Le désenchantement du monde, Marcel Gauchet, autonomie, holisme, individualisme, religion
Le « désenchantement du monde » est selon Gauchet la sortie de la détermination religieuse de l'être-ensemble dans le monde moderne. Historiquement, la religion en tant que principe organisateur de la société est passée dans la sphère intime avec l'apparition de l'Etat et de la domination politique dans un processus de passage de la société de l'hétéronomie à celle de l'autonomie, du holisme à l'individualisme. Si la religion en tant que foi et pratiques se perpétue, l'emprise structurante extérieure du religieux sur l'espace social s‘est dissoute avec le développement de la transcendance et de l'absolu divin qui ont provoqué l'avènement de la rationalisation, préalable à une réappropriation par les hommes de la capacité d'organisation et de transformation de l'univers social en même temps que leur individualisation et leur libération.
[...] Enfin dans le contexte actuel, parler de fin de la religion en tant que principe organisateur des sociétés peut être prématuré tant la recherche d'une resacralisation, afin de redonner un sens au monde devient une quête centrale du monde moderne. Dans cette mesure le religieux fait de plus en plus irruption au sein de la politique compris dans des pays laïcs) et redevient un sujet de débat sociétal. La laïcité elle-même est devenue une forme de religion séculière propre à définir des principes instituant du vivre-ensemble. Cet essai de Gauchet pose des bases comme il le signale mais réclame un examen plus approfondi et documenté, un prolongement plus détaillé. [...]
[...] L'Etat substitue à la logique de l'ordre reçu (le primat religieux) celle de l'ordre voulu et introduit de fait la rationalité avec la division politique et le conflit intra-social. La transcendance divine a réunit l'originel et l'actuel en consacrant l'absolu divin. On passe d'une extériorité temporelle du divin (immanence) à une extériorité spatiale (transcendance). Le passé fondateur perd de son importance au profit du présent, le divin se distancie ce qui modifie le rapport avec lui le rendant plus personnel et engendre une prise de contrôle de l'homme sur l'organisation de son monde. On assiste donc à un double processus d'individualisation et d'autonomisation. [...]
[...] Le désenchantement du monde, Marcel Gauchet Synthèse : Le « désenchantement du monde » est selon Gauchet la sortie de la détermination religieuse de l'être-ensemble dans le monde moderne. Historiquement, la religion en tant que principe organisateur de la société est passée dans la sphère intime avec l'apparition de l'Etat et de la domination politique dans un processus de passage de la société de l'hétéronomie à celle de l'autonomie, du holisme à l'individualisme. Si la religion en tant que foi et pratiques se perpétue, l'emprise structurante extérieure du religieux sur l'espace social s‘est dissoute avec le développement de la transcendance et de l'absolu divin qui ont provoqué l'avènement de la rationalisation, préalable à une réappropriation par les hommes de la capacité d'organisation et de transformation de l'univers social en même temps que leur individualisation et leur libération. [...]
[...] Au cours de son exposé, Gauchet évoque l'universalisme inhérent à l'Etat quand la logique religieuse n'est qu'opposition de chaque groupe aux autres groupes selon lui. On comprend bien l'association de l'idée de conquête et d'expansion à l'Etat, néanmoins éloigner la tentation universaliste du fait religieux apparaît illusoire notamment à l'aune des événements géopolitiques des derniers siècles. Les croisades, à un âge où l'Etat et la religion étaient mêlés comme principes organisateurs de la société, reflètent la tentation conquérante et universaliste de la religion. [...]
[...] En effet le christianisme prolonge et perpétue les mutations décrites en première partie à travers l'Incarnation qui renforce l'altérité de Dieu et le caractère intime, individuel de la foi, l'examen de conscience qui pousse à la rationalité et à la transformation de son univers Il entraîne l'émancipation et l'individualisation de l'homme. Ainsi Gauchet montre qu'il y a fin de l'organisation religieuse de la vie collective bien que les croyances et pratiques religieuses se maintiennent. L'autorité politique de la religion, son rôle social s'est effacé au profit d'un statut privé de celle-ci. Avec l'Etat moderne et la démocratie on recherche le sacré ailleurs. [...]
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