Les tenants du theravada, ou petit véhicule, rapportent une anecdote de la vie de Gautama. Elle justifie à leurs yeux leur philosophie particulière, à base de pratique intégrée dans la vie quotidienne, et beaucoup moins sujette que le mahayana, par exemple, aux élucubrations intellectuelles. Au cours de ses pérégrinations à travers l'Inde, le Bouddha est approché, après un de ses enseignements, par un moinillon. Après avoir salué Sakyamuni, le jeune disciple lui parle en ces termes : « Maître, vous avez parlé de l'impermanence, de l'interdépendance de toutes choses, du karma, de la précieuse vie humaine… J'ai bien compris tous ces concepts. Mais… vous ne répondez pas aux questions essentielles. » Le Bouddha écoute le moinillon attentivement. Il lui demande quelles sont pour lui les questions essentielles qu'il a laissées en suspens. « Eh bien, répond le jeune homme, quel est le sens de la vie ? Pourquoi sommes-nous sur terre ? Pourquoi mourir et que se passe-t-il après ? L'univers est-il fini ou infini ? Est-il créé ou incréé ? Y a-t-il un Dieu ou non ?… »
[...] Sans prononcer un mot, il traça un carré dans l'air. PERDUS DE VUE Comme Daito était chez l'empereur Godaiga, son disciple, il lui dit : Depuis des milliers de siècles, nous nous perdons de vue, et pourtant nous n'avons pas été séparés un seul instant. Nous ne nous sommes jamais rencontrés, et pourtant nous nous voyons toute la journée. [...]
[...] Le moinillon répond : J'entre dans la méditation. Tung-shan reprend : La méditation n'a pas de porte. Comment peux-tu entrer ? LA FLEUR DE L'HIBISCUS Tsutomu était tombé complètement amoureux de Karita. Cela ne faisait pas très longtemps qu'ils se connaissaient, mais dès le premier regard, il sut que c'était elle, qu'il n'avait jamais aimé avant elle, et qu'il ne pourrait y avoir d'autre femme dans sa vie qu'elle. On sait à quel point la passion amoureuse nous rapproche de l'hypnose, et à quel point on aime toujours pour la première fois, puisque l'amour est unique, toujours le même, et qu'il est fondamentalement sans objet. [...]
[...] L'esprit est une tasse sans cesse vide, dit-il. A quoi sert donc de remplir le vide. Le vide reste toujours le vide. Videz vos esprits ici, comme ces tasses de thé. Les moines demandèrent congé pour la nuit. Ils furent conduits dans leurs cellules par un disciple, et méditèrent longtemps avant de s'endormir. Le lendemain, de bon matin, il assistèrent à un nouveau sermon sur le vide. Au moment de prendre le thé, ils étaient préparés. Aucun d'eux ne leva sa tasse sans avoir vérifié, en faisant mine de s'incliner respectueusement, qu'elle n'était pas percée en son fond. [...]
[...] Le jeune garde ne bronche pas. Il s'incline encore plus bas et dit : Maître, je regrette de mettre en doute votre réputation. Mais je vous assure que je n'ai jamais étudié le maniement du sabre sous la direction d'un maître, et que je ne connais rien à cette technique que ce que j'ai pu en entendre dire par certains de mes collègues. Je souhaite vraiment étudier cet art, et j'aimerais que vous soyez mon maître. Le jeune garde a parlé avec une telle assurance que le vieux maître réfléchit un instant. [...]
[...] Quand je ne le vois pas, ce sont les autres qui se trompent. Quand tu souffres, c'est de la pensée. La pensée est courante pour le commun des mortels. Si tu ne ressens pas la douleur, tu es devenu comme une pierre. L'apparition et la disparition de la sensation de douleur sont liées à la pensée. Ce que tu as dit n'est pas vrai : nul attachement à quoi que ce soit, ce n'est pas l'origine. Comment ton maître peut-il agir sur les perceptions ? [...]
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