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L'article de thèse donné à l'étude s'intitule « une socialisation langagière paradoxale à l'école maternelle » de la sociologue Fabienne Montmasson-Michel. Dans cet article l'autrice s'intéresse à la manière dont se construisent les compétences langagières orales dans le milieu scolaire et péri-scolaire ainsi qu'aux acteurs de cette construction que sont les autres enfants (les pairs) et les adultes référents du monde scolaire, les enseignants. L'oral scolaire est double, et c'est là un premier paradoxe, car il est à la fois finalité d'un processus d'apprentissage et un élément de ce processus d'acquisition de la langue écrite. Il est en somme à la fois objectif et outil. L'enjeu du texte est de montrer que cette construction se fonde sur un ensemble de jeux contradictoires : la langue orale attendue et visée par les règles scolaires est une langue qui repose sur un ensemble de codes qui la rapproche davantage de l'écrit : une littératie.
[...] La sociologue élude sciemment la question du genre, ses entretiens et leurs analyses reposent essentiellement sur la comparaison de garçons, mais elle invite à l'étude genrée dans les acquisitions sociales langagières en commentant cette absence. Pour illustrer ce commentaire, je prendrai appui sur différentes séances du cours « Sociologie de l'École » afin d'éclairer les nombreux paramètres sociaux, cognitifs et culturels mis en jeu dans cette socialisation langagière. Une définition préalable des termes « langage » et « langue » me semble nécessaire. Ces termes souvent confondus sont pourtant opposés. En effet, le langage tient de l'innée, il procède d'une capacité à communiquer et ne se restreint pas à la parole. [...]
[...] Pour expliquer cette capacité d'adaptation, nous pouvons évoquer la séance 9 intitulée « L'École et les familles » et les travaux de Lautrey qui établissent un lien entre style éducatif intrafamilial et prédisposition scolaire. « Le style éducatif structuré » favorise cette autonomie et l'adaptation à des règles qui diffèrent selon les moments et les objectifs d'apprentissage du milieu scolaire : ». Ce style éducatif correspondrait davantage aux attentes de l'institution scolaire : les dispositions cognitives ( . ) rencontreraient ainsi les injonctions scolaires à l'initiative et à l'autonomie. [...]
[...] La socialisation langagière passe donc également par une libération du corps. En outre, au cours de son observation lors d'un temps de garderie, les déplacements et la gestuelle de trois enfants sont détaillés, car le corps est au service des interactions de communication entre pairs : « Il s'agit alors de s'affronter physiquement et symboliquement aux autres. » Les corps observés en dehors de la classe sont pleinement exploités par les enfants pour interagir. On peut également noter que l'espace de la salle est très investi comme l'indique la description de l'autrice : « les garçons s'éloignent puis reviennent » ; « il se déplace dans la pièce en bruitant », « Ils refont tous trois un tour de la pièce ». [...]
[...] Or, ces savoirs- être restent dans le champ de l'implicite et ne sont pas didactisés par les enseignants : « Pour les enseignants, le langage analytique de description du monde, la concomitance de divers modes d'appropriation des récits ou encore le découpage formel et la manipulation de l'écrit alphabétique, sont des postures « allant de soi », inscrites dans leur « inconscient d'école ». Ainsi, que ce soit dans le milieu familial ou chez les enseignants, des implicites fixés dans les habitus culturels participent à accentuer le fossé langagier qui sépare les enfants. La question du genre La sociologue invite à poursuivre la recherche sous d'autres angles. [...]
[...] » En conclusion à cette première partie, Fabienne Montmasson-Michel montre dans cet article un ensemble de paradoxes qui se jouent à l'intérieur de l'espace scolaire. Le langage des pairs tant corporel qu'oral incarne un fonctionnement formel de valeurs et d'enjeux cognitifs qui l'éloigne de la langue pratiquée et nécessaire à la réussite des apprentissages. En seconde partie, nous allons voir qu'enseignants et famille jouent un rôle dans ces contradictions à travers leurs pratiques éducatives et didactiques puis nous développerons la question qui lie genre et réussite scolaire. [...]
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