François Dubet et Danilo Martuccelli, A l'école, sociologie de l'expérience scolaire, cinquième chapitre : "L’expérience collégienne"

Résumé du document

Le temps du collège introduit une véritable rupture dans les représentations des élèves. Progressivement, on assiste au déclin des évidences scolaires. La pluralité des enseignants permet la comparaison, la toute-puissance accordée jadis au maître disparaît. Au collège, l'expérience scolaire devient de plus en plus celle d'un sujet autonome. L'univers du collège est plus complexe, la motivation ne dépend plus des attentes des adultes. Elle se recherche peu à peu pour elle-même. Ainsi les collégiens se perçoivent « plus nettement comme les auteurs de leur scolarité ».

L'entrée au collège est marquée par la diversification des sphères de justice. L'égalité de traitement est attendue par les élèves. Ainsi : « ce qui était normal au primaire devient injuste au collège. » Les réactions peuvent être importantes quand la confusion des sphères de justice atteint la dimension personnelle de l'élève. Cette dimension doit être préservée par l'enseignant, elle ne doit pas constituer une argumentation publique. La difficulté provient du fait qu'« une bonne partie de la discipline et de l'autorité scolaires est axée sur le contrôle des espaces personnels des élèves. »

Extraits

[...] Ils ne se sentent ni totalement grands, ni totalement petits, tout dépend de la personne à laquelle ils se comparent. En conséquence, les collégiens ne se sentent jamais là où ils devraient être exactement. Cela engendre chez les plus jeunes un sentiment de nostalgie. Montrer que l'on grandit passe par le rejet de l'autorité parentale. La tension est permanente et, Contre ces tensions multiples et mouvantes, les collégiens s'enferment dans le présent face à un avenir inquiétant. Les collégiens veulent grandir, mais expriment ouvertement leur peur de grandir. [...]

[...] Fiche de lecture: François Dubet et Danilo Martuccelli, A l'école, sociologie de l'expérience scolaire, cinquième chapitre: "L'expérience collégienne" Le temps du collège introduit une véritable rupture dans les représentations des élèves. Progressivement, on assiste au déclin des évidences scolaires. La pluralité des enseignants permet la comparaison, la toute-puissance accordée jadis au maître disparaît. Au collège, l'expérience scolaire devient de plus en plus celle d'un sujet autonome. L'univers du collège est plus complexe, la motivation ne dépend plus des attentes des adultes. [...]

[...] Les études Émergence de stratégies scolaires Le cadre du collège amène les collégiens à mettre en œuvre des stratégies de travail. Les collégiens mesurent leurs efforts et s'investissent de plus en plus en fonction de la rentabilité du travail fourni. Comme nous l'expliquons nos auteurs, Ce sens tactique se déploie aussi dans un registre relationnel. Il s'agit de se faire bien voir. L'avenir présent Le travail scolaire ne va plus de soi.les collégiens n'ont pas encore une grande conscience de l'utilité des diplômes et de l'intérêt intellectuel que représente la connaissance.la question de la motivation devient alors très importante. [...]

[...] L'autre doit être capable d'accepter, qui je suis pour être digne de ma confiance et de mon amitié. En cela, l'amitié adolescente constitue une arme contre le regard des autres. Elle permet une confirmation et donc une affirmation de soi. L'expérience collégienne est ainsi marquée par un éclatement et un désajustement constant des relations et des identités. Progressivement, le collégien fait l'apprentissage de la face, c'est-à-dire de la dimension sociale de son être. C'est au travers de cet apprentissage que la subjectivation s'opère. [...]

[...] Elle permet de réduire la complexité du vécu des collégiens. La face et ‘l'hypocrisie' Le recours à la face ne relève pas de l'hypocrisie, mais de la recherche de protection de soi. Le souci de la face est lié au vécu émotionnel : À la racine du souci de la face, il y a toujours un excès émotionnel. . La nature des épreuves collégiennes détermine en partie le niveau d'engagement dans la face. La face peut constituer une manière de résister aux stéréotypes négatifs projetés par les professeurs. [...]