Au-delà d'une ligne dessinée par l'Himalaya et les déserts d'Asie centrale (Chine, Tibet, Japon, Asie du Sud-Est) domine un type de relations entre les trois religions traditionnelles de l'Extrême-Orient sinisé complètement différent de celui qui caractérise celles qu'entretiennent les "trois religions du Livre" bien que ces dernières y soient aussi présentes depuis le VIIe siècle, mais toujours restées minoritaires (...)
[...] L'Europe doit-elle se convertir aux religions chinoises ? Ou doit-elle ainsi que le souhaite Edgar Morin[4] fonder sur un nouveau patriotisme de la biosphère, de la Terre- Mère, une nouvelle religion qui reprenne l'héritage de toutes les religions universelles lesquelles, si l'on retrouvait une tradition humaniste masquée ou effacée par la modernité apparaîtraient non plus comme opposées mais comme complémentaires et situées dans l'échange Sans aller jusque-là, ce qui risquerait peut-être d'ajouter une religion à toutes celles (judaïsme, christianisme, islam . [...]
[...] Car la forme État s'est construite, en Chine comme en Occident, contre le pouvoirs des clans nobles et des communautés, qu'y représentaient les Églises et les appartenances religieuses. Cette forme État est une conditions sine qua non de la liberté de l'individu ainsi que Norbert Elias l'a magistralement démontré dans La dynamique de l'Occident. Car c'est bien l'état de droit qui libère l'individu des clans, des castes, et des communautés. Alors que les États européens se sont, plus que la Chine, émancipés de l'emprise des clans familiaux, cette dernière a peut-être mieux que l'Europe pu se garder de la féodalité des appartenances religieuses. [...]
[...] Jeune, par exemple, jeune, il pourra s'intéresser davantage au taoïsme avec ses techniques de santé, son yoga sexuel, les arts martiaux ; adulte et marié, il pourra mettre l'accent sur la morale familiale et sociale du confucianisme ; et lorsque vient l'âge du renoncement, ou plus simplement lorsqu'il devra se défaire d'une habitude nuisible, il pourra se tourner vers le bouddhisme. Un Japonais sera shintoïste et bouddhiste. Et le Vietnamien converti au christianisme pourra même, depuis peu, continuer à célébrer le culte confucianiste des ancêtres. Cette organisation entraîne évidemment des conséquences importantes du point de vue du rapports entre les institutions religieuses entre elles et avec l'état. [...]
[...] Il est vrai que l'État chinois à certaines époques favorisa ou persécuta l'une ou l'autre de ces trois religions. Ainsi sous Mao le confucianisme fut-il sévèrement critiqué. Le bouddhisme eut à souffrir de persécutions violentes en et 845 après J.-C.[2]. Mais l'initiative de ces persécutions fut en général le fait des autorités, et l'hostilité du confucianisme au célibat des moines bouddhistes, par exemple, n'aboutit jamais à des phénomènes de type pogrome caractéristiques des relations entre religions du Livre. De toute manière aucune de ces persécutions ne furent durables et n'aboutirent à affaiblir le bouddhisme. [...]
[...] Si ces enfants développent plus tard un intérêt particulier pour l'une de ces deux religions, ou pour une troisième, ils pourront, si cela leur convient, se définir de manière permanente ou temporaire par l'étiquette correspondant à la religion qu'ils préfèrent. Entre les fidèles de ces trois religions l'absence de conflits donnant naissance à des phénomènes de type pogrome est remarquable. Serait-ce que ces religions ou philosophies disposeraient davantage au pacifisme ? Ou ne serait-ce pas plutôt que dans cette région du monde la préférence pour une confession ne s'accompagne pas de pratiques ou de règles endogames. [...]
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