Daniel Dubuisson, directeur de recherche au CNRS, mena ses premières enquêtes auprès de Georges Dumézil dans le domaine de la mythologie comparée indo-européenne et des religions de l'Inde ancienne. Lui-même historien des religions, il s'intéresse à l'histoire de sa discipline, “l'histoire des religions”, et à l'anthropologie des savoirs en général.
Dans cet ouvrage, il porte un regard critique sur le concept même de religion telle qu'il est entendu dans cette discipline qui se revendique scientifique. Il s'attache à réfuter l'universalité de la notion de religion, en la replaçant dans son contexte d'origine, l'Occident. Il s'agit donc pour l'auteur de montrer, grâce à une analyse globale de la religion, en quoi elle est un concept purement occidental, né et exporté dans des conditions historiques telles qu'elle, et par là l'Histoire des religions, s'avèrent n'être rien d'autre qu'un pur reflet de l'Occident gréco-chrétien, et donc une illusion “narcissique” dans laquelle l'Occident est plongé et a plongé le monde(partie 1). Il s'appuira dans sa démonstration sur les échanges réciproques entre la religion et l'histoire de l'Occident et du christianisme, à la fois matrice et complice de cette notion et de son topique, mais aussi influencée par eux en retour (partie 2). Ainsi, il se penchera sur la “généalogie d'une science occidentale” (partie 3), et montrera ses apories et ses “absurdités”. Enfin, il proposera de redéfinir d'une manière plus pertinente le domaine d'analyse de l'histoire des religions, et par là la discipline en elle-même, grâce à la notion de “formations cosmographiques” (partie 4) : à la différence de la religion, perçue comme un concept indéfinissable, arbitraire et purement occidental, cette notion cherche à englober tout ce qu'on appelle fait religieux (croyances et pratiques déjà estampillées comme religieuses), mais aussi toutes les conceptions, les pratiques collectives, la construction de symboles, les techniques corporelles et mentales, les systèmes discursifs et sémiotiques, les mondes et êtres imaginaires..., soit toutes les attitudes dont la fonction ultime est de porter un discours sur le monde et de dire comment y vivre, attitudes certes toutes différentes mais qui, d'une manière universelle, structurent les sociétés.
[...] Finalement, prisonnière de ses origines, cette discipline connaît les contradictions propres aux sciences humaines, lesquelles sont des créations typiquement occidentales. Son problème fondamental est de partir de l'exemplarité du cas occidental (avec comme principe la supériorité du christianisme détenteur de vérité) pour attribuer une religion à chaque peuple. Considérant que cette discipline a mal vieilli, Daniel Dubuisson montre en quoi le chercheur occidental s'évertue à appréhender l'inconnu grâce à des termes connus : c'est de cette illusion ethnocentrique issue d'un passé gréco-chrétien qu'il veut s'échapper, en entrant dans le domaine vaste du transcendantal grâce à un instrument conceptuel neutre, mais qui demande une remise en cause totale des conceptions occidentales fortement ancrées. [...]
[...] Ainsi, il se penchera sur la “généalogie d'une science occidentale” (partie et montrera ses apories et ses “absurdités”. Enfin, il proposera de redéfinir d'une manière plus pertinente le domaine d'analyse de l'histoire des religions, et par là la discipline en elle-même, grâce à la notion de “formations cosmographiques” (partie : à la différence de la religion, perçue comme un concept indéfinissable, arbitraire et purement occidental, cette notion cherche à englober tout ce qu'on appelle fait religieux (croyances et pratiques déjà estampillées comme religieuses), mais aussi toutes les conceptions, les pratiques collectives, la construction de symboles, les techniques corporelles et mentales, les systèmes discursifs et sémiotiques, les mondes et êtres imaginaires soit toutes les attitudes dont la fonction ultime est de porter un discours sur le monde et de dire comment y vivre, attitudes certes toutes différentes, mais qui, d'une manière universelle, structurent les sociétés Une remise en cause du concept même de religion, créateur d'une véritable illusion L'auteur montre que la notion de religion est typiquement occidentale et chrétienne, elle est issue d'un schème de pensée et en reste prisonnière. [...]
[...] Ce sont les tenants et aboutissants de l'illusion créée par cette objectivation narcissique que Daniel Dubuisson tente de dévoiler tout au long de l'ouvrage, en en précisant les conditions d'apparitions et leurs répercussions Une explication de l'origine de la persistance d'une telle erreur, ravageuse tant pour l'Occident que pour le monde On se trouve donc face à un paradoxe : la religion a contribué à façonner les notions et les instruments conceptuels dont l'Occident se sert pour analyser les faits religieux. Ainsi, le concept qui permet de à l'occidental de vivre lui sert à conceptualiser le monde. S'il apparaît clair que toute culture développe un certain type de formation cosmographique, l'Occident est pourtant la seule à l'universaliser. [...]
[...] Grâce à une supériorité à la fois intellectuelle et militaire, à l'époque du positivisme et d'une vision “darwinienne” de l'humanité prégnante, l'Occident a pu, grâce à la religion, asseoir sa domination, en se plaçant, lui-même et sa religion, en haut de l'échelle. Les faits considérés comme religieux servaient ainsi, en quelque sorte, à légitimer la domination de l'Occident (considérant les autres “exubérants, primitifs . 3. Une telle illusion se retrouve donc nécessairement dans l'Histoire des religions qui la porte et l'illustre à merveille Apparue dans la seconde moitié du XIXème siècle uniquement en Occident, la discipline “Histoire des religions” est, comme l'auteur l'a démontré pour son objet, une construction historique dépendant étroitement des idées de son temps, étant par là même doublement paradoxale. [...]
[...] Ainsi, la religion apparaît simplement comme un type de formations cosmographiques, celui qui est propre à l'Occident. Pour accréditer cette nouvelle approche, l'auteur part du principe que “toute formation cosmographique est un monde, son propre monde” (p.284). En effet, il avance différents points qui doivent guider le chercheur : toutes les cultures sont semblables, mais différentes : elles se rejoignent sur leur projet à vocation synthétique, portant sur l'action des hommes dans ce monde, leur façon de le construire et ce qu'ils en attendent. [...]
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