Un seul objectif détermine le sens des grands conglomérats humains : gagner pour les hommes le droit d'être dissemblables, de sentir, de penser, de vivre chacun à sa manière. Pour conquérir ce droit, ou bien pour le défendre, ou encore l'élargir, les hommes s'unissent. C'est là que prend naissance un préjugé effroyable mais puissant ; préjugé qui fait croire que de telles unions au nom de la race, d'un Dieu, d'un parti, de l'Etat, constituent le sens de la vie et non un moyen. Non, non et non. C'est dans l'homme, dans sa modeste particularité, dans son droit à cette particularité que réside le seul sens, le sens véritable et éternel de la lutte pour la vie.
Cet extrait issu de la pièce de théâtre Vie et destin de Vassili Grossman sur l'oppression soviétique et la dissidence qu'elle génère illustre parfaitement le propos tenu par Patrick Michel dans son livre Politique et religion La grande mutation, édité aux éditions Albin Michel en 1994.
Patrick Michel est diplômé de l'Institut d'Etudes politiques de Paris, de l'EHESS et de l'Université Paris I _ Panthéon Sorbonne. Il a un doctorat d'Etat en sciences politiques (Sorbonne) et une habilitation à diriger des recherches (EHESS). Il enseigne à l'EHESS et à l'IEP de Paris. Il travaille notamment sur la politique, le croire, et les représentations d'un contexte en mouvement ; sur les notions de Nation et de Religion ; sur les évolutions politiques en Europe et plus particulièrement en Europe de l'Est. Parmi ses autres publications est paru chez Albin Michel en 1997 Religion et démocratie ou encore La religion au musée chez L'Harmattan en 1999.
Le point de départ du propos tenu par P.Michel est la soviétisation de l'Europe de l'Est, et comment l'exclusion idéologique de la religion, ici l'Eglise catholique en particulier, a permis à cette dernière de se constituer en dissidente du régime, et s'est instituée actrice de l'effondrement du communisme en Europe de l'Est, et plus particulièrement en Pologne à la fin des années 80.
[...] La seconde logique reste un moyen et non une fin en soi. L'effondrement du communisme constitue en réalité la fin d'une super- référence plus que d'une idéologie et une pratique, et en ce sens toutes les sociétés tant à l'Est qu'à l'Ouest, sont post- communistes. Cependant, cet effondrement du communisme n'entraîne en aucun cas une rupture, il est une étape dans une évolution longue de la fin de la centralité, remplacée par le relatif. Selon Patrick Michel il est un approfondissement du passage à un univers du relatif ère d'incertitudes qui nécessite les bons questionnements et les bonnes formulations. [...]
[...] De ce fait, la disparition des repères immédiats que permettait la période de la Guerre Froide nécessite sinon une définition de nouvelles identités, au moins une formulation nouvelle des identités. Il est nécessaire de comprendre le sens du mouvement contemporain et donc d'ébaucher une définition du contenu des catégories dans lesquelles nous fonctionnons et que cet effondrement du communisme nous conduit à repenser. Le retour du religieux sert ici de point de départ. L'effondrement du communisme provoque une perte de repères. [...]
[...] Ainsi s'effectue-t-il un consensus mou sur la supériorité de la démocratie occidentale qui pose la question de son application à l'Est. Selon l'auteur, il n'est donc guère surprenant que, dans ces procédures, le religieux apparaisse en permanence requis, entre autres comme vecteur d'affirmation identitaire, comme vecteur de freinage du mouvement et comme instrument de mise en cause des catégories propres de la démocratie. La transition actuelle est fondamentalement une réarticulation de la question du sens dans une phase de redistribution globale. [...]
[...] Cependant, si Patrick Michel ne nie pas ce rôle de la religion dans l'effondrement du communisme en Europe de l'Est, il n'atteste pas le retour du religieux comme phénomène global. En effet, le ralliement massif de Polonais à l'Eglise catholique ne correspond pas à un retour massif de la foi, mais bien plutôt à l'utilisation de la religion comme vecteur d'affirmation identitaire. Or l'un des phénomènes principaux dans la théorie du retour du religieux est celui de l'Europe de l'Est (plus précisément encore de la Pologne). [...]
[...] Analyse de l'œuvre Patrick Michel analyse la période contemporaine comme celle de l'ère du relatif, dont découleraient toutes les opérations de désenchantement du monde, de la crise du politique à celle de la religion, et dont nous avons tous l'impression d'en être à la fois les victimes et les acteurs. Avant de nous exposer ses idées, il insiste néanmoins sur la distinction qu'il faut absolument faire entre la notion de relatif et celle de relativisme, nécessaire pour éviter toute méprise à la lecture de ses propos : enfin, et peut-être surtout, il est à redouter que le terme même de relatif soit mal compris. [...]
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