Dans les deux premiers chapitres de son ouvrage, James Quirin tente de montrer dans un premier temps les débats autour de la question des origines et les caractéristiques des Beta Israël (chapitre 1) et dans un second temps de comprendre que c'est durant la période qui s'étend de 1270 aux années 1620 que l'identité des Falasha (Beta Israël), comme un groupe formé avec une identité religieuse, politique et économique propre, est apparue (chapitre 2).
Lors de la parution de son ouvrage, il est perçu, par la communauté scientifique, comme très innovant, apportant un regard nouveau dans l'historiographie des Beta Israël. Effectivement, James Quirin apporte de nouvelles thèses concernant l'origine des Beta Israël, en opposition avec les thèses précédentes. Il émet l'hypothèse que les Beta Israël se sont formés en groupe social, religieux, économique et politique distinct en réaction à l'émergence du royaume Chrétien d'Ethiopie, à partir de la fin du XIIIème siècle.
[...] Il existait des communautés juives avant le royaume chrétien d'Aksum. Cette thèse soutient que la célébration du Sabbath existait avant la venue des Chrétiens. De plus, le Kebra Nagast s'inspire directement de l'Ancien Testament Les éléments juifs ont été apportés par les mêmes populations qui ont apporté le christianisme, une population judéo-chrétienne. Cette thèse montre qu'il existe les mêmes éléments juifs en Éthiopie que dans l'Église copte et l'Église syrienne qui ont eu beaucoup de contact avec la chrétienté éthiopienne. [...]
[...] Les pressions politiques et religieuses sur les Falasha sont le résultat de révoltes au moment où le royaume chrétien d'Éthiopie étend et consolide son contrôle sur l'ensemble du royaume. La conversion des populations ayhud dans les régions de Shawa et de Begamber, évoquée dans des hagiographies et dans la tradition orale, n'a pas semblé être violente avant la révolte menée par Qozmos, un moine ayhud, quelques années avant le règne de Yeshaq. D'après la tradition orale des Falasha et les sources écrites des Chrétiens, il semble que le règne de Yeshaq (1413-1430) est un tournant dans l'histoire des Falasha. [...]
[...] Malgré les immenses pertes matérielles des Falasha, ces derniers ont réussir à maintenir un certain degré d'autonomie politique. Cependant, malgré leur tentative d'unité politique et économique les Falasha n'ont pas réussi à résister au règne de Suseneyos (1607-1632) qui met fin à leur indépendance. Par ailleurs, d'après les chroniques royales, les Falasha sont intégrés à la vie politique et économique de l'État éthiopien, notamment en tant qu'artisans ou en tant que soldat. James Quirin souligne, ainsi, l'ambiguïté de la situation pour les Falasha à la fin du XVIe siècle, ils sont à la fois chassés et intégrés à la chrétienté éthiopienne. [...]
[...] Éthiopie et les Beta Israël dans une perspective historique Dans le présent chapitre, James Quirin s'intéresse à l'origine des Beta Israël. Il met en évidence les débats historiographiques concernant la question. La question des origines des Falasha est très controversée, il existe de nombreuses thèses autour de ce sujet. Les deux premières thèses montreraient que les Beta Israël ont une véritable origine juive, ou du moins de la religion juive alors que la dernière thèse montrerait qu'ils ont tiré les éléments juifs de leur religion dans l'Ancien Testament du christianisme éthiopien. [...]
[...] Effectivement face aux conquêtes et à l'évangélisation de la part du pouvoir royal éthiopien, les Falasha ont répondu en créant et développant des institutions économiques et religieuses et des pratiques qui fondent véritablement leur identité. De plus, le XVe siècle est le siècle qui voit apparaître un système que James Quirin définit comme un système de caste. James Quirin fait d'abord état de la société des ayhud d'un point de vue religieux, économique et politique avant le XIVe siècle, pour comprendre l'évolution de cette portion de la société en une communauté définie. Il existe peu de détails, car il y a très peu de sources concernant cette période. [...]
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