Le paysage religieux des Etats-Unis du fait de leur histoire, se distingue des autres sociétés occidentales par sa complexité mais aussi par sa diversité et sa vigueur. Et aussi par sa capacité à s'adapter et à se transformer : « pays de la nouveauté, des réveils religieux, des croisades, les Etats-Unis sont également celui de la transformation profonde des structures traditionnelles, de l'adaptation constante à la vie changeante d'une communauté nationale plurielle». Ce que l'on pourrait appeler « l'exceptionnalisme religieux américain » a été attribué selon Keneth D. Wald, à quatre types de facteurs.
Le premier est la compatibilité culturelle qui est caractérisée par une efficace adaptation des citoyens américains aux valeurs religieuses, de liberté, de choix ou bien d'initiative individuelle et qui sert en même temps à contrecarrer les excès de l'individualisme et du relativisme potentiellement engendrés par les régimes démocratiques (idée exprimé également par Tocqueville dans « La démocratie en Amérique »).
Le deuxième facteur à souligner est celui de l'identité sociale. Le caractère multiculturel né du mélange de races, de cultures et de religions peut entraîner dans les différents membres de la société, une perte de repères, une défaillance du sentiment d'appartenance à un groupe ou à une tradition. Or les Eglises ont historiquement aidé les nouveaux immigrants à s'intégrer à une société, un environnement nouveau.
Ensuite, les Etats-Unis se sont efforcés d'assurer l'indépendance du religieux vis-à-vis du politique. Or selon Tocqueville non seulement cela n'a pas affaibli la religion aux Etats-Unis mais bien au contraire, a renforcé sa position au sein de la société américaine. Dans la « Démocratie en Amérique », Tocqueville observe en effet que les Etats-Unis sont un Etat fondé sur la séparation du spirituel et du temporel mais que la religion constitue une force sociale et politique puissante. Tocqueville s'interroge alors « comment il pouvait arriver qu'en diminuant la force apparente d'une religion, on vint augmenter sa puissance réelle ». Cette séparation entre Eglises et Etat constitue en réalité un avantage pour les différentes religions présentes parce que certes indépendantes, elles dépendant uniquement de leurs propres moyens, mais elles s'intègrent dans le jeu démocratique et acquièrent ainsi une légitimité.
Enfin, les Etats-Unis se distinguent des autres démocraties par un pluralisme religieux foisonnant, qui explique pour une grande part la persistance du religieux dans la société américaine. Il y a en effet une très grande variété de choix et de concurrence entre les différentes Eglises, religions, cultes ou sectes présentes, chacune cherchant à attirer le plus d'adeptes possible dans un « marché » en constante mutation.
[...] Pour André Kaspi, la religion accomplit le rôle de plus grand commun dénominateur d'une nation composée de multiples groupes Cette caractéristique est d'autant plus remarquable que les religions, aussi diverses soient-elles, sont toutes marquées par une faible institutionnalisation et son corollaire, une forte subjectivation. Ces religions tendent de plus à l'uniformisation de leur mode de fonctionnement, voire de leur profession de foi elle-même, au point qu'André Kaspi parle d'une américanisation des religions aux Etats- Unis. La religion aux Etats-Unis est par nature perméable à la culture dominante mais en même temps se veut une valeur sûre dans un pays en perpétuel changement (de la conquête de l'Ouest à la mondialisation). [...]
[...] A la profession de foi, qui constitue le noyau central de l'un, répond le chapitre sur la religion civile, qui se trouve à la fin de l'autre Ainsi il est question de deux niveaux en ce qui concerne la religion : le niveau individuel et le niveau social lequel introduit l'homme dans le champ de la politique. On constate donc que pour Rousseau, la religion est fondamentale pour la cohésion de la société fondée sur un contrat auquel il faut nécessairement donner un caractère sacré et inviolable pour qu'il soit respecté par les membres de la communauté. [...]
[...] Une intensité religieuse sans précédent, une religion civile renouvelée ? On peut avant tout constaté, comme nous l'avons évoqué précédemment, qu'un nouveau nationalisme américain est devenu une donnée nouvelle de la vie politique américaine. Selon Anatol Lieven, ce nationalisme, développé par le parti Républicain, se caractérise par trois aspects : tout d'abord le désir de riposter à une menace ensuite la conviction d'être un pays élu de Dieu enfin se considérer comme un porte-drapeau de la démocratie et de la liberté Ce nationalisme montant est d'une redoutable efficacité, et s'accompagne d'un effet d'évincement de toute contradiction à son encontre. [...]
[...] Si on doit remarquer que Tocqueville n'utilise pas le terme précis de religion civile, il contribue cependant largement à sa définition ultérieure quand il affirme que d'une manière générale, toute société a besoin d'opinions communes et de croyances semblables et c'est précisément la religion qui s'en occupe aux Etats-Unis puisque elle règne bien moins comme doctrine révélée que comme opinion commune Or il faut bien préciser, toujours dans le cas américain, que cette opinion commune va de paire avec l'utilisation de symboles religieux et références. Ces signes permettent d'affirmer l'existence d'une sorte de religion politique ou de théologie publique que Robert Bellah a qualifié d'« american civil religion Celui-ci la définit comme l'idée que les Etats-Unis comprennent leur expérience historique ainsi que leurs objectifs en des termes religieux. De plus pour le sociologue l'Amérique est imprégnée de valeurs transcendantes. [...]
[...] François Vergniolle de Chantal, Politique du patrimoine religieux : essai de bilan de la présidence Bush, CFE-IFRI, mai 2004 Le régime américain est caractéristique des checks and balances poids et contre poids qui en sus de la séparation des pouvoirs, garantissent un équilibre du système. Anatol Lieven, Les composantes d'un nationalisme américain, Le Débat Anatol Lieven, op. cit. Robert Bellah, American civil religion in the 1970's, in Richey et Jones American civil religion John O'Sullivan, The great nation of futurity Sébastien Fath, op. cit. Sébastien Fath, op. cit. [...]
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