L’initiation chrétienne et la Bible (Ier – VIe siècles), « Des forêts de symboles », de Martine Dulaey

Résumé du document

L'enseignement des premiers siècles était avant tout constitué d'histoires et d'images. Simples à comprendre mais très riches symboliquement, elles permettaient aux fidèles d'entrer en profondeur dans le message chrétien. C'est donc à travers les nombreuses figures bibliques que les fidèles recevaient leur première formation de croyant.

L'ouvrage, ne cherchant pas à étudier une à une toutes les figures recensées, préfère s'attacher à l'étude approfondie de quelques-uns des thèmes principaux présents dans l'iconographie et dans la tradition textuelle antique au cours des cinq premiers siècles de christianisme. Les figures étudiées ont été choisies pour leur fréquence à la fois dans les textes et dans les représentations.

Cette redécouverte du patrimoine culturel chrétien qu'offre l'ouvrage, se fait donc en s'appuyant sur les écrits de différents auteurs anciens au sujet de quelques-unes des grandes figures de la Bible, tout en tentant d'en restituer le rapport avec les représentations iconographiques que nous en avons conservé. Ainsi, si les textes à l'étude ne sont pas à mettre en relation directe et exclusive avec telle ou telle image, l'auteur montre bien qu'un enseignement se cache derrière tout art figuratif à thème biblique, et que la connaissance des écrits de l'époque, mise en relation aux images permet une bien meilleure compréhension et une approche plus approfondie de la formation reçue par les premiers chrétiens, qui d'ailleurs représentaient ce qu'ils retenaient de cette catéchèse.

Extraits

[...] Dans le combat contre Goliath on assiste à un David armé seulement de son courage et de sa foi en Dieu. Ici aussi, il est une image du Christ qui a vaincu Satan et un modèle pour l'homme : il croit en Dieu et c'est Dieu qui lui donne la victoire contre le mal, l'orgueil et les puissances de ce monde que représente Goliath. David représente au contraire l'humilité qui triomphe de l'orgueil. Enfin, son retour victorieux du combat symbolise la résurrection du Christ, thème central tout au long des figures, comme nous l'avons vu au cours de ce bref résumé des différents symboles des figures présentées dans cet ouvrage. [...]

[...] Le nouveau baptisé est donc exhorté à quitter une vie de péché pour entrer dans la vie de chrétien et être sauvé. La femme de Lot qui regarde en arrière est quant à elle l'exemple à ne pas suivre : le chrétien doit chercher à demeurer toute sa vie dans le Christ sans jamais regarder à sa vie passée. Ce sont essentiellement ces interprétations symboliques du récit de Lot qui ont inspiré les représentations de l'épisode qui ne sont pas très nombreuses. [...]

[...] L'histoire d'Adam et Eve, évoquait, plutôt que la défaite des hommes dans le péché, une victoire sur le serpent, terrassé par le Christ. L'histoire de Jonas et celle de Daniel au milieu des lions préfigurait le Jugement Dernier où la résurrection du Christ signifie l'avènement d'une vie nouvelle au-delà de la mort, dans le paradis. Les figures des trois Hébreux, de Lot et de Noé étaient surtout un symbole du Jugement Dernier et de la sélection qui s'opère entre les hommes par la destruction des impies et le salut des justes. [...]

[...] D'autre part, donc, le récit est un symbole de résurrection, car Isaac est épargné, libéré, comme l'homme est libéré par la résurrection et la mort du Christ-agneau. On le retrouve par exemple, dans la symbolique des chiffres : les trois jours de montée vers le lieu du sacrifice sont les trois jours de la résurrection. Enfin, ce récit qui est aussi un récit de foi, racontant la foi inébranlable d'Abraham, a produit chez les pères la conviction qu'Abraham possédait déjà la foi en la résurrection : il sait que Dieu peut ressusciter son fils. [...]

[...] Ainsi, l'auteur étudie successivement les thèmes du berger divin, du signe de Jonas, de Moïse, du sacrifice d'Abraham, de Daniel, des trois Hébreux et de Suzanne, de Noé, d'Adam et Eve, de Lot et de sa femme, et enfin des combats de David. L'étude de toutes ces figures permet de faire ressortir une constante : le cœur du message chrétien pour les fidèles des premiers siècles est avant tout la résurrection. Les figures bibliques qui sont représentées, les écrits des auteurs, tout tend à mettre en avant ce cœur du message chrétien. Et ceci, à travers l'évocation de personnages qui ont dû traverser la mort, parfois de façon symbolique ou qui en quelque sorte ont dû surmonter de lourdes épreuves. [...]