« Religion » ou « religions » ? En optant pour le singulier, René Rémond pose dans l'introduction sa volonté d'étudier le fait religieux comme phénomène social, libéré de tout particularisme dogmatique. Ce sont les manifestations quotidiennes, banales, voire inaperçues, de la religion en général qui sont ici traquées, « dans quelle mesure [celle-ci] a […] exercé et continue […] aujourd'hui d'exercer une influence, déterminante ou restreinte, sur la conduite des sociétés » en Europe
[...] - Chapitre 5 : Forces et traditions affrontées L'histoire de la question religieuse, si elle comporte de multiples enjeux, met aussi en prise une pluralité de parties prenantes. René Rémond distingue principalement deux courants, antithétiques par leur vision respective de la société à promouvoir : d'une part, la tradition régalienne, de l'autre, l'utopie de la restauration. La tradition régalienne, qui fait prévaloir une domination du temporel sur le spirituel, n'est pas issue des idées libérales ; les souverains, en échange d'une reconnaissance officielle de l'Eglise nationale, disposaient déjà d'importants pouvoirs sur celle-ci (cf. [...]
[...] Religion et société en Europe, Essai sur la sécularisation des sociétés européennes aux XIXe et XXe siècles (1789-1998) de René Rémond Présentation de l'auteur : Né en 1918, normalien, agrégé d'histoire, docteur ès lettres, il a fréquenté plusieurs prestigieux établissements : la Sorbonne, le Centre national de la Recherche scientifique, la faculté de Clermont-Ferrand. Nommé en 1956 directeur d'études et de recherches à la Fondation nationale de sciences politiques, il devient professeur à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris en 1960. [...]
[...] De cette manière, les divergences semblent primer sur les quelques éléments de convergence. - Chapitre 2 : Le régime traditionnel Cependant, autant la diversité est frappante sur un plan international, autant l'homogénéité religieuse règne dans un cadre national. C'est en fait l'application du principe Une foi, une loi, un roi fondement de la religion d'Etat. Sur un même territoire, la religion officielle doit être pratiquée par tous, même s'il faut pour cela recourir à la conversion forcée des sujets ou du souverain. [...]
[...] A cette diversité se superposent en plus d'autres facteurs de distanciation, tels que les traditions nationales, les modes d'organisation interne, les rapports avec la société, qui divergent d'une confession à une autre. Ainsi, l'Eglise orthodoxe et les Eglises protestantes n'ont jamais aspiré à participer à la vie sociale communautaire et aux débats contemporains comme l'a toujours pratiqué l'Eglise catholique. L'auteur souligne également une autre singularité du catholicisme, qui consiste en l'existence d'un souverain spirituel et temporel, le pape. Cette situation particulière, qui entraîne la nécessité d'un rapport triangulaire (et non plus dual ) entre les Etats, les Eglises nationales et le Magistère, revêt un caractère dépassant le cadre traditionnel étatique ; en effet, le statut de l'Eglise catholique est l'objet de négociations de nature diplomatique entre les Etats et le Saint- Siège et les dispositions adoptées sont consignées dans des textes qui ont tous les caractères d'un traité de puissance à puissance. [...]
[...] C'est pourquoi la religion règle toute l'existence, individuelle et collective. Elle préside à toutes les activités sociales : rien n'échappe à sa vigilance et à son contrôle et l'Etat veille au respect de ses prescriptions cultuelles comme morales. Toutefois, certaines expériences de tolérance religieuse se sont déroulées en Angleterre, aux Provinces-Unies, en France (l'édit de Nantes), prouvant qu'une distinction entre le religieux et le civil s'opère. La carrière politique d'un Necker (protestant) est d'ailleurs un exemple de cet esprit d'ouverture. [...]
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