« L'islam est définitivement passé à l'Ouest », telle est l'assertion initiale et centrale que livre Olivier Roy dans son essai L'islam mondialisé. L'auteur est un islamologue français, grand spécialiste de l'Afghanistan et de l'Asie centrale et directeur de recherches au CNRS. Dès son introduction, il donne le ton : un double mouvement d'individualisation et de déterritoralisation entraîne la globalisation de l'islam et par extension, son occidentalisation.
[...] Ce n'est pas l'islam en soi qui est violent, c'est l'interprétation simpliste et l'instrumentalisation des néo-fondamentalistes qui entraîne la violence. Selon l'auteur, et c'est ainsi qu'il conclut, la réislamisation peut poser des problèmes de sécurité et de société, mais elle n'est pas une menace géostratégique. La thèse d'O. Roy mériterait peut-être d'être actualisée lorsqu'il affirme qu'il y a un échec de l'islam radical. En effet, force est de constater que le néo-fondamentalisme n'a jamais eu de tel écho et de telles implications sur la scène internationale. [...]
[...] L'occidentalisation de l'islam n'a donc rien à voir avec une réévaluation des dogmes : ce qui change c'est la religiosité, pas la religion. L'auteur joue sur un ton légèrement polémique lorsqu'il affirme que la violence islamique dans les pays musulmans est une importation de l'occident. Les attentats sont effectivement souvent commis par des jeunes immigrés en rupture, réislamisés en occident Il insiste à plusieurs reprises sur la triple rupture qui fonde leur ralliement aux mouvements néo- fondamentalistes : rupture avec leur pays d'origine, avec leur famille et avec le pays d'accueil. [...]
[...] La violence à l'oeuvre n'est par conséquent pas islamique, elle est anti-impérialiste. Le néo-fondamentalisme participe de la globalisation dans le sens où les identités qu'il met en oeuvre ignorent les territoires et les cultures et sont fondées sur des choix individuels. O. Roy le répète, l'extension de ce néo-fondamentalisme correspond aux phénomènes de mondialisation contemporains : déstructuration des sociétés traditionnelles, reformation de communautés imaginaires à partir de l'individu. En définitive, le terrorisme n'est pas un monstre venu d'ailleurs, mystérieux et barbare, la radicalisation islamique vient d'occident et accompagne le phénomène de mondialisation, impulsé par un occident qu'il rejette. [...]
[...] ce qui met en évidence la crise de la transmission traditionnelle. Les individus recherchent ainsi sur la Toile la communauté impossible à construire dans la société concrète où ils vivent. Leur but est de mettre en place une oumma virtuelle une communauté des croyants détachée de toute nation, territoire, voire tout contexte social. Ils prônent donc une identité musulmane au-delà des origines nationales ou ethniques. Le message diffusé sur Internet est marqué par la volonté de définir un islam universel et d'établir une norme qui soit applicable dans des contextes très variés et qui puisse même ignorer le contexte. [...]
[...] L'expérience personnelle prime désormais sur l'adhésion coercitive aux Églises institutionnelles. Cette constatation permet à O. Roy d'aborder ce qu'il qualifie individualisation de la religiosité La religiosité, qui est la manière dont le croyant construit et vit son rapport à la religion, évolue, car l'islam s'est reformulé à la suite de sa déculturation c'est-à-dire de son détachement de sa culture d'origine. Un tiers des musulmans vit aujourd'hui dans une société où ils sont minoritaires. L'islam en occident est la (re)découverte par des immigrés de leurs racines O. [...]
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