Avec l'avènement de la modernité, la pensée politique arabe se trouve tiraillée entre deux angoisses : d'une part, la peur que les sociétés musulmanes soient exclues du processus de modernisation, et d'autre part, la crainte qu'elles soient obligées à renoncer à leur religion et donc à leur identité. Ainsi, le débat politique s'est structuré en deux tendances principales : l'une, d'inspiration religieuse, que l'on peut appeler la tendance musulmane ou islamiste, et l'autre, à caractère séculier, que l'on peut qualifier de moderniste ou laïciste.
A l'heure actuelle, alors que des désordres émergent et que le processus de modernisation rencontre quelques difficultés, plusieurs questions resurgissent : Quel rôle joue la religion dans la communauté nationale moderne ? Quelle place doit avoir l'État et quel rapport doit-il entretenir avec la religion ?...
[...] L'état qui obéit à une logique de reproduction du pouvoir et non aux exigences de développement économique et social marginalise les sociétés musulmanes et les cantonne dans le sous-développement. Ainsi à l'heure actuelle, le politique est largement discrédité aux yeux de l'opinion musulmane. Les sociétés musulmanes ne disposent pas d'institutions organisées et opérationnelles dignes de ce nom leurs structures anciennes qui perdurent sont complètement inopérantes. Ainsi le problème ne vient pas de la religion, qui est largement déstructurée, mais de l'incapacité de l'état à assurer les missions qui relèvent de sa compétence. [...]
[...] B pour un renouveau politique en terre d'islam : Contrairement à ce que pensent beaucoup d'analystes, le problème des sociétés musulmanes ne vient pas de la religion mais de la politique. La solution réside donc dans une profonde mutation de celle-ci c'est à dire dans son ouverture aux valeurs de la modernité. Le politique ne doit plus être synonyme de séparation ou de sphère close, mais au contraire de convergence et d'espace central de la société. Le concept de politique doit donc être totalement reconstruit et redéfini. La politique doit être avant tout une pratique grâce à laquelle une société s'organise et développe son action collective et publique. [...]
[...] de plus, contrairement à ce que l'on peut penser, l'intervention du religieux dans le politique risquerait de rompre le consensus religieux lui-même. Par ailleurs, la loi religieuse n'a pas pour objet de régir la vie en société des individus, elle ne peut que donner des recommandations : elle relève de la conscience de chacun et n'est donc pas une codification des relations sociales. Ainsi, l'état (en tant que religion) dans les sociétés musulmanes s'est consolidé grâce à une distinction qu'a faite le calife umar : a nous de juger des conduites apparentes, à dieu de juger tout ce qui est affaire de cœur et d'intention De plus, en ce qui concerne le contenu des lois, il ne relève que des interprétations humaines et personnelles de la loi divine. [...]
[...] L'histoire des sociétés est pour lui un incessant compromis entre un idéal moral et des réalités objectives qui ne peuvent se ressembler d'une société à l'autre (ne serait-ce que par la différence de localisation géographique). En ce sens, son ouvrage apporte un nouvel éclairage face aux points de vue traditionnels que l'on rencontre plus souvent. [...]
[...] tant que la société ne réussit pas à maîtriser, domestiquer, imposer sa loi et sa vérité à l'état, celui-ci risque de se transformer en monstre dévorant la société, ses aspirations et ses institutions La véritable solution réside dans la distinction entre ce qui relève de théories juridico-religieuses et ce qui relève de théories politiques fondées sur l'analyse critique de la pratique collective réelle. Il faut construire un pouvoir structuré où l'institution dépasse les particularismes et où la règle de l'universalité prime. De ce fait, les sociétés musulmanes doivent rejeter le modèle de pouvoir personnel en vigueur depuis toujours. Les premières réformes (les plus urgentes) doivent avoir pour objectif la réorganisation des différentes formes de pouvoir, la redéfinition des nouvelles compétences de chaque source de pouvoir, ainsi que la restructuration de l'espace public, et d'une manière plus générale, la démocratisation de ces sociétés. [...]
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