Spécialiste de la question religieuse au Québec, Serge Gagnon nous livre ici un nouvel ouvrage dans la lignée de ses recherches sur les mentalités québécoises du XIXème siècle. Ici, c'est par le prisme des prêtres que Gagnon nous dresse le portrait de la croyance catholique au temps où le Québec s'appelait Bas-Canada, c'est-à-dire de 1791 à 1840. Mais il concentre son étude sur les quatre premières décennies de ce demi-siècle caractérisées par un manque constant de personnel au sein de l'épiscopat bas-canadien. En effet, à cette époque, si la croissance démographique est importante, accompagnée d'un fort mouvement migratoire, parfois catholique (Irlandais), l'Église n'arrive plus à surmonter sa tâche, sur un territoire de plus en plus vaste par le biais de fronts pionniers.
[...] Il sépare deux exercices en chaire : le prône et le sermon. Le chapitre 2 est consacré aux prônes, exercice durant lequel le prêtre donne des conseils pour avoir une vie de bon chrétien. Avant de passer aux contenus des prônes, l'auteur tient à signaler les meilleures conditions pour avoir un bon discours devant une assemblée attentive : un prêtre orateur et consciencieux qui n'utilise pas son discours pour régler des affaires personnelles, et qui met le maximum en œuvre pour avoir un auditoire le plus complet possible. [...]
[...] Ainsi naît le dilemme pour l'évêque, car la troisième méthode est de confier plusieurs cures à un même prêtre, le condamnant à une charge énorme, le tuant à la tâche et promettant ses chances de longévité. Les autorités jonglent donc entre ces solutions pour tenter d'avoir le moins de paroisses sans service tout en maintenant un service de qualité. Gagnon décrit alors les différentes tâches quotidiennes et répétitives perpétuées par les prêtres, comme la gestion de l'argent de la paroisse qui ne leur a pas été enseignée au séminaire, révélant des problèmes pour certains. [...]
[...] Mais même sur ce sujet, prêtres et paroissiens tendent à s'accorder sur un point : la dîme paraît acceptable par rapport aux rentes seigneuriales. L'ultime chapitre se concentre sur les qualités du bon confesseur : qui ne doit pas être ni trop jeune (sortent du séminaire sans savoir confesser), ni trop vieux (déconcentrés), pas trop scrupuleux (contrairement à la théorie, se montrant une fois de plus en désaccord avec la génération précédente d'historiens), ni trop laxistes. Cet enchaînement de cas particuliers s'oppose à une majorité compétente, appréciée et studieuse. [...]
[...] Quand le Québec manquait de prêtres se présente donc dans la continuité de ce courant, la preuve en est le grand nombre d'ouvrages parus depuis les années 1980 dont s'est servi Serge Gagnon dans ce livre pour constituer sa bibliographie. Il prend donc parti pour une réhabilitation de la place de l'Église face au vent anticlérical qui a soufflé sur la communauté historienne depuis un certain temps, surtout en ce qui concerne cette période (1790-1830), longtemps assimilée à un rigorisme de la part des théologiens bas canadiens. [...]
[...] rappelant les devoirs de chrétiens de chacun. Ainsi, quand on rapproche affluence à l'église et sujets discutés, on comprend que la majorité des fidèles étaient en accord avec ces codes moraux et ne remettent pas en cause ces préceptes catholiques, allant même jusqu'à se plaindre du partage de leur curé en plusieurs paroisses pour les causes précédemment citées. Le troisième chapitre se concentre sur le deuxième exercice en chaire : le sermon. Gagnon a choisi de présenter trois exemples de prêtres, se différenciant par leur style de prédication, mais représentant la diversité pastorale de l'époque. [...]
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