L'étude d'une notion aussi étrange que la religion grecque nécessite comme une sorte de préalable qui nous enjoint d'essayer d'abandonner nos habitudes, de suspendre, en quelque sorte, nos jugements. C'est l'époché (la suspension du jugement). Il nous faut aussi abandonné nos catégories intellectuelles et pratiquer l'ascèse (l'exercice en grec) du regard. En effet, le monde grec est un monde extrêmement différent du nôtre.
La société grecque nous est éloignée, et les concepts que nous utilisons aujourd'hui pour appréhender la religion actuelle ne sont pas adaptés à l'Antiquité. Les fonctions, de la religion dans l'Antiquité sont tout à fait différentes des fonctions de la religion contemporaine dans un monde largement laïcisé. Dans l'Antiquité, religion et société sont très fortement imbriquées l'une dans l'autre.
En renonçant dans un premier temps à rechercher quelque chose qui serait comme une essence du religieux, qui serait universelle et transhistorique. On va chercher une Histoire de la Religion, appréhendée comme objet de connaissance parmi d'autres. Cette Histoire nécessite une sorte de dépaysement. Comparons les religions actuelles, monothéistes, à la religion polythéiste antique grecque.
Nous devons travailler à éviter deux risques de donner une explication universelle du phénomène religieux : le premier consisterait à voir dans un panthéon polythéiste, dans les rites ou les mythes de l'Antiquité grecque et romaine, comme des survivances de pratiques religieuses, magiques, d'une sorte de mentalité primitive. On en tient toutes une série d'explications qui utilisent des concepts comme celui du chamanisme et du totémisme. Deuxième risque, rechercher dans les croyances et pratiques grecques un terrain propice au développement du christianisme. Ce serait un anachronisme, un téléologisme, un problème de déterminisme. Cette lecture présuppose que toutes les religions n'ont as la même valeur.
Rationnellement parlant, ce n'est pas discutable pour un historien. Le christianisme, par exemple, n'est pas un progrès de la religion grecque.
Ainsi ces deux théories, de la survivance et de la préfiguration, elles comportent les présupposés de leurs temps, mais elles sont abandonnées aujourd'hui depuis un bon demi-siècle. On s'efforce à présent de comprendre et d'étudier la religion grecque comme un système symbolique qui a sa propre cohérence. L'historiographie actuelle du phénomène religion comporte deux axes.
Ce premier axe serait un axe plutôt attentif aux origines. La deuxième approche serait plutôt attentive au mode de fonctionnement du religieux dans un ensemble culturel posé comme relativement stable à savoir la cité. Cependant, ces deux approches ne sont pas inconciliables. Les deux peuvent proposer un éclairage différent, mais tout aussi pertinent.
Tout d'abord, ceux qui accordent beaucoup d'importance aux origines. Parmi ces auteurs sensibles à l'évolution de la religion grecque et à la perceptive diachronique, M.P Milsson. Pour lui, la religion grecque procède d'une synthèse d'un syncrétisme entre des religions préhelléniques, c'est-à-dire que ferait référence à une sorte de substrat égéen. On aurait des populations préhelléniques, là avant l'arrivée des Indo-européens environ au milieu du II° millénaire av. J.-C.. La question qu'il se pose, c'est de rechercher dans les rituels de l'époque classique la part préhellénique et la part indo-européenne.
Nous en avons un exemple avec le sacrifice sanglant. On peut dire qu'il remonte aux pratiques de chasse du néolithique. Autre exemple, une divinité peut avoir des traits qui seraient prégrec et grec (indo-européen). Artémis est une divinité dite « maîtresse des fauves ». Il va dire que c'est une survivance de temps ancien en période classique. Mais elle est aussi chasseresse. Pour Milsson, elle est par là aussi un pur produit des Hellènes. Cette démarche nécessite une chronologie précise pour les cultes et pour les mythes. L'on comprend donc qu'elle devient presque introuvable plus on remonte loin dans le temps.
La deuxième approche va consister à appréhender le monde religieux grec par rapport au fonctionnement de la cité. Cette approche est dite parfois structuraliste ; en d'autres termes, c'est moins l'origine qui explique la religion, qu'un fonctionnement, en ensemble de structures. L'importance du sacrifice sanglant à l'époque classique s'éclaire par la fonction qu'il assure, et par les valeurs qu'il représente dans la cité du moment.
Pour les historiens d'ascendance structuraliste, par exemple, une divinité comme Artémis, à la fois maîtresse des fauves et divinité de la chasse, ça s'explique par deux aspects complémentaires de sa fonction : Artémis est une protectrice du monde sauvage. Bien des cultes artémisiens sont installés à la limite du territoire de la cité, les eschatia (frontières). Elle se trouve associée par exemple à certains rites de passage pour accomplir l'évolution des jeunes (divinité kourotrophe). Un rituel de passage procède par une période de marginalisation. Cette religion grecque est faite d'un ensemble de croyances et de rituels qui se structurent au moment de l'apparition d'une organisation politique spécifiquement grecque (période archaïque et classique). Cette organisation est la cité.
C'est la raison pour laquelle notre cadre chronologique va se restreindre aux périodes dites archaïques et classiques, c'est-à-dire entre – 750 et – 330, et quant au cadre topographique, ce sera la cité, se concentrant sur l'asty et la chopa.
[...] Nous devons travailler à éviter deux risques de donner une explication universelle du phénomène religieux : le premier consisterait à voir dans un panthéon polythéiste, dans les rites ou les mythes de l'Antiquité grecque et romaine, comme des survivances de pratiques religieuses, magiques, d'une sorte de mentalité primitive. On en tient toutes une série d'explications qui utilisent des concepts comme celui du chamanisme et du totémisme. Deuxième risque, rechercher dans les croyances et pratiques grecques un terrain propice au développement du christianisme. [...]
[...] Selon les savants le miel, ne serait pas produit par les abeilles, mais recueillit par elles. Pline dit que c'est ce qui reste de l'ambroisie céleste après la misérable désagrégation de sa chute de l'atmosphère. Le miel serait sueur du ciel, salive des astres ou suc de l'air purifié. Le miel vient aux hommes en un mouvement descendant. Les abeilles naissent de la chair de taureau putréfiée chez Virgile. Les abeilles sont donc le produit de la corruption et naissent d'un mouvement ascendant. [...]
[...] Concernant le bœuf, la bonne part est enveloppée dans la bonne part, la gaster de l'animal, c'est là que joue le piège de Prométhée. Jean-Pierre Vernant fait donc un parallèle entre Pandora et le bœuf en trois points : le doron, le dolos et la gaster. Pandora et le Feu prométhéen (cryptos, thanatos, katar purein, cleptein) Le texte nous dit que Pandora est donnée aux hommes à la place du feu Elle y est donc par là comparable sous 4 points. [...]
[...] Pandora et le Bios Bios est la vie que Zeus a cachée. Dans Les Travaux vers 49 : c'est que les dieux ont caché ce qui fait vivre les hommes L'homme est désormais obligé de travailler la terre pour récolter de quoi vivre. On parle donc ici de l'agriculture. Mais puisque Zeus a caché la vie, l'homme doit déposer ses semences dans le ventre de la terre, mais de la femme aussi. Le texte est sur ce point assez explicite. [...]
[...] Différent de la Thusia, l'enagiza est un sacrifice qui ne se fait pas sur un bomos haut et rectangulaire, mais sur un bothros bas et creusé dans la terre, que l'on appelle aussi aschara. C'est ce qu'on appelle un holocauste, la totalité de l'animal sera brûlée. Au VIIe siècle, dans l'ile de Lesbos, Dionysos est honoré avec Zeus et Héra comme dieu mangeur de chairs crues. Au vers 1242, des bacchantes Agavé brandissent la tête de son fils Panthée qu'elles avaient pris pour un fauve. Tout dans son geste confirme qu'elle convie la cité à une sorte de repas anthropophage dont la victime est son fils, le roi Panthée. [...]
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