'attribution du pré Saint-Germain : Nous leur confirmons pleinement le pré Saint-Germain comme il leur a été attribué 30) . Ce terrain appartenait à l'origine aux moines Bénédictins qui cultivaient autour de l'abbaye. Ceux-ci en abandonnent une partie au bord de la Seine à l'université qui prend le nom de Pré-aux-Clercs. [...]
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