Professeur à l'université de la Sorbonne nouvelle depuis 1993, Yann Richard est un spécialiste reconnu de la sociologie religieuse du chiisme moderne, de l'histoire de l'Iran contemporain ainsi que de la littérature persane. Il est notamment l'auteur de Cent mots pour dire l'Iran moderne, Le chiisme en Iran - Imam et Révolution, et L'Iran, naissance d'une république Islamique. Il dirige l'Institut d'études iraniennes de la Sorbonne et fait partie du comité de rédaction de la revue Studia Iranica. Sa connaissance remarquable de l'Iran est due à son expérience en tant que sous-directeur du Département d'iranologie de l'Institut français en Iran pendant la Révolution islamique, entre 1975 et 1980 ; en 1981, il est interprète et traducteur auprès de l'Ambassade de France à Téhéran. A travers cet ouvrage, l'auteur se concentre sur la subdivision majoritaire de l'islam chiite, l'imamisme duodécimain, culte des Douze Imams qui succédèrent au Prophète. L'Islam n'est pas une religion arabe, pas plus que le christianisme n'est une religion juive : les chiites peuvent être non-arabes. L'Iran, ancienne « Perse », fit du chiisme sa religion officielle en 1501, remplaçant le zoroastrime, religion jusqu'alors dominante. L'islamisation fut très rapide ; aujourd'hui, 98% des Iraniens sont Musulmans, et 84% des Musulmans iraniens sont chiites.
[...] Pour protéger les intérêts de la communauté chiite, Hassan opte pour une non-résistance à la tyrannie des Omeyyades, non-résistance très mal vécue par certains chiites. Cependant, l'échec doré et honteux de Hassan devait se retourner très vite en une victoire paradoxale pour son frère Hussein, le Prince des Martyrs». Hussein, refusant de prêter allégeance à Yazid, s'exile à La Mecque ; les habitants de Kufa l'appellent alors à assumer le commandement d'une rébellion. La répression qui s'ensuit est sans pitié : c'est la bataille de Karbala, qui finit par la décapitation de Hussein. [...]
[...] On raconte que la mère du quatrième Imam aurait été Sharhbânu, fille d'un empereur sassanide ; il semblerait donc qu'un mariage ait déterminé le caractère chiite de l'Iran. Le sixième Imam est Jafar al Sadeq, qui diffère des autres de par son rayonnement intellectuel. Législateur, il fonde l'école jafarite, mais s'intéresse également à l'alchimie. Cependant, sa succession donne lieu à une querelle qui entraîne le premier schisme de l'histoire du chiisme. En effet, Jafar avait désigné son fils Ismaïl, mais celui-ci mourut très tôt. [...]
[...] Plus tard, sous la monarchie, la condition chiite progressa, tandis que les demandes de reconnaissance religieuse sont remplacées par des réclamations sociales. Parallèlement, le parti communiste devint de plus en plus populaire au sein de la communauté chiite. Pour ce parti, le coup d'État des baasistes en 1963 fut un véritable désastre. Lorsque ces mêmes baasistes s'emparèrent du contrôle de l'Etat cinq ans plus tard, les chiites devinrent marginalisés. Mohsen al Hakim, ayatollah d'origine irakienne, prend la tête de la communauté chiite. [...]
[...] D'autre part, les cinq prières sont concentrées en trois moments de la journée. La phrase Ali est le proche de Dieu prononcée lors de la prière chiite est l'élément qui permet de différencier la prière des Sunnites de celle des Chiites. Enfin, les Chiites doivent accomplir une fois au cours de leur vie le pèlerinage à La Mecque (le hajj). Nombreux sont ceux qui déplorent la politisation abusive de ce pèlerinage, devenu un rassemblement international religieux, mais aussi politique. La visite des tombeaux des saints constitue une autre étape importante du culte chiite. [...]
[...] L'iranien Rachid Ridha prônait l'unité des chiites et des sunnites. Malgré cela, chaque point de conflit était pour Ridha une occasion de blâmer les Chiites, dont le culte est un ramassis de légendes et d'innovations illicites Toute communication n'est cependant pas interrompue entre chiites et sunnites. Khomeini a ainsi tempéré les tensions entre chiites et sunnites en réhabilitant les deux premiers califes (Abû Baker et Omar, mais pas le troisième, Uthman). Le pèlerinage et son idéologie Le hajj est considéré par Shari'ati puis Khomeini comme un congrès politique annuel des peuples musulmans Khomeini critique les brûlots anti-chiites distribués lors du pèlerinage, en dénonçant une tentative de division des Musulmans ; il réfute la mainmise saoudienne sur les lieux saints. [...]
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