Islam et capitalisme, paru pour la première fois en 1966, pose ainsi le problème de la relation entre ces deux notions : « Où peut-on placer le monde musulman dans la typologie générale des systèmes de production et de redistribution des biens ? ». Bien que M. Rodinson s'intéresse surtout ici au capitalisme, une section est consacrée à la fin de l'ouvrage au socialisme. Paradoxalement, l'auteur part d'une orientation marxiste pour analyser le développement capitaliste dans le monde musulman. Il est vrai que cela peut surprendre, encore plus au XXIème siècle, d'où sa définition du marxisme appliqué à son essai. Il entend par cela partir d'hypothèses socio-économiques, d'une problématique propre aux sciences de l'homme comme l'a fait Marx. Il se considère non pas comme marxiste politique ou philosophique mais comme marxiste des sciences sociales, se basant sur des données empiriques, l'histoire et l'économie politique.
M. Rodinson explique aussi que son travail est libre des tabous qui encerclent l'Islam, à la différence des penseurs des pays musulmans, car il n'a pas d'appartenance à ce milieu. De plus, il avertit le lecteur que son travail n'est pas aussi précis qu'il le voudrait car c'est un projet ambitieux. Ces trois principes de départ posés, il peut se lancer dans la position du problème.
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[...] Le troisième chapitre traite de la pratique économique du monde musulman à l'époque médiévale. Tout d'abord, M. Rodinson s'attarde sur l'existence ou non d'un secteur capitalistique. Il considère qu'il a existé sous plusieurs aspects. Le secteur commercial était déjà en plein essor sous la société mekkoise, grâce aux rôles des deux caravanes qui passaient dans cette ville. Les relations commerciales existaient puisque les prix fluctuaient selon l'offre et la demande, d'où l'existence d'un marché. Mais c'était un îlot dans la péninsule arabique. [...]
[...] En effet, les références bibliographiques sont si nombreuses qu'on ne peut mettre en cause le travail de recherche de l'auteur, comme on aurait pu le faire avec A. Abdelrazziq. Mais il reste quand même que des précisions sur les limites des époques dont il parle auraient été agréables. En effet, les périodes de l'Islam médiéval ou de l'Islam classique sont très vagues pour une novice comme moi. Il est dur de savoir si c'est en même temps qu'en Europe. J'ai cherché à les définir, mais sans grande exactitude, d'où une précision à ce sujet n'aurait pas été superflue. Autre chose, M. Rodinson, n'était pas un économiste pur. [...]
[...] Idéologies et industrialisation L'idéologie musulmane a-t-elle alors été un frein à cette évolution ? Le fatalisme musulman est souvent opposé à l'esprit d'initiative européen. Selon Weber, la mentalité européenne a un plus haut degré de rationalité, qui pourrait venir de raisons biologiques. M. Rodinson examine alors l'idéologie coranique, puis ensuite, l'idéologie post-coranique. Le Coran est constitué comme un livre sacré rationnel. La révélation est une entreprise d'argumentation pour prouver rationnellement l'existence d'Allah, comme le prouve la syntaxe et le vocabulaire de l'argumentation. Il faut comprendre la raison pure pour ensuite pouvoir l'appliquer intelligemment. [...]
[...] Les tendances viennent plus du contexte sociale, culturel et idéologique que de la tradition. De plus, le caractère rationaliste reste dans la culture musulmane. Les sociétés musulmanes post-coraniques ont besoin d'un système cohérent faisant autorité, relativement fixé de règles codifiées comme cela a été le cas pour l'Europe occidentale avec le droit rationnel. Il réfute l'argument selon lequel sans droit romain, on ne peut parvenir au droit rationnel. En effet, l'héritage du droit romain ne s'est fait sentir qu'à partir du XIIème siècle en Occident. Avant, il s'agissait de systèmes d'origines variées. [...]
[...] Le mode capitalistique de production a donc bien existé. Les petits producteurs marchands, autrement dits les artisans, ont employé des salariés et se sont comportés envers eux comme des capitalistes, et ce grâce aussi aux systèmes des contrats d'association où l'associé n'est autre que l'employé qui apporte à l'entreprise sa force de travail. Le salariat se développe beaucoup au XIIème siècle grâce aux corporations, à l'image de l'industrie textile en Egypte. Mais l'industrie reste majoritairement d'Etat, malgré quelques capitalistes privés. [...]
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