Culture, religion, rupture, politique, religieux, communauté de foi
Le religieux crée de la culture, la plupart du temps implicitement, parce que la religion est aussi vécue comme une culture. Une communauté de foi n'est jamais et ne peut jamais être une vraie société car ce qui fonde une société, c'est la souveraineté, à commencer par l'appropriation d'un territoire. Une société et d'abord politique, jamais religieuse.
[...] Une société et d'abord politique, jamais religieuse. Une société sécularisée peut rester en phase avec la culture et les valeurs religieuses. On parle de divorce quand croyants et incroyants ne se retrouvent plus dans une orthopraxie i.e dans le respect des mêmes valeurs pratiques, même si on les justifie différemment. Par exemple, dans la France républicaine du XIXème et de la première moitié du XXème siècle, l'opposition croyants/athées ne portait pas sur les valeurs, une même orthopraxie était partagée : l'incroyant ne prétendait pas avoir d'autres valeurs, mais au contraire être tout autant sinon plus moral que l'homme de religion, soupçonnée d'hypocrisie. [...]
[...] Le repli se fait sur l'affirmation d'une séparation claire et nette entre la communauté des croyants nous et le reste du monde eux Les catholiques cherchent en général à rester connectés avec la culture. Mais les évangélistes et les salafistes veulent se débarrasser de la culture dominante ; ignorer cette culture païenne est un moyen de sauver la pureté de sa foi. Par exemple, les juifs refusent toujours le mariage avec une non-juive. Le célèbre avocat américain Alan Dershowitz écrit un livre pour réfuter le point de vue de son fils, lequel lui a déclaré épouser une non-juive tout en voulant rester juif ! Le repli entraîne une double agressivité, externe et interne. [...]
[...] Porté à son extrême, ce refus de la culture profane se transforme aussi en méfiance envers le savoir religieux lui-même, avec l'idée que, premièrement, il n'est pas besoin de savoir pour être sauvé, et deuxièmement que le savoir peut détourner de la vraie foi. Toutes les formes d'extase, de méditation, de zen sont des exemples de transmission du message sans transmission d'un savoir. On transmet de l'émotion, on suscite en autrui la même expérience religieuse que l'on éprouve soi-même, mais on contourne tout ce qui est savoir discursif, car il s'agit d'une perte de temps et d'un risque d'égarement sans la vanité séculière. Ceci est la sainte ignorance. [...]
[...] La chasteté des prêtres est devenue une question centrale dans l'Eglise catholique aujourd'hui, parce qu'elle paraît incongrue dans le monde occidental actuel alors qu'au Moyen ge, la chasteté était culturellement positive. C'est une conséquence de la rupture de la religion avec la culture dominante sur la question des mœurs. Le cas de l'homosexualité est aussi parlant, les campagnes antihomosexuelles apparaissent aujourd'hui comme des campagnes de haine menées par des fanatiques religieux Souvent, le premier symptôme de la rupture entre religion et culture est une rupture interne à la communauté religieuse, sous forme de schisme ou de désaffection. [...]
[...] Le marqueur religieux peut être déconnecté de son usage culturel et accaparé par un religieux identitaire. Par exemple, le ministère malaisien de l'Intérieur a interdit aux chrétiens d'utiliser le mot Allah pour Dieu (le mot doit être réservé au Dieu des musulmans), alors qu'en arabe, Allah veut bien dire Dieu en général. 3.La culture oublieuse du religieux. De nombreux catholiques déplorent la perte de savoir religieux. Une campagne de pub québécoise en 2006 visait à inscrire en grandes lettres des jurons comme tabernacle suivis ensuite de leur définition religieuse. [...]
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