Pour les enfants de l'école élémentaire, ce qui domine, c'est un principe d'intégration. Attentes et normes proposées par le maître sont intériorisées par l'enfant grâce à une « autorité naturelle ». Mais cette autorité va progressivement se perdre et peu à peu, les écoliers se constituent comme de véritables acteurs de leur socialisation en milieu scolaire. Ils perçoivent ainsi de manière de plus en plus nette la tension qui existe entre leur condition d'enfant et leur condition d'élève. Par ailleurs, la classe, vécue comme un lieu où la concurrence domine (par le biais des notes par exemple), engendre des comportements stratégiques qui renforcent la subjectivation de l'enfant.
Le monde enfantin est dominé par le désir de s'approcher au maximum de la norme. « Les écoliers veulent être ce qu'on attend d'eux. » Progressivement, il se détache de ce désir. Il se constitue comme producteur de ses propres règles (dans les jeux notamment). La règle n'est plus immuable, elle peut évoluer en fonction des circonstances.
[...] Le mauvais élève est ainsi celui qui ne répond pas positivement aux aspirations et aux attentes du maître. Dans cet univers, la place géographique de l'élève dans la classe a un sens et une importance. Si l'élève est près du maître, cela signifie qu'il est aimé du maitre. Inversement, s'il est loin, cela signifie qu'il est un mauvais élève dont le maitre ne veut pas vraiment s'occuper. Beaucoup d'enfants déclarent souhaiter des classes de niveaux qui selon eux, permettraient au maître de s'occuper de tous de manière égale. [...]
[...] Mais les critères scolaires demeurent prioritaires et la culture personnelle se développe en dehors de l'univers scolaire de l'école. En conséquence : L'individu pense comme un écolier, vit comme un enfant. . Le conformisme enfantin L'aspiration à se fondre dans le conformisme du groupe domine le comportement enfantin. Le regard de l'autre est important, il permet à l'enfant de se sentir valorisé. Le conformisme du groupe se manifeste par exemple dans la différenciation sexuelle. En primaire, la ségrégation sexuelle est forte, deux univers, l'un féminin, l'autre masculin coexistent. [...]
[...] L'amour enfantin a pour but essentiel de donner cohésion au groupe. L'amitié Dans l'univers enfantin, le trait essentiel de l'amitié est le partage d'un secret. Mais l'enfant se trouve alors pris dans la contradiction suivante : s'il conserve le secret, il conserve également le fait de disposer d'un statut particulier auprès d'un camarade, s'il partage le secret avec d'autres, il ne s'agit plus d'un secret. La moquerie La moquerie comme logique de subjectivation participe à l'émergence des individualités. La différence fait problème et engendre le rejet. [...]
[...] Dans certains cas, la moquerie provoque ainsi l'effet inverse et engendre une construction identitaire plus forte. La peur peut ainsi révéler une plus grande indépendance par rapport au groupe. Résistances et compétitions L'enquête menée permet de mettre en évidence le fait que l'univers scolaire n'est reçu de la même manière selon l'appartenance sociale. Alors que les enfants issus des classes populaires perçoivent la tension qui existe entre l'enfant et l'élève comme une violence, les enfants issus des classes moyennes développent un stress. [...]
[...] L'enfant et l'élève Comme nous l'explique notre auteur : La tension entre l'enfant et l'élève, à la base de l'écartèlement de l'expérience écolière, donne lieu à deux grandes familles de logiques de subjectivation. L'injustice du maitre Cette injustice est particulièrement ressentie dans le cas de punition collective. La toute puissance du maitre est alors ébranlée, son image se ternit. Elle l'est également quand le maitre a des comportements violents ou lorsqu'il porte un jugement erroné. Ainsi Contre la toute-puissance du maître, les écoliers découvrent les limites de sa clairvoyance. . Ces limites s'expriment au travers du système de sanction qu'il adopte. [...]
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