L'école élémentaire est le lieu d'enseignement de la langue. Elle a pour objectif de faire entrer son public dans un univers linguistique structuré. Autrement, il ne s'agit pas d'apprendre à parler, mais bien de rencontrer la langue sous une forme spécifique (grammaire, orthographe…). L'enseignement de la langue à l'école ne se confond pas avec les schémas d'interaction verbale déjà intériorisés par l'enfant. Or, comme nous le précise notre auteur : « La situation d'enseignement scolaire est à l'opposé de celles que nous décrit la phénoménologie en matière de langage : ‘Je commence à comprendre le sens des mots par leur place dans un contexte d'action et en participant à la vie commune' (Merleau-Ponty,) » . Ce que l'école vise, c'est un rapport réflexif, distancié qui permet de faire de la langue un objet spécifique d'étude. Or, transformer la langue en objet d'étude, c'est lui faire subir une véritable « transformation ontologique ». Ce que connait l'enfant de la langue, c'est son utilité pour communiquer. La langue lui appartient comme outil de communication. Objectiver la langue, c'est rendre cet outil extérieur et chercher à le comprendre dans sa structure interne. L'objectivation de la langue est ainsi ce qui « aura permis la conquête et la maîtrise symbolique, réflexive. »
[...] Ainsi, lors d'une enquête menée dans des classes difficiles, Lahire a pu mettre en évidence que les enfants les plus en difficulté avaient recours à une gestuelle lorsqu'ils parlaient. Cette gestuelle a pour objectif de permettre à l'enfant de revivre la situation qu'il veut expliquer, en quelque sorte, il ‘recontextualise' la situation. Saussure ou la théorie pure des pratiques scolaires sur la langue Pour notre auteur, la théorie linguistique de Saussure rend bien compte de ce qu'attend l'école. En opposition à cette théorie, Lahire évoque les travaux de Bakhine. [...]
[...] Ainsi, Lahire prend l'exemple d'un grand patron (c'est-à-dire un membre de la bourgeoisie) qui, de par son activité, n'a pas le temps de se consacrer à la lecture désintéressée d'ouvrages. Par ailleurs, la libération de temps n'engendre pas systématiquement le désir d'entretenir un rapport spécifique à la langue. Le temps qui se libère est avant tout un temps de loisirs et rien ne permet d'affirmer que parmi ces loisirs la lecture (et par voie de conséquence l'acquisition de dispositions scolastiques face à la langue) soit une priorité. [...]
[...] Ce dernier mène une critique acerbe du ‘formalisme' de Saussure et permet de mettre en avant une vision pragmatique et dialogique du langage. Chez Saussure, l'énoncé est pris en dehors de son contexte, il n'est vu qu'au travers de sa structure grammaticale. Elle n'offre donc qu'une vision partielle des mécanismes de compréhension de la langue. Les conditions sociales de sortie du sens pratique Sortir du sens pratique de la langue suppose des conditions particulières. Il faut en effet être dégagé de toute urgence, en bref, avoir le temps. [...]
[...] Fiche de lecture : Bernard Lahire, L'Homme pluriel, les ressorts de l'action; deuxième partie, chapitre «Ecole, action et langage» La rupture scolaire avec le sens pratique L'école élémentaire est le lieu d'enseignement de la langue. Elle a pour objectif de faire entrer son public dans un univers linguistique structuré. Autrement, il ne s'agit pas d'apprendre à parler, mais bien de rencontrer la langue sous une forme spécifique (grammaire, orthographe L'enseignement de la langue à l'école ne se confond pas avec les schémas d'interaction verbale déjà intériorisés par l'enfant. [...]
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